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Le Conseil économique, social et environnemental pour un dialogue social en phase avec son temps

Un séminaire international sur «Le dialogue social : expériences comparées et enseignements pour l'avenir» a ouvert, hier à Rabat, ses travaux à l'initiative du Conseil économique, social et environnemental (CESE), dans le cadre de sa présidence de l'Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires des États et gouvernements membres de la francophonie (UCESIF). Cette rencontre a été marquée notamment par la présentation de l’expérience marocaine en la matière.

Le Conseil économique, social et environnemental pour  un dialogue social en phase avec son temps
l’objectif était de mettre sur pied la vision des Conseils économiques sociaux et environnementaux en ce qui concerne le dialogue social. Ph. AICpress

Le Conseil économique, social et environnemental a organisé, hier à Rabat, un débat de haute volée puisqu’il a permis de présenter les expériences des pays de l'Union des CESE francophones, de pays européens, arabes et africains en matière de dialogue social. Mais les projecteurs ont été davantage braqués sur l’expérience marocaine dans la mesure où cela a permis de sonder l'approche et la vision du CESE, des centrales syndicales, du patronat ainsi que celle du gouvernement.

Le président du Conseil, Nizar Baraka, a expliqué que l’objectif de cette rencontre était de mettre sur pied la vision des Conseils économiques sociaux et environnementaux en ce qui concerne le dialogue social. «Nous avons la conviction que le dialogue est essentiel pour garantir la paix sociale et la stabilité afin d'établir le développement social, économique et environnemental. Nous avons la conviction que les CESE représentent un espace de dialogue pour les parties prenantes, à savoir les représentants du patronat et des syndicats. Ils représentent aussi un espace pour construire des positions et des convictions communes et aboutir à un consensus entre les partenaires sociaux», a-t-il déclaré au «Matin». Dans ce cadre, il a souligné que l’étude des expériences de ces Conseils sur le plan mondial montre qu'il y a trois sortes d'intervention de ces institutions en matière de dialogue social. «Il y a des Conseils qui entreprennent eux-mêmes le dialogue social et l'organisent.

D'autres jouent un rôle d'arbitrage entre le gouvernement, les centrales syndicales et le patronat pour aider à aboutir à des conventions. Une troisième catégorie joue le rôle de facilitateur du dialogue en aidant à parvenir à des positions communes en ce qui concerne les grandes réformes ou des politiques publiques», a-t-il précisé. Ce qui aide à trouver des solutions aux problématiques posées entre les gouvernements et les syndicats.
L'autre objectif attendu de cette rencontre est d'attirer l'attention sur la nécessité d'une nouvelle génération d'outils de dialogue social. Pourquoi ? D'abord parce qu'il y a la régionalisation qui est mise en place et qui exige qu'il y ait des dialogues régionaux. Chose à laquelle avait appelé le CESE dans son rapport relatif au modèle de développement économique des provinces du Sud. Ensuite, parce qu'il y a une mutation dans le monde du travail (l’ubérisation, le travail à distance et la digitalisation en général) qui pousse à revoir les mécanismes de ce dialogue.

En attendant, force est de constater que l'institutionnalisation du dialogue social n’est pas encore acquise. «Il existe un infime nombre de conventions collectives dans le secteur privé, ce qui est un indicateur de la faiblesse de la négociation collective, et qu'il y a donc nécessité de redonner vie au dialogue social et de mettre sur pied un nouveau mécanisme qui nous permette d'atteindre les objectifs tracés. À la lecture du Code du travail, on réalise qu'il prévoit plusieurs structures et mécanismes, mais qui, dans la réalité des choses, ne sont pas effectifs», affirme le président du CESE.

De son côté, le représentant de l’Union marocaine du travail (UMT), Mohamed Haytoumi, a rappelé à cette occasion ce qui a été fait dans le cadre des négociations collectives au lendemain de l'indépendance. Cependant, il a regretté que depuis des années, les négociations n'aient pas eu lieu de manière volontaire, mais sous pression, suite à des grèves. Il a ainsi appelé, comme les représentants des autres centrales syndicales, à institutionnaliser le dialogue social. Les syndicats ont ainsi proposé que dans le cadre de cette structuration, le dialogue soit organisé par une institution indépendante du gouvernement.

Car ils considèrent que ce dernier est aussi un employeur. Ils ont estimé que les sessions du dialogue social doivent se tenir en avril (avant la fête des Travailleurs du premier mai) et en septembre (avant la préparation du projet de loi de Finances). Khaled El Houari El Alami, de la Confédération démocratique du travail (CDT), a appelé à ce que cette institutionnalisation du dialogue social soit le fruit d'un texte de loi qui oblige les partenaires sociaux à prendre part à cette négociation collective. Il a également souligné l'importance de la mise en place de mécanismes clairs de suivi des engagements pris par les partenaires sociaux et de leur exécution sur le plan national, régional et sectoriel.

Pour sa part, le représentant du patronat (CGEM), Jamal Belahrach, a insisté sur le fait que tant les entreprises que les syndicats sont sur le même navire en rappelant le fléau du chômage qui s'accentue en Afrique. Il a également appelé à ce qu'il y ait un dialogue bipartite direct entre le secteur privé et les syndicats en appelant à sortir du cadre archaïque de la relation entre le syndicat et l'employeur.

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