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Les avancées diplomatiques, financières et sociétales de Marrakech

La COP 22, qui s'est tenue du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, s’est soldée par d’importantes actions, dont l’annonce faite par les 197 gouvernements d’avancer de deux ans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, à 2018 au lieu de 2020, comme initialement convenu. La COP 22 a illustré le renforcement de la prise de conscience de la société civile des enjeux environnementaux. De deux entités accréditées à la COP 21 de Paris, la société civile marocaine a été représentée à Marrakech par onze associations.

Les avancées diplomatiques, financières  et sociétales de Marrakech
15 novembre : S.M. le Roi pose pour une photo de famille avec les Chefs d'États, de gouvernement et des délégations participant au Sommet de la COP 22.bPh. MAP

La proclamation de Marrakech a clos les travaux de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 22) qui s’est déroulée du 7 au 18 novembre à Marrakech : «Nous appelons à un engagement politique des plus fermes afin de lutter contre les changements climatiques, c’est une priorité urgente». Cet engagement, pris aussi bien par les États que les ONG et le secteur privé, s’est soldé par l’avancement de deux années de la mise en œuvre de l’Accord de Paris (2018 au lieu de 2020), la mobilisation de «plusieurs milliards de dollars» selon la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le transfert des compétences. L’Accord de Paris, entré officiellement en vigueur le 4 novembre 2016 après que le seuil des 55 pays responsables de 55% des émissions de gaz a effet de serre a été dépassé, s’est vu renforcé à Marrakech par la création de la «Under 2 Coalition» (en dessous des 2 °C en référence à l’Accord de Paris), un groupe de 165 gouvernements qui se sont engagés à réduire leurs émissions d'au moins 80% d'ici 2020. La déclaration finale de la COP 22 réaffirme l’engagement des pays développés à verser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à accéder aux technologies bas carbone et à adapter leurs économies aux changements climatiques. Mais les financements manquent encore. Les pays développés ont deux ans pour trouver des lignes budgétaires pérennes. La France a confirmé vouloir augmenter ses financements annuels pour le climat de 3 à 5 milliards d’euros en 2020 et tripler ses engagements en faveur de l’adaptation des pays du Sud pour atteindre un milliard d’euros par an en 2020. Le financement de l’adaptation d’une manière générale a bénéficié d’une enveloppe de 9 milliards de dollars. À Marrakech, les pays développés se sont engagés à la doubler. Cette décision mérite d'être soulignée : jusqu’à la COP 22 de Marrakech, les projets portant sur l’atténuation des impacts des changements climatiques se taillaient la part du lion au détriment de ceux de l’adaptation qui ne bénéficiaient que de 15% de la finance-climat.

Au niveau national, la COP 22 a également été porteuse de nouveautés. Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, a présenté la feuille de route de la finance-climat du Maroc qui se traduit par de nouveaux produits et mécanismes financiers pour accompagner l'objectif de réduction de 42% des émissions de gaz à effet de serre et celui de porter à 52% la part des énergies renouvelables dans la production électrique à l’horizon 2030. Les investissements nécessaires sont de 50 milliards de DH, dont 35% seront assurés par des ressources externes. De son côté, Saïd Mouline, président du pôle «Partenariat public-privé» du comité de pilotage de la COP 22, a indiqué, le 21 décembre à Casablanca, que l'implication du secteur privé, lors du sommet de Marrakech, s'est déclinée selon trois axes : solutions et innovations, financements des projets et acteur des négociations. Mouline a rappelé la signature par 43 patronats de la Déclaration de Marrakech. Pour l'organisation de la COP 22, le secteur privé national et international a contribué à hauteur de 210 millions de DH, a indiqué Saïd Mouline. Ce dernier a également rappelé la signature, le 16 novembre, par 43 organisations patronales internationales, de la Déclaration de Marrakech qui s’adresse aux gouvernements. La «Zone verte» du site de la COP 22 dédiée à la société civile a accueilli 144 entreprises, 17 institutions financières, 39 établissements publics, des universités et des centres de recherche, ainsi que 200 chefs d'entreprises.

La «Zone verte» a reçu 24.000 visiteurs quotidiens avec un pic de 27.000. Selon Driss El Yazami, le pôle «Société civile», dont il est président, a mené des actions avant, pendant et après la COP 22. Les principaux objectifs du pôle sont de territorialiser l'action en faveur du climat en impliquant les 12 conseils régionaux, de renforcer l'intérêt de la société civile marocaine et de renforcer ses liens avec les réseaux environnementaux internationaux. «Jusque-là, les ONG œuvrant pour l'environnement sont essentiellement américaines et européennes. De deux entités accréditées par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à la COP 21 de Paris, la société civile marocaine a été représentée à Marrakech par onze associations».

Le chef des négociations multilatérales, Aziz Makouar, a précisé pour sa part que 35 décisions ont été prises lors de la COP22. «En cela, la COP 22 est historique. À Marrakech, nous avons défini les mécanismes pour mettre en œuvre l'Accord de Paris. La présidence marocaine est parvenue à mettre d'accord les 196 pays signataires de cet accord», a souligné Aziz Makouar à Casablanca le 15 décembre. Une fois l'Accord de Paris entré en vigueur, il fallait aplanir les risques de divergences des interprétations. «Un accord international est relativement ambigu. La présidence marocaine a consolidé cet accord. La première réunion du CMA (organe chargé de l'application de l'Accord de Paris) a eu lieu à Marrakech.

C’est un évènement historique», a souligné Aziz Makouar, à Casablanca le 15 décembre. L'Accord de Paris, qui ambitionne de contenir le réchauffement planétaire au mieux à 1,5 °C au pire à 2 °C, est entré en vigueur le 4 novembre après que le seuil des 55 pays responsables de 55% des émissions de gaz à effet de serre a été dépassé. Le dernier décompte fait état de 116 pays ayant ratifié sur les 196 qui ont signé l'Accord de Paris. «Tout le monde s'attendait à ce que l'entrée en vigueur ne se fasse qu'en 2020. Le rythme (des signatures de l'accord) a été plus rapide que prévu. Il fallait cependant définir les mécanismes de sa mise en œuvre. C’est ce que nous avons fait à Marrakech. La présidence marocaine est parvenue à mettre d'accord les 196 pays signataires». Aziz Makouar a également souligné que les négociations avaient été bouclées vendredi 18 novembre, dernier jour de la COP 22, à 23 h. «C'est la première fois que de telles négociations sont bouclées le jour prévu».
Le Maroc a de quoi s'enorgueillir ! 

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