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L’utilité du concept genre en question

L’Équipe de recherche et d’études sur le genre de la Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock a organisé récemment une journée de débat portant sur l’utilité scientifique, sociale et politique du concept de genre. Une rencontre qui a permis à des experts, des universitaires et de jeunes doctorants de s’exprimer sur l’histoire, la réalité et l’avenir de ce concept.

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À quoi sert le concept genre ? C’est autour de cette problématique qu’une équipe de doctorants a organisé récemment à Casablanca une journée de débat pour réfléchir sur l’utilité scientifique, sociale et politique de ce concept. Fruit d’un travail mené par l’Équipe de recherche et d’études sur le genre de la Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock et le Réseau des Jeunes Marocains engagés, cette initiative avait pour but de discuter, en profondeur, de l’utilité scientifique, sociale et politique du concept genre afin de dissiper les nombreuses ambiguïtés qui l’entourent.

Cherchant dans l’histoire des écoles sociologiques qui ont abordé le sujet, l’anthropologue Naïma Chikhaoui a mis en avant les considérations académiques de deux pensées. Il s’agit de celle du sociologue Max Weber et de la sociologue Marianne Weber. À travers cette traversée historique, l’anthropologue a essayé d’apporter les éléments de compréhension de la question de la persistance des résistances auxquelles continue de faire face cette pensée. Pour sa part, la politologue Houria Alami Machichi a abordé la problématique des masculinités dans ses relations avec le genre. Elle a souligné que l’approche genre a légitimement exploré et clarifié les positions des femmes dans leurs relations avec les hommes. Pour souligner l’importance de la formation en matière de genre, les organisateurs ont programmé le témoignage de Zohra Mezgueldi, responsable de la formation doctorale genre au sein de la faculté. Cette dernière a évoqué, dans ce sens, l’utilité de la formation et de la recherche sur le genre en expliquant aussi dans quelles conditions il a été possible d’introduire les études du genre dans l’université marocaine. «Revenir sur les différents facteurs dont l’articulation a permis de mettre en place cette formation, c’est tenter de l’inscrire dans une conjoncture politique et sociale favorable, caractérisée par les combats et la montée en puissance de la société civile, des réformes structurelles d’envergure et des mutations importantes dans la société marocaine. On peut citer la réforme de la Moudawana, l’Instance équité et réconciliation, l’Institut royal de la culture amazighe, l’Initiative nationale pour le développement humain…», explique-t-elle.

Pour sa part, Aïcha Berkaoui, responsable de l’Équipe de recherche et d’études sur le genre, a parlé de la stratégie d’action pour démocratiser l’utilité sociale de la formation sur le genre. Pour elle, la formation sur le genre et l’utilisation du concept genre, qui réconcilient les sphères biologique, sociale, culturelle, économique et politique et qui placent la recherche sur les inégalités entre les femmes et les hommes dans une perspective large des sciences sociales peut s’ouvrir sur une perspective de l’utilité sociale. Elle a enrichi le débat dans ce sens en posant plusieurs questions : «Si la formation et les études sur le genre sont aujourd’hui utiles pour penser la constitution historique des relations et des rapports sociaux entre les femmes et les hommes et déconstruire l’héritage socioculturel et politique basé sur les inégalités et les discriminations, quelle est aujourd’hui l’utilité sociale de ces recherches sur le genre ? Autrement dit, comment peut-on interpréter ou traduire concrètement les résultats de ces études et de cette formation sur le terrain et dans la société en général ? Enfin, quels sont les stratégies, les outils et les mécanismes à déployer afin de répandre cette utilité sociale de la formation sur le genre ?» s’est demandé la professeure Aïcha Berkaoui. Il est à souligner que cette journée a également associé les jeunes doctorants qui travaillent sur cette thématique, qui se sont relayés sur la tribune pour exprimer leurs points de vue. C’est le cas de Fatim Zahara Akkif qui a fait une lecture des rapports sociaux de sexe et de pouvoir dans les organisations de jeunesse des partis politiques marocains. L’autre doctorant, Hassan El Aziz, a évoqué l’importance de l’Instance de l’équité, de l’égalité des chances et de l’approche genre. Une membre du Réseau des Jeunes Marocains engagés, Sofia El Aouni, a insisté, elle, sur le rôle de la communauté internationale dans l’adoption de l’approche genre. Elle a cité le rôle joué par l'ONU, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Plan Cadre des Nations unies pour l'aide au développement (Undaf)… 

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