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Les warnings de la Banque mondiale

La Banque mondiale, qui vient pourtant de relever sa prévision de croissance 2017 pour le Maroc, dresse un tableau alarmant des perspectives économiques du pays. Elle avertit qu’il est «peu probable» que la reprise enregistrée cette année s’inscrive dans la durée, compte tenu de la vulnérabilité de l’économie aux effets négatifs du changement climatique. La croissance devrait ainsi ralentir en 2018 et la création d’emplois rester faible.

Les warnings de la Banque mondiale
Pour la Banque mondiale, les nouvelles industries d’exportation resteront tributaires des importations d’intrants, ce qui limitera leur impact sur le compte courant.

La Banque mondiale revoit légèrement à la hausse la croissance du Maroc pour cette année. Dans son Bulletin d’information économique de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), fraichement publié, l’institution de Bretton Woods table sur une hausse de 4,1% du PIB cette année, au lieu de 4% initialement prévu en janvier dernier. 

Le Maroc fera ainsi presque le double de la moyenne de la région MENA estimée, elle, à 2,1% et surperformera la moyenne des pays importateurs de pétrole (3,6%) ou exportateurs de l'or noir (1,7%). Pour les perspectives à moyen terme de l’économie marocaine, les experts de l’Institution estiment qu’il est «peu probable» que la reprise enregistrée cette année s’inscrive dans la durée, compte tenu de la vulnérabilité de l’économie aux effets négatifs du changement climatique. «La croissance devrait ralentir en 2018 et la création d’emplois restera faible. La bonne récolte de 2017 entraînera une diminution des effets de base en 2018. La croissance du secteur non agricole estimée à environ 3% ne suffira pas à augmenter sensiblement le taux de croissance économique», avertit la Banque mondiale. La croissance ralentirait ainsi à 3,1% en 2018 et 3,2% l’année suivante, au lieu de 3,5% et 3,6% selon les prévisions annoncées en janvier. Les économistes de la Banque estiment que la création d’emplois dans de nouveaux secteurs industriels et dans celui des services n’est pas suffisante pour absorber les nouveaux entrants. En outre, «les nouvelles industries d’exportation ne devraient pas se développer à un rythme plus élevé et resteront donc tributaires des importations d’intrants, ce qui limitera leur impact sur le compte courant». Et ce n’est pas tout, la dépendance à l’égard des importations d’énergie se fera sentir encore plus fortement, car la facture énergétique devrait augmenter. «En somme, même si les transferts depuis l’étranger et les recettes touristiques restent dynamiques, le déficit financier restera important, à environ 5% du PIB», pronostique l'institution. 

 Pour cette dernière, les risques d’assombrissement des perspectives de l’économie marocaine demeurent prépondérants. «Les retards dans la mise en œuvre des réformes clés, dont les réformes budgétaires et structurelles pourraient accroître la grogne sociale et avoir un impact négatif sur le secteur extérieur», soutiennent-ils. En outre, la «longue transition» du taux de change pourrait entraîner des pressions sur les marchés et potentiellement abaisser les niveaux du compte courant et des réserves. Sur ce volet, la Banque affirme que le passage à un régime de change plus souple a été reporté de façon inattendue et les réserves internationales se sont contractées de près de 20% durant la période précédant la réforme envisagée. Les attentes d’une nouvelle détérioration des finances publiques et des équilibres macroéconomiques, notamment, auraient été à l’origine de ce report. «La chute des réserves internationales due aux spéculations des banques commerciales a également pesé dans la décision des autorités», estiment les économistes de la Banque. Ces derniers réitèrent que le modèle de croissance du Maroc pâtit de la faiblesse de la productivité et du rendement de l’investissement. «La trajectoire de croissance du Maroc se caractérise d’abord par un faible rendement de l’accumulation de capital lié à l’inefficacité de l’investissement du secteur public. Puis, la répartition de la main d'œuvre par secteur, qui reflète en partie les objectifs de la politique gouvernementale, fait généralement obstacle aux gains de productivité», est-il souligné. Aux yeux des experts de l’Institution de Bretton Woods, le maintien de la croissance de la productivité nécessite un accroissement de la mobilité du travail et du capital des entreprises à faible valeur ajoutée vers celles à forte valeur ajoutée, et la réaffectation du capital et de la main-d'œuvre des sous-secteurs agricoles stagnants vers des secteurs à productivité plus élevée. En outre, la qualité de l’éducation, qui entrave ces changements, doit être améliorée pour soutenir la prospérité future du Maroc.

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