L’Allemagne carbure à l’export. La première économie européenne a annoncé jeudi un excédent commercial annuel record grâce à des exportations à un niveau jamais vu, a rapporté l’AFP. Le pays a exporté pour 252,9 milliards d'euros de plus qu'il n'a importé au cours de l’année dernière, a indiqué l'Office fédéral des statistiques, cité par l’agence. C'est davantage qu'en 2015, où ce solde était ressorti à 244,3 milliards d'euros. Depuis la crise financière de 2008-2009, ce chiffre n'a cessé d'augmenter. Le pays importe aussi de plus en plus (+0,6% à 954,6 milliards d'euros), s’approvisionnant à l'étranger par exemple des produits agricoles, du gaz naturel, des vêtements ou des appareils informatiques. Mais le succès en dehors de ses frontières du «Made in Germany», machines-outils, produits chimiques et surtout voitures est encore plus grand, puisque les exportations ont augmenté de 1,2% à 1.207,5 milliards d'euros, également un niveau jamais vu jusqu'à présent. Cette situation risque toutefois d’attirer des ennuis à l’Allemagne. «L'excédent commercial record va attiser le conflit avec les États-Unis et l'Union européenne» qui accusent régulièrement l'Allemagne de profiter des autres pays en y écoulant ses produits, sans en retour faire assez pour doper sa consommation intérieure, ce dont pourraient profiter ces derniers, juge l'économiste Marcel Fratzscher, de l'institut DIW, cité par l’AFP. À ses yeux, il n'y a dans ce nouveau record «aucune raison d'être fier». Les excédents de l'Allemagne constituant souvent les déficits de ses principaux partenaires.
L’Allemagne reste loin devant des pays comme le Brésil, qui a enregistré un excédent commercial record aussi en 2016, mais de 47,7 milliards de dollars, ou du Japon, qui a dégagé son premier excédent commercial depuis 2010, à plus de 33 milliards d'euros. Celui de la Chine a certes reculé, mais reste à 510 milliards de dollars. La France a, en revanche, creusé son déficit commercial, à 48,1 milliards d'euros.
Les États-Unis où les voitures allemandes se vendent très bien ont, eux, aggravé leur déficit commercial, à 502,2 milliards de dollars. Ce qui n'est pas du goût du nouveau Président Donald Trump parti dans une campagne pour ramener emplois et production sur le sol américain et dont l’administration critique ouvertement Berlin d'exploiter» d'autres pays de l'Union européenne et les États-Unis avec un euro «grossièrement sous-évalué» rendant ses produits artificiellement plus compétitifs. Mais Trump n’est pas le premier à formuler ce genre de critiques. Avant lui, Barack Obama, le Fonds monétaire international, la Commission européenne ou des pays comme la France avaient critiqué l'excédent commercial allemand, réclamant d'utiliser cette manne d'argent pour investir en retour.
