«Historiquement, l'éclairage a été conçu sans penser à l'environnement. En 2017, il est temps d'évoluer. Plus de 80% de l'Humanité vit sous des cieux inondés de lumière artificielle, selon une étude scientifique de 2016. Aux États-Unis et en Europe occidentale, 99% de la population sont concernés, dont la majorité ne peut même plus voir la Voie lactée. L'alerte est d'abord venue des astronomes. En 1958, Flagstaff (Arizona) a la première restreint l'usage des lumières, pour protéger l'observatoire. Depuis une quinzaine d'années, biologistes, médecins, ONG, et même l'Unesco, ont pris le relais.
«Earth Hour», organisé par le WWF (Fonds mondial pour la nature), rappelle, au nom du climat, que la lumière est un gouffre énergétique. L'excès de lumière perturbe la reproduction des espèces, prive les oiseaux de boussole (les étoiles), épuise les insectes, trouble les saumons en migration... Pour l'homme lui-même, le dérèglement du «rythme circadien» est au cœur des préoccupations: notre horloge biologique, fondée sur l'alternance veille-sommeil, régule fonctions biologiques et hormonales. Dans de nombreux endroits s'organisent des mobilisations citoyennes. À Madrid, une pétition demande une étude d'impact. Quant à Québec ou Montréal, elles ont opté pour des LED «ambrées», comme Phoenix (Arizona) après protestation de riverains. Les 3/4 des habitants connaissent des nuits pures au Tchad, en République centrafricaine, à Madagascar. En Europe de l'Ouest, seules des poches sont épargnées en Écosse, Suède, Norvège, Espagne et Autriche.