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Le déplacement de 3.000 supporters marocains en Côte d’Ivoire, est-ce vraiment faisable ?

La presse s’est fait l’écho des déclarations du Chef du gouvernement, qui aurait dit prendre des mesures pour faciliter le déplacement à Abidjan des supporters de la sélection nationale, afin d’assister au match de football qui l’opposera le 11 novembre à son homologue ivoirienne.

Le déplacement de 3.000 supporters marocains  en Côte d’Ivoire, est-ce vraiment faisable ?
Les supporters marocains aux anges après la victoire du Maroc sur le Gabon 3-0.

Il serait ainsi question d’un billet d’avion à 3.000 dirhams par personne, alors que le tarif officiel est de 10.000 dirhams. 

Or, si l’histoire se résumait à un simple trajet en avion, les choses auraient été très faciles. C’est comme si tous les autres aspects liés à un voyage d’un groupe de 3.000 personnes dans un pays étranger étaient passés à la trappe.

Allons un peu plus dans les détails.

• Le transport : Transporter 3.000 supporters nécessite leur accompagnement par un personnel d’encadrement d’au moins 300 personnes, notamment des agents de sécurité dans chaque avion pour assurer l’ordre et tempérer les ardeurs des supporters à l’aller et au retour, surtout si le résultat est défavorable à notre équipe nationale. Ces agents accompagnateurs assisteront les supporters dans les formalités de police et de douane, le transfert de l’aéroport à l’hôtel, ensuite vers le stade, puis du stade à l’aéroport. Ceci revient à mobiliser au moins une vingtaine d’avions, soit 165 voyageurs par avion. Question : à moins d’un mois de la rencontre, la compagnie Royal Air Maroc peut-elle mobiliser plus du tiers de sa flotte pour un tel évènement, à 3.000 DH par personne ? A-t-on le personnel d’encadrement formé à la psychologie de foule ? Qui connaisse l’environnement d’Abidjan ? Qui sache assister les supporters dans leurs formalités, leur hébergement, leur accès au stade, etc. ? Quid du personnel médical et paramédical ?

• La logistique sur place : Pour transporter les supporters en Côte d’Ivoire, il faudrait mobiliser environ 70 autocars. Tous ceux qui connaissent la Côte d’Ivoire vous diront qu’il n’est pas aisé de louer autant d’autocars à Abidjan. D’aucuns pourraient rétorquer qu’il serait possible de recourir à la location d’autobus. Quid alors du transport des dizaines de milliers de supporters ivoiriens ? On imagine mal la compagnie de bus ivoirienne privant les Abidjanais de bus, pour permettre à des supporters de l’équipe adverse de se déplacer au stade. On laisse aussi au lecteur le soin d’imaginer la cacophonie qui va régner pour faire monter chacun des supporters dans le bus qui lui est réservé et comment les organisateurs pourront s’assurer qu’ils n’ont oublié personne. Cerise sur le gâteau, comme chez nous, les places ne sont pas numérotées dans les stades ivoiriens. Sur ce registre, on allait oublier les formalités de police à l’entrée du territoire de Côte d’Ivoire. Sans viser les services d’immigration ivoiriens et à supposer qu’ils soient aussi rapides que les valeureux fonctionnaires de nos aéroports, il leur faudrait un sacré temps avant de pouvoir s’assurer de l’identité des arrivants et tamponner des milliers de passeports (en Côte d’Ivoire, il faut aussi remplir une fiche de police en deux exemplaires dont un est remis au moment de l’entrée et le second au moment du départ). Le risque est réel de voir nos vaillants supporters embourbés dans ces formalités jusqu’à la fin de la rencontre ! 

• L’hébergement : Une rapide consultation de la capacité hôtelière d’Abidjan et de ses environs dans internet montre que toute la région compte au plus 70 hôtels classés de 1* à 5*, d’une capacité totale inférieure à 5.000 lits avec un taux d’occupation supérieur à 60%. À moins donc de répartir nos 3.300 personnes sur les 60 hôtels, tout en laissant le soin au lecteur de calculer le temps nécessaire à leur check-in et chek-out, on ne voit aucune autre solution à leur hébergement. Il est évident que nous avons écarté le logement chez l’habitant. C’est comme si on demandait à chaque Rajaoui de passer la nuit chez un Wydadi la veille d’un derby qui les oppose. L’idée pourrait être de transporter les supporters et les conduire directement de l’aéroport au stade, sans hébergement et les raccompagner directement après la rencontre. Ceci est possible sur le papier, n’auraient été la durée du trajet en avion (4 heures de vol aller et 4 heures retour) et toutes les formalités avant et après, ce qui reviendrait à faire passer à nos supporters disciplinés, une vingtaine d’heures entre les avions, les aéroports, les autobus et le stade. Imaginons alors l’état de fatigue et de nervosité de nos compatriotes dont nous connaissons le calme et le sang-froid en de pareilles circonstances. Nous n’osons pas suggérer une ultime possibilité que nous désapprouvons, bien qu’une infime minorité d’agences de voyages marocaines la pratiquent. C’est la technique du «Hajj» consistant à transporter le voyageur, à le lâcher dans la nature et le laisser se débrouiller sur place. 

• Moralité : Rester chez soi, épargner la dépense de 3.000 dirhams et faire contre mauvaise fortune bon cœur tout en se réjouissant qu’Arryadia retransmette le match. Notre Chef du gouvernement aura un souci en moins, notre compagnie nationale vaquera à ses activités habituelles de transport aérien et nos charmants supporters resteront au chaud, prêts à investir les rues pour fêter comme il se doit et dans la liesse, la précieuse qualification. 

Un fan des Lions de l’Atlas

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