Le spécialiste marocain des batteries, Alma Bat, met les petits plats dans les grands. Le groupe a obtenu l’agrément du département de l’Environnement pour opérer dans le recyclage des batteries usagées. À travers sa filiale Samab (Société africaine des métaux et alliages blancs), l’opérateur a investi plus de 200 millions de dirhams dans sa nouvelle unité de recyclage située au quartier industriel de Sapino à Nouaceur. L’usine, opérationnelle depuis février dernier, couvre une superficie de 2 hectares. Depuis son entrée en service, cette unité procède au traitement de 300 à 800 tonnes de batteries usagées par mois. «Nous ambitionnons d'atteindre 1.200 tonnes par mois», déclare au «Matin-Éco», Naoufal Mahdar, directeur général de Samab.
Ces tonnages permettent à Samab d’assurer une production de 50.000 batteries neuves par mois. Avec ce volume, la société pourra engranger 100 millions de dirhams de chiffre d’affaires en année pleine. Et ce n’est qu'un début. Samab entend, en effet, doubler son chiffre d’affaires d’ici 2020. Alma Bat, la maison mère, compte, elle aussi, électriser ses performances. L’entreprise, qui produit actuellement 500.000 batteries par an (batteries de démarrage, de traction et des batteries industrielles, commercialisées sous la marque Alma) et réalise un chiffre d’affaires de 200 millions de dirhams, veut doubler sa production et partant son chiffre d’affaires à l’horizon 2020. Aujourd'hui, elle revendique 30% du marché de la batterie.
Pour intégrer la cour des grands du secteur, la société n’a pas besoin de recharger ses batteries. Concrètement, Alma Bat exporte depuis déjà des années un peu plus de 50% de sa production vers le marché européen. Selon Mahdar, le récent investissement permet à Alma Bat et sa filiale d’avoir une plateforme de développement durable capable de traiter la totalité des déchets de batteries générés au Maroc, estimés à plus de 15.000 tonnes par an. «C’est aussi un devoir de citoyenneté du plus grand fabricant de batteries au Maroc», fait valoir le patron. La nouvelle plateforme permet également au groupe de s’assurer une intégration verticale : du recyclage de la batterie usagée jusqu’à la fabrication et la commercialisation de toutes les gammes de batteries demandées sur les marchés national et international. «Cela nous permettra d’accéder au marché des constructeurs automobiles, dont Renault et PSA, et de contribuer à l’effort national d’intégration locale», résume Mahdar. Selon lui, la quantité de plomb provenant du recyclage de la batterie usagée est estimée entre 8.000 et 9.000 tonnes par an. «Le plomb d’œuvre qui en ressort est à peine suffisant pour les besoins actuels d’Alma Bat et son confrère Afrique Câbles : 8.000 à 9.000 tonnes de plomb dans les batteries usagées procureraient environ 6.000 à 7.000 tonnes de plomb affiné.
Les autres opérateurs de la batterie sur le marché marocain importent les plaques de la batterie (la majeure composante de la batterie en plomb) et n’ont que des besoins réduits en plomb», explique Mahdar. Si Alma Bat et sa filiale mettent un coup d’accélérateur, c’est que le contrat de l’écosystème automobile signé par le département de l’Industrie et l’Association marocaine de l'industrie et le commerce de l'automobile (AMICA) entend promouvoir la fourniture des batteries de la première monte (Renault et PSA, notamment) par les acteurs locaux. L’enjeu est de taille. Il s’agit d’alimenter 600.000 véhicules de première monte en batteries. Ce qui nécessite plus de 6.000 tonnes supplémentaires de plomb affiné. «Cela implique un besoin supérieur à 8.000 tonnes supplémentaires en plomb d’œuvre sur le marché local. Le besoin identifié est de 20.000 tonnes par an dans la perspective de l’installation d’autres acteurs comme Ford», assure le patron de Samab. L’industriel indique que le Maroc ne dispose pas de plomb suffisant pour approvisionner le parc automobile actuel et ni l’industrie automobile installée ou en projet.
C’est pour cela, d’ailleurs, que le contrat d’écosystème prévoit de soumettre à licence l’exportation de plomb. L’autorisation de l’import de batteries usagées depuis l’étranger constitue, selon Mahdar, une option déterminante pour l’approvisionnement de l’industrie de la batterie au Maroc. Sa recommandation : «il est urgent d'étudier les options pour la transformation du minerai de plomb au Maroc, car l’industrie sera rapidement confrontée au manque de matière première face à la montée en puissance de l’écosystème automobile au Maroc».
Le marché des batteries dans le pays est estimé à 800.000 ou 900.000 unités. Quelque 500.000 sont fabriquées localement principalement par Alma Bat et Electra (Afrique Câbles) alors que 300.000 sont importées.