Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Mondial de l'Automobile 2006

Le gouvernement défend une réforme «ambitieuse», l'opposition appelle à manifester contre

Le Président français, Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages, affronte son premier grand défi politique avec la présentation par son gouvernement de la réforme très attendue du droit du travail qui va tester ses capacités de transformation.

Le gouvernement défend une réforme «ambitieuse»,  l'opposition appelle à manifester contre
Le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le 31 août 2017lors de la conférence de presse sur la réforme du Code du travail.

La réforme du Code du travail, ce grand chantier, avant la refonte prévue de l'assurance chômage, des retraites et de la fiscalité, marque la première étape d'une «rénovation du modèle social» promise par le Chef de l'État français, Emmanuel Macron, élu le 7 mai dans un pays que lui-même a décrit comme «pas réformable». Affichant sa volonté d'aller vite, le gouvernement a opté pour la procédure accélérée des ordonnances, autorisée par un vote du Parlement, qui permet d'éviter toute modification des textes après leur publication. Les cinq ordonnances concoctées dans le plus grand secret durant l'été ont été dévoilées jeudi dernier aux partenaires sociaux puis détaillées par le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, lors d'une conférence de presse. Les textes répondent à un «besoin de souplesse, besoin de sécurité, besoin de simplicité, besoin de dialogue aussi», a assuré jeudi matin M. Philippe lors d'une visite sur le terrain. «La tendance ne montre pas que nos propositions vont être écoutées», a estimé Philippe Martinez, patron de la CGT, l'un des principaux syndicats français, le plus hostile à la réforme. «Toutes les craintes que nous avions sont confirmées», a-t-il déclaré devant la presse dans la cour de Matignon après la présentation de la réforme aux partenaires sociaux par le Premier ministre Édouard Philippe.

Le leader syndical a dit regretter la désunion syndicale sur cette réforme du Code du travail voulue par le gouvernement, jugeant que cette désunion était toujours favorable au Medef. Un des objectifs affichés est de donner plus de flexibilité aux entreprises et, in fine, de les encourager à embaucher alors que le chômage, préoccupation numéro un des Français, reste massif, touchant 9,5% de la population active, et avant tout les jeunes. Il s'agit d'une «transformation profonde et (...) ambitieuse», a soutenu le Président Macron dans un entretien-fleuve à l'hebdomadaire «Le Point». Les enjeux ne sont pas seulement nationaux, car le président Macron «représente un espoir pour tous ceux qui attendent une réforme de la France, en particulier l'Allemagne», souligne le professeur Christian Lequesne, du Centre de recherches internationales (CERI). «C'est un test», alors que «ce qui ressort toujours de la perception de la France dans les pays environnants, c'est l'incapacité de ce pays à réussir la réforme des politiques publiques sans que ce soit immédiatement la guerre sociale», estime-t-il. Pour M. Macron, qui voit la France en moteur d'une Europe «relancée», «leader du monde libre», l'enjeu est de taille. «De plus en plus, le leadership que l'on peut avoir dans l'espace international ou transnational européen dépend de sa capacité à mener à bien son propre pays», selon le chercheur.

En visite mercredi à Paris, le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel s'est dit «assez impressionné» par le projet de réforme. Au plan intérieur, les attentes du patronat sont fortes, l'hostilité de certains syndicats est déjà affirmée et la partie ne s'annonce pas simple. Pour ses opposants, la réforme en cours équivaut à une «démolition sociale» ou encore une «loi Travail XXL». En 2016, cette loi initiée par le précédent chef de l'État, le socialiste François Hollande, avait jeté dans la rue des mois durant des milliers de manifestants, signant la pire crise sociale jamais subie par un gouvernement de gauche en France. La CGT a déjà appelé à la mobilisation le 12 septembre et la gauche radicale menée par Jean-Luc Mélenchon a donné rendez-vous aux mécontents le 23 septembre contre «le coup d'état social». Pour «Libération, cependant, «le front qui se constitue (...) est nettement plus étroit que celui qui avait combattu» la réforme de 2016. Trois mois après son élection, fruit d'un vote de barrage à l'extrême droite, la cote de popularité du Président centriste a accusé une baisse impressionnante dans les sondages. Le dernier, publié mercredi, le voit chuter de 11 points en un mois et de 19 points en trois mois. Désormais, une majorité de Français (55%) a une mauvaise opinion de lui. «Pédagogie» est de ce fait devenu le mot d'ordre du gouvernement Macron pour cette rentrée sous tension. Le Président Macron s'attend néanmoins à «vivre pendant des mois avec l'impatience du peuple», comme il l'a dit dans son entretien au «Point», mais demande à être jugé sur la durée.

Lisez nos e-Papers