Les Coréens ont des visées sur le marché énergétique marocain. Une importante délégation de 11 entreprises a fait le déplacement, le 26 octobre à Casablanca. Elle était menée par Korea Electric Power Corporation (KEPCO), l’équivalent coréen de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), et la Korea Electrical Manufacturers Association (KOEMA). L’événement organisé par l’Agence coréenne de promotion du commerce et l’investissement au Maroc (KOTRA) a connu la signature d’un protocole d’accord entre KOEMA et la Fédération nationale de l'électricité, de l'électronique et des énergies renouvelables (FENELEC). «Cet accord vise le développement et la dynamisation des relations entre les deux pays dans l’électricité et les énergies renouvelables. Il s’agit également de faciliter les échanges commerciaux, d’informations et de savoir-faire», déclare au Matin Eco Driss Zouaoui, président de la commission communication et partenariat à la Fenelec. L’intérêt des Coréens pour le marché marocain ne date pas d’aujourd’hui. Les entreprises du dragon asiatique sont présentes principalement dans la construction et les infrastructures.
Dans les énergies, leur présence est toutefois modeste. «Nous ambitionnons de dynamiser et renforcer nos partenariats dans le domaine énergétique. La position géostratégique du Maroc et sa stratégie énergétique nous offrent des possibilités de collaborations intéressantes», déclare Kwangsoo Hwang, DG de Kepco. Même si les Coréens n’ont pas affiché leurs ambitions énergétiques africaines, tout laisse croire que cette mission BtoB est à dimension continentale. Kepco n’étant pour le moment présent que dans deux pays africains, le Nigéria et l’Afrique du Sud. «Il pourrait y avoir effectivement des alliances dans l’énergie en Afrique. L’accord que nous avons signé stipule un échange d’informations et des partenariats pour des projets communs dans d’autres pays. Aujourd’hui, la Fenelec est bien ancrée dans le continent, la Koema, pour sa part, dispose de technologies réputées mondialement. Nous avons des avantages complémentaires qu’on pourrait associer pour percer le marché africain», nous confie Zouaoui. En effet, Kepco, détenue à 51% par le gouvernement coréen, dispose d’une véritable expertise dans le domaine électrique qu’elle exporte dans 24 pays. Le groupe travaille, d’ailleurs, sur un programme de réseau intelligent pour l’automatisation de la distribution de base de l’électricité via notamment des compteurs électroniques intelligents. Ceci a permis de corriger les différents défauts et optimiser la distribution de l’électricité, entre autres. Le pays a, par ailleurs, édifié pas moins de 831 «smart» sous-stations de trois capacités différentes (745, 345 et 154 MW) pour une capacité totale installée de 305,56 GW.
«Ce réseau intelligent sera étendu à l’ensemble du pays d’ici 2030. Aujourd’hui, il contribue à l’amélioration du taux de profit et la réduction des coûts de maintenance d’une manière considérable. Le réseau intelligent nous a permis plus de fiabilité, de sécurité, d’efficacité et une meilleure gestion de la demande tout en réduisant les émissions carbone», souligne Kepco. En tout, près de 153 technologies de pointe ont été développées dans le cadre de ce programme. Un chantier qui a valu à la Corée du Sud le taux de perte en transmission et distribution d’électricité le moins élevé et l’un des services publics les plus performants au monde. Ce programme, les Coréens comptent le dupliquer au Maroc en partenariat avec l’ONEE que ce soit pour le résidentiel ou les industriels, ceci sans oublier leurs appétits pour les projets de Masen dans les énergies renouvelables.