Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

L’autonomie, gage de performance individuelle et collective

L’autonomie au travail est désormais une source d’efficacité organisationnelle et de performance collective. Outre le gain du temps, la démarche permet aux collaborateurs de développer leurs compétences, «d’évoluer plus rapidement et d’être plus épanouis dans l’exercice de leur travail et des missions qui leur sont assignées», estime Mohammed Benouarrek, directeur du Pôle stratégie, organisation et capital humain à Promamec. Toutefois, la démarche comporte des risques que les managers doivent maitriser. Le point.

L’autonomie, gage de performance individuelle et collective

Éco-Conseil : Quels sont les avantages d’une organisation du travail plus autonome ?
Mohammed Benouarrek :
L’autonomie au travail est une résultante d’une longue préparation préalable. On ne peut parler d’autonomie au travail si on n’a pas verrouillé les risques de dérapage possibles ou au moins ceux identifiables. Les avantages d’une organisation du travail autonome sont innombrables. Primo, il s’agit d’un gain de temps et d’un modèle orienté résultats. Secundo, ceci permet aux salariés de se développer plus rapidement et d’être plus épanouis dans l’exercice de leur travail et des missions qui leur sont assignées. Tertio, une autonomie au travail constitue une source de motivation de plus en plus appréciée par la génération Z. Le micro-management, qui exige que le manager assure un suivi méticuleux de ses collaborateurs, frustre aujourd’hui une bonne partie des salariés pour ne pas dire la quasi-majorité. Naguère, cette attitude managériale de tutelle quasi parentale était tolérée. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. L’autonomie et l’indépendance gagnent des points non seulement dans les choix de vie des individus, mais également de ces mêmes individus en tant que salariés. L'autre avantage que l’autonomie offre, cette fois-ci à comptabiliser pour l’entreprise, est son attractivité. En effet, l’un des volets sur lesquels les entreprises d’aujourd’hui mènent une bataille dans leur course de best place to work (meilleur employeur) réside dans le degré d’autonomie qu’une entreprise peut offrir à ses salariés. Les entreprises ne cessent d’innover. Certaines ont dépassé l’autonomie dans l’exercice du métier ou encore dans la prise de décision de fournir un effort supplémentaire pour aller vers l’intrapreneuriat. Désormais, la course vers l’innovation managériale dotant de plus en plus les salariés d’une autonomie plus importante ne cesse de prendre de nouvelles ampleurs.


La liberté au travail peut-elle prendre des formes multiples ? Lesquelles ?
On en a parlé. Cette liberté peut prendre plusieurs formes comme choisir ce qu'on doit faire, la manière de le faire, décider des priorités ou encore décider tout court. Il s’agit d’une responsabilisation orientée résultats. La dictée taylorienne est désormais révolue. La nouvelle génération ne s’exécute plus aux ordres, mais plutôt à la compréhension, et à la logique avec une forte composante d’apprentissage, de liberté et d’empowerment. Le responsable qui ne sait pas actualiser son registre d’attitudes managériales se verra éjecter en hors-jeu pour rejoindre rapidement le rang des contremaîtres.  

Pensez-vous que l’autonomie comporte aussi des risques ?
Bien entendu, l’autonomie comporte des risques négatifs. En effet, certains collaborateurs n’arrivent pas à distinguer l'autonomie de l'anarchie. Ainsi, ils se considèrent comme des électrons libres et qui échappent à toute forme de tutelle. Une mauvaise compréhension de l’entreprise libérée peut aussi induire plusieurs collaborateurs à un tel dérapage. Le pré-requis de l’autonomie est l’organisation. Sauf qu’il ne faudra pas y camper scrupuleusement en se ligotant les mains et en se privant de toute prise d’initiative. C’est plutôt une liberté guidée, si j’ose m’exprimer ainsi. L’autonomie au travail libère le manager d’un suivi fastidieux sans grande valeur ajoutée, ouvre au salarié les voies de l'innovation. Elle le soulage d’une mise en parenthèse non valorisante par sa hiérarchie, déchaîne les énergies et aide à ancrer le sens d’engagement des collaborateurs vis-à-vis de leur entreprise. Ainsi, l’autonomie au travail devra être maîtrisée et surtout préparée. Il s’agit d’une entente tacite sur les fondamentaux de travail avec un suivi moins visible, moins marqué qu’avant et surtout un monitoring orienté résultats.


La confiance, clé de succès de la démarche d'autonomie

La confiance demeure un facteur préalable pour la réussite de cette nouvelle approche. Cette confiance est à la fois un pré-requis et une résultante, d’où la difficulté de shifter vers ce nouveau mode d’opération. Personnellement, 
je vois qu’il ne s’agit pas d’un style 
managérial uniquement, mais aussi d’une culture à adopter. On voit mal des apparatchiks épouser cette approche, car elle impliquera un clash avec leur manière de faire et surtout leurs croyances fondées sur le management directif et non libérant.

Lisez nos e-Papers