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Les joueurs victimes de l’insolvabilité des clubs

Entre 380 et 400 dossiers traités par la Chambre nationale de résolution des litiges (CNRL) et par la Commission centrale d’appel (CCA) attendent toujours l’exécution des jugements prononcés en faveur des joueurs. D’autres joueurs, qui n’ont pas eu la chance d’obtenir gain de cause auprès des instances fédérales, ont saisi le Tribunal administratif ou carrément le Tribunal arbitral de sport (TAS).

Les clubs de la Botola 1 et 2 n’ont pas encore apuré leur contentieux financier avec les joueurs et entraîneurs dont les dossiers ont été traités par la Chambre nationale de résolution des litiges. Selon l’Union marocaine des footballeurs professionnels (UMFP), quelque 380 à 400 dossiers attendent toujours l’exécution des jugements. Seulement, les clubs rechignent à les exécuter, rendant le travail effectué par la CNRL et la CCA inutiles. «Cela ne rime à rien qu’un joueur qui obtient gain de cause attende un an ou deux ans, voire parfois plus, avant de recevoir ses indemnités», nous a indiqué Mohamed Harouane, représentant des joueurs de l’Union marocaine des footballeurs professionnels. Et d’ajouter que le règlement est appliqué, mais au compte-goutte.
«Pour indemniser ses joueurs, la FRMF procède au prélèvement sur la quote-part des clubs dans les droits télé. Avec cette manière de faire, à peine quelques joueurs sont indemnisés, les autres doivent attendre leur tour», nous a-t-il indiqué. Cette mansuétude encourage les clubs, dès qu’ils ont un litige avec leurs joueurs, à leur demander d’aller voir la fédération pour être payés. Du coup, les clubs, qui sont dans leur majorité insolvables, continuent de vivre au-dessus de leurs moyens et lèguent leurs litiges financiers avec les joueurs et/ou les entraîneurs à la FRMF. La bonne volonté de la FRMF n’a fait qu'aggraver la situation. Celle-ci n’a jamais pu rappeler les clubs à l’ordre en prononçant des sanctions pouvant aller, par exemple, jusqu'à l'exclusion des compétitions organisées par la FRMF, la CAF et la FIFA.

Témoignage émouvant d’Hilaire Koukou

Après les bons et loyaux services rendus au Raja de Casablanca, Hilaire Koukou court toujours derrière ses indemnités. Au chômage depuis deux ans, le joueur a frappé à toutes les portes, mais sans résultats. Pourtant, le joueur est fort d’un jugement en sa faveur prononcé par les instances fédérales. «C’est la première fois que je parle de ce problème délicat. Je suis arrivé au Raja en 2009 et j'ai joué pratiquement tous les matchs. J’ai tout gagné avec le club jusqu’au 2015. À l’époque, il me restait une année de contrat avec le club. Nous avons convenu d'un commun accord de nous séparer à l’amiable, moyennant une indemnité de 100 millions de centimes. J’ai signé cet engagement avec l’ancien président Mohamed Boudrika. Il m’avait avancé 25 millions de centimes et il restait 75 millions. Il devait me verser 25 millions de centimes tous les deux mois. Mais depuis août 2015, je n’ai rien reçu. Boudrika, qui était censé me payer, m’a carrément tourné le dos. Il a bloqué mon numéro de téléphone. J’ai saisi la Chambre nationale de résolution des litiges et j'ai eu gain de cause. Ils m’ont dit que je serais payé par la Fédération, mais je n’ai rien reçu. J’ai une famille, j’ai des charges. Je suis au chômage. Je ne fais qu’attendre. Je ne demande pas la charité», nous a-t-il indiqué dans un entretien par vidéo.

Le cas de Koukou est similaire à celui de l’ancien joueur de l’Olympic de Safi Karim El Morabet, qui a également obtenu gain de cause auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). Le tribunal de Lausanne a, en effet, condamné l’Olympic de Safi à verser à son ancien joueur 124 millions de centimes pour non-respect du contrat qui les liait, en plus des dommages et intérêts. Ce jugement attend toujours d’être exécuté, malgré les mises en garde du TAS. L’affaire d’El Morabet est une première dans les annales du football mondial, puisque c’était la première fois qu’un joueur était libéré au mois de mars, après la fermeture de tous les mercatos ! «J’ai signé en septembre 2014 un contrat de deux saisons avec l’OCS. Mon contrat court jusqu’au 30 juin 2016. Mais à ma grande surprise, je n’apparais sur la fiche de qualification du club qu’en janvier 2016. Le club est venu me voir le 17 février 2016 pour me demander de signer un document pour avoir une licence, alors que je suis sous contrat avec le club depuis septembre 2014. Je me pose la question de savoir si j’étais qualifié depuis le début de la saison 2015-2016. À quoi cela rimait-il de me demander de signer une licence en février 2016, sachant que le mercato a expiré ?» nous a-t-il indiqué. D’après nos informations, le montant des dossiers de litige devant le tribunal administratif ou d’appel s'élèverait à 15 millions de dirhams.

Plusieurs joueurs, dont des dossiers n’ont pas été acceptés par la CNRL, ont saisi le Tribunal administratif ou la Cour d’appel. C’est le cas de Hicham Mahdoufi. L’ancien joueur du Raja de Casablanca a indiqué au «Matin» qu’il a saisi la Cour d’appel pour défendre ses droits, après avoir essuyé un revers auprès des instances fédérales : «La FRMF ne m’a pas donné gain de cause. Elle a jugé, comme le Raja, que les indemnités de la deuxième saison de contrat étaient liées à mon rendement. Or je n’ai jamais signé de contrat de rendement avec le club. J’ai un contrat de travail que mon ancien employeur n’a pas respecté. J’ai déposé mon dossier dans un premier temps au Tribunal administratif. Ce dernier a considéré qu’il était incompétent. J’ai ensuite saisi la Cour d’appel. J’attends toujours le jugement. Cette affaire m’a anéanti. J’ai beaucoup souffert.»
En plus de Mahdoufi, Ayoub El Khaliqui a également choisi la voie de la justice contre son ancien club, le Wydad de Casablanca. El Khaliqui dispose d’une reconnaissance de dette signée par l’ancien président du WAC, Abdelilah Akram. Mais l’actuel bureau a refusé de reconnaitre cette dette. D’autres joueurs, comme Hossam Eddine Essahaji, Anouar Hadouir, Kriouita, et on en passe, courent toujours derrière leurs indemnités.

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