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La force de l’intelligence collective

«Nul ne peut nier qu’aujourd’hui, l'avantage concurrentiel d’une entreprise n’est plus uniquement dans le rapport qualité/prix qu’elle offre à son marché mais surtout dans la cohésion et le rendement de ses ressources humaines, une culture organisationnelle basée sur la créativité, l’équité et la transparence et enfin dans sa capacité à accumuler l’ensemble de ses expériences pour instaurer une intelligence collective à même de la différencier et de renforcer sa chaîne de valeurs», indique Afafe El Amrani El Hassani, Docteur chercheuse en sciences de gestion et RSE, consultante en GRH. Comment développer cette intelligence collective et en faire un avantage concurrentiel ? Comment arriver à bien la manager ? Enfin quelles sont les conditions de réussite de l’instauration d’une telle intelligence ? Le point.

La force de l’intelligence collective
Le manager doit apprendre à écouter, communiquer, expliquer et motiver ses collaborateurs en leur offrant un climat social favorisant l’expression et la transparence.

Éco-Conseil : Quels sont les leviers de succès du management collectif ?
Afafe El Amrani El Hassani  :
L’instauration d’un style de management basé sur le développement de l’intelligence collective ne signifie pas que le manager doit être à l’affût de toute information circulant dans son entreprise, mais doit plutôt mobiliser, fédérer et motiver ses collaborateurs de façon à tracer avec eux les lignes de conduite, les stratégies à adopter et les démarches à suivre, les actions à entreprendre et les décisions à prendre pour résoudre les problèmes et faire face à une concurrence de plus en plus féroce dans un monde qui admet de moins en moins les systèmes défaillants et autocratiques.
Le manager doit apprendre à écouter, communiquer, expliquer et motiver ses collaborateurs en leur offrant un climat social favorisant l’expression et la transparence et éliminant toute sorte d’entraves à la circulation ascendante et descendante de l’information. En effet, l’asymétrie de l’information n’est plus un avantage mais un handicap qui empêche l’entreprise d’évoluer et d’innover, et sa détention n’est plus un signe de pouvoir mais une preuve du manque de confiance que manifeste le manager envers lui-même et envers ses collaborateurs. Un manager agile partage l’information, permet aux collaborateurs d’exprimer leurs idées et surtout valorise les bonnes pratiques pour cultiver ainsi une intelligence collective qui réussira, au fil de temps, à consolider l’équipe et à lutter contre toute sorte de conflits et rivalité entre eux pour laisser place à une collaboration et une coopération dans un climat favorable à la créativité et à la production aussi bien technique qu’intellectuelle.

Comment manager l'intelligence collective dans une organisation hiérarchique ?
Il est clair que l’intelligence collective est bien supérieure et donne de bien meilleurs résultats que la somme des intelligences individuelles de tous les membres d’un groupe ! C'est pourquoi il est toujours recommandé de procéder à un brainstorming et un travail de groupe pour arriver à résoudre un problème difficile, optimiser les résultats et trouver des solutions meilleures que les propositions individuelles et isolées de chaque individu à part. Pour parvenir à sortir de l’engrenage écrasant et handicapant de la hiérarchie dans son sens le plus classique, le manager devrait procéder à plusieurs initiatives, notamment la fédération de l’ensemble de ses collaborateurs et la canalisation de leurs efforts vers l’atteinte d’un objectif commun, l’instauration d’un système de management basé sur la cohésion de l’équipe et la valorisation des initiatives aussi bien individuelles que collectives, l’amélioration des conditions de travail pour créer un climat favorable à la créativité et un cadre propice à l’épanouissement des initiatives individuelles, la prise en considération des capacités et potentiels de chaque collaborateur et la constitution d’équipes de travail homogènes, unies et complémentaires et enfin la construction d’une culture propre à l’entreprise et d’un langage commun facilitant l’intégration et l’adhésion de l’ensemble des collaborateurs.

Quelles sont les conditions de réussite ?
L’intelligence collective n’est pas une affaire technique ou d’ordre opérationnel. C’est un mode de fonctionnement, un système de travail et un style de management qui relève des choix conjugués des managers et des collaborateurs. Le développement d’une organisation basée sur l’intelligence collective est une philosophie qu’adopte l’entreprise en fonction de plusieurs conditions pour faire réussir cette expérience beaucoup plus humaine que technique et beaucoup plus volontaire qu’imposée ! Elle n’admet donc ni manuel de procédures ni guide d’utilisation mais plutôt une volonté partagée du manager et ses collaborateurs de capitaliser l’ensemble des bonnes pratiques et de mettre en lumière les méthodes et processus ayant fait leur preuve et contribuer à la résolution de problèmes, l’amélioration d’un rendement ou encore l’optimisation des résultats d’un procédé. La réussite de ce choix dépend de diverses conditions comme la nature de l’activité de l’entreprise, le niveau de technologie exigé, sa taille, son ancienneté et celle de ces ressources humaines, la maturité des managers et le style de leadership appliqué. Elle est également tributaire du degré de liberté d’expression et de la marge de manœuvre accordés aux collaborateurs dans l’exercice de leurs fonctions et les canaux de circulation de l’information entre les différents organes de l’entreprise. Elle exige un haut niveau de transparence et une confiance mutuelle entre les différentes strates de la pyramide organisationnelle, une fluidité de circulation de l’information et une grande flexibilité quant au processus de prise de décision. En somme, elle demande une réelle volonté de prendre cette voie où l’enjeu est grand certes, mais où les répercussions sur le climat social, la performance et la compétitivité de l’entreprise ne sont que meilleures.  


Propos recueillis par Najat Mouhssine

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