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Pour être performants, soyons agiles !

L'évolution de l'environnement de l'entreprise rend l’agilité incontournable. Pour ce faire, l’entreprise doit l’initier dans tout processus de changement. Jérôme Barrand, auteur de deux bestsellers : «Le manager agile : agir autrement pour la survie des entreprises» et «L’entreprise agile : agir pour une performance durable», qui prendra part à la conférence internationale PPM 2017 organisée par Trusted Advisors les 26 et 27 octobre 2017 à Marrakech (www.ppmconferences.com), nous livre ses réflexions et analyses à propos de ce concept.

Pour être performants, soyons agiles !

Éco-Conseil : Quel est l’impact de la transformation sociétale sur le comportement individuel ?
Jérôme Barrand :
Il nous faudrait enfin admettre la véritable nature du changement sociétal que nous 
vivons : c’est une révolution qui s’exprime par l’adoption d’un nouveau modèle économique s’appuyant sur de nouveaux rapports à l’espace, au temps et à l’autre. Le concept de développement durable tend d’ailleurs à rendre compte de ces nouveaux rapports, même si cela reste encore laborieux. Nous disposons aujourd’hui d’une capacité unique à nous déplacer ou à déplacer les biens économiques. Notre approche du temps a été également radicalement transformée durant cette même période. 
Il y a encore un siècle, le temps de vie était presque exclusivement un temps de travail. Il est aujourd’hui majoritairement un temps de loisir. Enfin, les rapports humains ne peuvent plus être les mêmes. Chacun exprime de nouvelles exigences. Ces changements de rapport à l’espace et au temps ont en effet permis la démultiplication des perceptions, donc la démultiplication des modes de fonctionnement individuels.

Quels sont selon vous les facteurs qui peuvent façonner la vie des entreprises dans le futur ?
Dans cette transformation radicale, nous retenons cinq phénomènes :
• Le contexte de finitude, qui est le constat que les marchés ne peuvent plus croître et que les ressources ne sont pas infinies. C’est aussi le constat que la richesse maximum n’est plus le sens de notre société et que des valeurs plus qualitatives s’imposent. Ainsi sommes-nous poussés vers des logiques d’optimum et de partage, plutôt que vers des logiques matérialistes de maximum et de possession.
• La montée de la complexité, qui pousse les Hommes à s’organiser à l’intérieur d’entités à échelle humaine pour réduire cette complexité et à coopérer davantage entre ces petites unités opérationnelles.
• La montée de l’individualité, qui plaide pour une reconnaissance de la capacité de l’individu à penser et à agir, donc à avoir son libre arbitre et ses exigences, qu’il soit placé dans une posture de consommateur sur un marché ou de producteur dans une organisation.
• La montée de l’incertitude, qui impose naturellement la nécessité d’anticiper pour améliorer encore nos capacités de réaction. En effet, nous postulons qu’anticiper les scénarios du futur permet de s’y préparer et de réagir plus vite le moment venu.
• La montée de l’interdépendance, qui sous-tend le principe de partage du pouvoir tant à l’intérieur d’une organisation qu’entre les acteurs de l’économie d’un secteur par exemple.

Peut-on considérer que la croissance du secteur immatériel n'a pas tenu toutes ses promesses envers l’économie ?
De fait, nos économies s’épuisent et le modèle industriel basé sur la croissance du volume de biens matériels atteint ses limites, malgré toutes les recettes palliatives que nous avons mises en place : emplois aidés, délocalisations, secteurs subventionnés, innovations inutiles… la croissance du secteur dit immatériel ne tient pas toutes ses promesses tout simplement parce que, par essence même, la dématérialisation et la puissance informatique permettent de traiter d’énormes volumes de transaction sans créer autant d’emplois que dans le domaine du tangible. On a beau soutenir l’entrepreneuriat de l’immatériel, il ne peut pourvoir des emplois en proportion des efforts consentis. À cela s’ajoutent des contraintes écologiques fortes : épuisement des ressources et donc augmentation du prix des matières premières, pollution lors des transports des produits à travers le monde, gestion des déchets… En bref, nous dépensons toujours plus et pourtant la croissance et l’emploi ne sont pas au rendez-vous. Soit on attend une embellie et on adopte une posture de fatalisme, soit on essaie de mettre en place une politique industrielle volontariste. Celle-ci pourrait passer par une autre vision de la performance.

On parle de nos jours de la performance globale, dites-nous ce que vous en pensez ?
La performance a longtemps été vue sous le seul angle matérialiste du chiffre d’affaires et de la marge. Pourtant, de nombreux autres critères existent, notamment plus qualitatifs. On parle ainsi de plus en plus de performance économique, sociale et sociétale. En réalité, sous la pression d’un environnement toujours plus turbulent et ouvert, l’entreprise ne substitue pas de nouveaux critères de performance aux critères quantitatifs. Elle intègre sans cesse de nouveaux critères au point qu'on parle aujourd’hui de performance globale. Pour atteindre cette performance globale, l’entreprise a également accumulé des manières de fonctionner. Nous sommes ainsi passés d’un modèle tayloriste à un modèle libéré. Ces modèles apparemment opposés sont tous les deux à prendre en considération, car l’environnement de l’entreprise n’est pas monolithique et ne peut se contenter d’une posture dogmatique du type «libéré» ou «tayloriste». L’agilité fait cette synthèse entre les deux approches et permet de réunir les deux modèles. C’est du moins ce que nous tentons de montrer à l’aide d’une approche systémique et historique de l’entreprise tout en illustrant nos propos de nombreux exemples. 


Propos recueillis par Najat Mouhssine

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