Les retards de paiement explosent en France. En 2016, le retard moyen s’est établi à 14,5 jours, contre 11,8 un an plus tôt, selon le baromètre annuel réalisé par le cabinet de juristes d’affaires ARC et l’Institut français d'opinion publique (Ifop). À titre de comparaison, le retard moyen de paiement au Maroc s’est élevé à 94 jours la même année, selon les derniers chiffres de l’assureur-crédit Coface. Les retards de paiement des PME en France «ont explosé sous l’effet de la reprise qui met leur trésorerie sous tension, tandis que l’amélioration s’est poursuivie du côté des grandes entreprises, selon une étude publiée mardi», rapporte l’agence de presse Reuters. «Cette première phase de reprise économique est source de tensions pour la gestion de ces entreprises puisqu’elle suppose la reprise des investissements avec une trésorerie encore fragile», souligne Denis Le Bossé, président du cabinet ARC, cité dans un communiqué.
Pour les grands groupes, l’amélioration amorcée l’an dernier se confirme avec un retard moyen passé de 10,4 jours l’an dernier à 9,6 jours cette année. Une tendance «sans doute liée à l’effet de la politique du “name and shame”», observe Denis Le Bossé en référence au fait que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) publie sur son site depuis fin 2015 les noms de sociétés lourdement sanctionnées pour non-respect des règles en la matière.
D’ailleurs, 56% des entreprises interrogées dans le cadre du baromètre estiment efficaces les dispositifs envisageables pour réduire davantage les délais de paiement comme la publication des amendes sur les bases d‘informations légales serait efficace. «Un autre levier envisageable, jugé efficace par 31% des entreprises, serait la fixation d‘un délai légal maximal unique de 30 jours, sans dérogations sectorielles, pour remplacer la définition actuelle des délais qui n‘est pas lisible et crée une confusion», note Denis Le Bossé.
Par ailleurs, selon l’enquête, le profil des retards de paiement s’est modifié avec une recrudescence des retards importants et une diminution des petits, à l’inverse de la tendance relevée l’an passé. Entre 2016 et 2017, la proportion des gros retards (supérieurs à 30 jours) a bondi de 4 à 11% pour les PME et est passée de 9 à 20% pour les grands groupes. À l’inverse, les petits retards (compris entre un et dix jours) ont diminué sur la période, à la fois pour les PME (de 58% en 2016 à 40% en 2017) et pour les grands groupes (de 57% en 2016 à 50% cette année).