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L'entrepreneuriat social, locomotive de la croissance inclusive

L'entrepreneuriat social, locomotive  de la croissance inclusive
Ph. Saouri

Une thématique de la plus haute importance, des intervenants de haut niveau et une grande affluence : c’est l’alchimie à succès de la deuxième édition de Morocco Today Forum, qui s’est tenue le 7 juillet à Casablanca. L’évènement, qui a bénéficié du Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, n’aurait pu choisir de meilleur thème que celui de l’entrepreneuriat social et solidaire. Un sujet qui est au cœur de la Vision royale du Co-développement mise au service d’une croissance économique durable au Maroc, mais aussi en Afrique, et qui place l’humain au centre de ses priorités. «Le Maroc, avec les pays du Sud et notamment ceux du continent africain, appelle de tous ses vœux une nouvelle mondialité, juste, équitable, participative, cohérente, durable et humaine, une mondialité dont l'épicentre est la personne humaine, une mondialité qui honore les humains, préserve leur fierté, proscrit les humiliations et les discriminations et élimine les causes de la pauvreté, l'exclusion et la marginalisation», souligne le Souverain dans un message adressé aux participants à la troisième World Policy Confrerence, le 16 octobre 2010 à Marrakech. Ainsi, avec l’entrepreneuriat social, l’humain est remis au cœur de l’économie, et l’innovation se retrouve au cœur de l’action sociale.

Dans le même ordre d’idées, Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet royal, a déclaré lors de son intervention à la séance inaugurale que «le Maroc veut une Afrique qui tire profit de la mondialisation, plus qu’elle ne la subit. Une mondialisation à visage humain, plus équilibrée, qui ne peut se concrétiser sans développement inclusif, durable, solidaire et équitable. Une mondialisation fondée sur une croissance économique partagée, une atténuation des disparités sociales et un renforcement du développement humain, telle est l'ambition du Souverain pour l'Afrique. La vision est claire, la volonté est partagée et les moyens existent». Et d’ajouter : «Notre continent n’a pas besoin de charité ou d’assistance conditionnée. C’est un continent qui a besoin de projets structurants, à forte valeur ajoutée et à fort impact social, qui puissent stimuler un développement équilibré et multidimensionnel, à la faveur de son capital humain». Une idée largement approuvée par l’ensemble des 27 intervenants et experts nationaux et internationaux qui ont fait la réussite de la Conférence et qui sont «tous mus par le désir de faire bouger les lignes de l’entrepreneuriat social dans le combat pour un monde meilleur», relève M. Haitami. «Une assemblée d’une grande richesse et d’une exceptionnelle pluralité qui a permis de conjuguer les points de vue, les expertises et les expériences de terrain et d’additionner les volontés d’agir, afin de faire de Morocco Today Forum une tribune importante pour le Co-développement en Afrique», a-t-il ajouté.

«Au Maroc, faut-il le préciser, les mécanismes de ce mode d’entreprendre qui allie efficacité économique et intérêt général se sont mis en marche depuis plusieurs années déjà et un véritable écosystème s’est installé, créant une belle dynamique basée sur les valeurs de solidarité inhérentes à notre culture et qui sont aussi des valeurs africaines. Une dynamique guidée par la vision royale d’un Maroc tourné vers son continent et dont l’un des axes clés est le développement de l’entrepreneuriat ainsi que tout l’écosystème entrepreneurial», de façon à ce que «l’entrepreneuriat social puisse devenir un moteur de la croissance économique durable, et pas seulement au Maroc ou en Afrique. Il s’agit en réalité d’un enjeu du monde de demain, car il apporte des réponses concrètes aux inégalités, aux fractures de nos sociétés et aux défis environnementaux, auxquels fait face notre planète», comme l’a indiqué dans son allocution d’ouverture Mohammed Haitami, PDG du Groupe Le Matin, organisateur de l’évènement.

L’entrepreneuriat social pour Myriam El Khomri, ancien ministre du Travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social de France, «n’est pas seulement des emplois et de la croissance durables, des activités socialement utiles. L’entrepreneuriat social c’est avant tout un projet de société, qui incarne d’abord des valeurs fortes, humanistes et universelles. L’économie sociale et solidaire fait primer la vision de long terme sur l’immédiateté, l’humain sur l’obsession du profit et elle donne la priorité à l’utilité sociale». Elle a appelé à cette occasion «les pouvoirs publics et les représentants du secteur à tout faire pour aider ce formidable mouvement à se développer, à différentes échelles, locale bien sûr, nationale évidemment, mais aussi transnationale, ce que d’ailleurs, Sa Majesté le Roi a su intégrer dès le début dans sa mission politique». Elle a tenu à préciser que «l’économie sociale et solidaire est un secteur d’innovations constantes que les gouvernements doivent soutenir et encourager», saluant au passage «les jeunes pleins de talents qui participent au Hackathon», organisé par le Groupe Le Matin en marge de cette deuxième édition du MTF.

Les jeunes sont en effet la locomotive de l’entrepreneuriat social, qui favorise aussi bien l’insertion socioéconomique que le développement humain durable. «Ce sont ces jeunes pleins de volonté, de courage, d'altruisme et d'abnégation qui concrétisent la citoyenneté positive sur laquelle nous comptons pour plus de créativité, de persévérance, de création des richesses et pour une mobilisation générale en faveur d'un développement soutenu, pourvoyeur d'opportunités d'emploi, garant d'une vie digne et décente», avait signalé le Souverain dans un discours à la Nation le 20 août 2004 à l'occasion du 51e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

Les jeunes, mais aussi les moins jeunes, les femmes et les personnes à besoins spécifiques qui sont «des entrepreneurs en puissance», comme l'a affirmé par Sanaba Kaba, ministre de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance de Guinée. Celle-ci a assuré que «le Maroc, par la qualité et la dynamique de ses services sociaux, grâce au cadre juridique qu’il offre et aux mesures pour la libéralisation des initiatives propices au développement des entreprises sociales mises en place selon la vision et l’esprit entrepreneurial social de S.M. le Roi, occupe une place de choix sur l’échiquier africain dans un esprit de dialogue et de solidarité». Cette place-là et cette dimension africaine font du Royaume «un partenaire essentiel, non seulement pour l’Espagne, mais pour toute l’Europe», a souligné Marcelino Oreja, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères et président de l’Académie royale des sciences morales et politiques. «L’Afrique est sans doute pour nos deux pays un lieu de rencontre et de mise en commun des efforts, en partant de perceptions claires et coïncidentes sur la promotion du Co-développement», a-t-il renchéri.

En plus de la volonté politique, l’entrepreneuriat social a indéniablement besoin du soutien de la société civile, mais aussi de partenaires du monde de la finance. Ils étaient présents au MTF et l’on peut se demander, comme l’a fait Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur-directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank Of Africa, pourquoi «une entreprise à but par excellence lucratif, viendrait être partie prenante d’une réflexion dans un Forum évoquant les organisations qui exercent une activité dont la finalité n’est pas celle de la maximisation du profit, mais la satisfaction des besoins économiques et sociaux dans l’intérêt général ?» Tout simplement parce que «les opérateurs économiques, quel que soit leur statut ou leur secteur, ont un rôle déterminant à jouer pour contribuer à cet effort collectif et apporter une réponse concrète aux 17 Objectifs de développement durable et participer ainsi à la construction d’un futur durable, tout en assurant leur performance et leur stabilité», a-t-il répondu.

Ces interventions et bien d’autres ont permis à plus de 800 participants d’explorer les différents aspects de l’entrepreneuriat social à travers les trois panels qui ont meublé la Conférence et qui se sont penchés sur l’entrepreneuriat social en tant que moyen privilégié et pragmatique pour l’inclusion de tous, sur la place des femmes et de la jeunesse au milieu de toute cette dynamique ainsi que sur l’inévitable question de la digitalisation.
La journée n’a pas manqué de temps forts, notamment la remise des Prix aux jeunes gagnants du premier Hackathon «Morocco Social Tech», organisé par le Groupe Le Matin les 28 et 29 juin 2017 sous le signe de l’entrepreneuriat social et de l’innovation. L’autre temps fort a été l’annonce de la création d’un think tank, sous l’impulsion de la professeure Bouchra Rahmouni Benhida, directrice scientifique du MTF. Appelé «Casablanca Institute For Peace and Inclusive Prosperity» (CIPIP), ce think tank sera «un carrefour de rencontres et de débats entre les secteurs public et privé, des partenariats universitaires, opérateurs économiques, organisations internationales, représentants de la société civile, marocains et étrangers», explique M. Haitami. Il sera opérationnel dès le mois d’octobre prochain et «sera une plateforme de production intellectuelle dans une perspective géostratégique dans le dessein de pérenniser, approfondir et enrichir la réflexion orientée Co-développement», fait savoir le PDG du Groupe Le Matin.

L'évènement a été également marqué par l'organisation d'une exposition photographique qui restitue en images les différentes actions royales en faveur de la promotion de l'entrepreneuriat social au Maroc et en Afrique. Notons que MTF 2017 s’est clôturé en beauté avec l’annonce de la thématique de la prochaine édition, toujours au cœur de la Vision royale pour le Co-développement et avec cette dimension africaine : «Grands projets en Afrique  : coresponsabilité et logique de pérennisation». 

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