Éco-Conseil : Quels sont les usages des outils psychométriques dans la gestion de carrière ?
Quels sont les points à examiner lors de l’évaluation des collaborateurs ?
En rapport avec l’usage des outils psychométriques, je considère que le premier point à évaluer, celui qui me paraît fondamental, c’est le système de valeurs de mon collaborateur ou de ma collaboratrice. Dans la mesure où l’outil fournit la possibilité de créer le référentiel de valeur du poste, cette mesure de l’adéquation entre les deux fournit une indication importante sur le degré de motivation que le collaborateur aura à répondre aux missions et à la finalité du poste. Ensuite, afin de s’assurer qu’il ou qu’elle assume au mieux les tâches diverses ou activités du poste, il faut mesurer le comportement.Vient ensuite la mesure des Soft Skills et de toutes les compétences transversales utiles pour faire vivre le poste et le mettre en interaction avec son environnement de façon optimale ! Enfin, et je vous surprends peut-être d’en parler en dernier, arrive le besoin de vérifier la compétence métier. Feu Peter Shutz, président de Porsche de 1981 à 1987, visionnaire en RH, disait : «Hire character, train skill !» Mes étudiants prétendent que cela renverse tout ce qu’ils apprennent en Ressources humaines ! Mais Shutz avait raison, à quoi sert la compétence métier si elle n’est pas portée par toutes les aptitudes intrinsèques à la valoriser, à l’étayer et à la transmettre ?Pensez-vous que ces tests sont suffisants pour évaluer les collaborateurs ?
Non, bien entendu. Par exemple, il m’arrive souvent en recrutement de ne pas rencontrer les candidats, de ne pas lire leur CV et de ne pas regarder leurs photos ! Mon diagnostic est alors absolument rationnel au trois quarts et permet de faire une sélection initiale quasi mathématique par rapport au référentiel créé en amont avec l’entreprise. Mon associé se charge, lui, de trier les CV sur la base des compétences métiers et des parcours et réalise les entretiens indispensables, tous les entretiens chargés du risque de démotivation d’un candidat dans les 3 mois ont été évités. En entretien d’évaluation annuel, l’accompagnement du RRH de proximité et la relation entre le manager et le managé sont une richesse ajoutée à la définition des objectifs afin que ceux-ci ne soient pas inaccessibles. Parfois, les renseignements connus du manager ou de la RRH concernant le collaborateur évalué viennent pondérer et contextualiser l’évaluation. Quoi qu’il en soit, le référent reste le collaborateur(trice) lui-même et, rien, jamais rien ne viendra remplacer la relation humaine directe, aucun processus, aucune méthode ou outil psychométrique.Quelles sont les limites de ces outils ?
Aujourd’hui, nous disposons d’une science humaine mathématiquement exacte, comme l’axiologie, pour évaluer ne seraient-ce que les compétences transversales des collaborateurs.Les évaluations des comportements et des systèmes de valeurs qui, pour leur part, donnent des indications sur les préférences des évalués en termes d’approche des difficultés, de relations interpersonnelles, de rapport à l’environnement et de rapport aux règles et leviers de motivation resteront des sciences humaines inexactes. Même si les outils psychométriques ne cessent de progresser et d’évoluer, leurs limites sont fixées par le fait que l’être humain est le seul qui possède le privilège d’en interpréter les résultats ou de les valider pour lui-même. Il faut donc raison garder et ne jamais oublier que l’outil ne peut remplacer celui qui l’a créé ! Ils sont une aide précieuse dans bien des domaines, y compris dans la gestion de carrière.Choisissez bien vos outils psychométriques !
Un couteau est un couteau et l’on peut tout essayer de couper avec, mais, un couteau à beurre est prévu pour couper le beurre et mieux défini pour cela, un couteau à viande pour la viande et ainsi de suite. Je connais beaucoup d’entreprises qui utilisent plusieurs outils, mais avec des destinations et des objectifs différents. La fidélité à un outil ne doit pas devenir une soumission inconditionnelle et, souvent, la gestion de carrière se retrouve gagnante lorsque plusieurs outils sont utilisés de façon plus appropriée en fonction des objectifs poursuivis !
• Évitez ceux qui véhiculent du jugement dans l’interprétation des résultats : excellent, bon, moyen, mauvais, sont des expressions qui laissent des traces et figent les collaborateurs, les cimentent avant de les tirer vers le bas, même lorsqu’elles sont élogieuses !• Formez des personnes ressources capables de discernement, faisant preuve de bienveillance et de flexibilité à utiliser ces outils, car la rose a ses épines et il faut savoir où poser les doigts !