Agir vite et être efficace, telle devrait être la devise de Rachid Talbi Alami. Il faut dire que le sport marocain est un champ de ruine. Les parlementaires n’ont pas manqué, lundi dernier, l’occasion de le rappeler au ministre de la Jeunesse et des sports fraîchement nommé lors de l’examen du budget sectoriel de la Jeunesse et des sports au sein de la commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants. Il faut dire que ses prédécesseurs, qui se sont succédé au ministère de la Jeunesse et des sports, n’ont pas réussi à appliquer les recommandations de la Lettre royale adressée aux participants des Assises du sport en 2008. Chacun y est allé de sa théorie, mais sans réellement aller au fond des choses. Neuf ans après, la Lettre royale est toujours d’actualité. Et c’est à M. Talbi Alami qu’incombe désormais la tâche difficile de donner un coup de pied dans la fourmilière.
Revoir la convention d’objectifs
La politique des conventions d’objectifs que le ministère de la Jeunesse et des sports signés avec les fédérations sportives est à bout de souffle. La députée de l’Union socialiste des forces populaires Ibtissam Mrass a critiqué cette politique qui pompe annuellement entre 300 et 350 millions de DH sans résultats palpables. Un constat véridique puisque ce programme n’a pas donné de résultats ni à l’échelle internationale (résultats du Maroc au JO de Londres et de Rio), ni au niveau de l’élargissement de la base des pratiquants ou de la formation des arbitres et des entraîneurs. Le nouveau ministre ne peut fermer les yeux et faire comme si de rien n’était, en continuant à verser des subventions pour les résultats que l’on sait, sauf peut-être pour une poignée de fédérations. Il serait temps donc d’arrêter avec cette politique qui a engendré des présidents de Fédérations «assistées» qui attendent chaque année impatiemment que le ministère leur verse des subventions pour donner signe de vie.
Fonds national du développement du sport, l’autre dossier brûlant
Créé en vertu de la loi de Finances 1987, le FNDS a pour mission entre autres de financer les équipes nationales, l’insertion et la réinsertion socioprofessionnelle des sportifs de haut niveau et le développement des infrastructures sportives. Seulement, il s’est avéré ces dernières années que plusieurs Fonds étaient affectés aux promoteurs de l’événementiel sportif, postes de dépense qui ne figurent pourtant pas dans les intitulés prévus dans la loi des Finances. Il y a également urgence à revoir la composition du conseil d’administration du FNDS pour qu’il soit plus représentatif, en s'inspirant éventuellement de celui de la Marocaine des jeux qui alimente ce Fonds.
La Sonarges, une coquille vide
Créée en 2010, la Société nationale de réalisation et de gestion des stades (Sonarges), censée être le bras armé du ministère de la Jeunesse et des sports en matière d’infrastructures sportives, est désormais une coquille vide. La société accuse un déficit abyssal en raison de son modèle économique totalement en déphasage avec la réalité du secteur. Censée construire les infrastructures sportives, mais aussi les gérer et les exploiter de manière optimale, elle n’arriverait même plus à gérer efficacement les stades qu’elle a à sa charge. Des sites budgétivores qui nécessitent l’entretien, la sécurité, le contrôle, le gardiennage, l’hygiène et le nettoyage, la maintenance des équipements de surveillance, la sonorisation, le WiFi, l'éclairage LED, la billetterie, etc. Tout cela à un coût de 12 à 13 millions de DH par an. Le nouveau ministre doit donc s’atteler à ce dossier épineux qui traîne depuis de longues années et qu’aucun de ses prédécesseurs n’est parvenu à régler.
Le sport de haut niveau : la refonte s’impose
Depuis son lancement en 2009, le programme de sport de haut niveau a englouti quelque 190 millions de DH. Ce programme, qui a connu beaucoup de changements en cours de route, semble finalement s’être écarté de son objectif initial, qui était de préparer l’élite du sport marocain. Partis avec six disciplines admises au début, on s’est retrouvé avec 18 et cinq catégories, au lieu des deux admises au début. Un éclatement qui a dispersé les efforts pour faire plaisir à tout le monde, alors qu’il devait bénéficier uniquement aux disciplines dans lesquelles le Maroc a un potentiel. À cela s’ajoute un autre problème de taille, à savoir l’absence d’une commission technique en mesure d’évaluer le travail de chaque Fédération. Bonne chance M. Rachid Talbi Alam !
