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Pourquoi l’artisanat marocain peine à s’exporter

L’artisanat marocain dispose aujourd’hui d’une stratégie dont les résultats sont tangibles. Tous les indicateurs relatifs au secteur suivent une trajectoire haussière depuis l’opérationnalisation de la Vision 2015. Toutefois, le chemin est encore long pour une véritable modernisation du secteur et une percée à l’international.

Pourquoi l’artisanat marocain peine à s’exporter

Plus de 22,45. C’est en milliards de dirhams le chiffre d’affaires du secteur de l’artisanat en 2015, selon les derniers chiffres communiqués par le département de l’Artisanat. En hausse de 4,5% par rapport à 2014, les revenus de ce secteur stratégique sont en nette évolution ces dernières années, grâce particulièrement au déploiement d’une stratégie sectorielle : Vision 2015. Une feuille de route qui a pu dynamiser un secteur qui emploie plus de 412.201 artisans pour une valeur ajoutée de plus de 13,3 milliards de dirhams.

«Grâce au contrat programme 2007-2015, lancé par le ministère de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire dans le cadre de la Stratégie nationale Vision 2015 pour le développement du secteur, l’artisanat à fort contenu culturel a connu un développement très important durant ces dernières années. En effet, la Vison 2015 a été axée sur l’artisanat de production et en particulier sur l’artisanat d’art à fort contenu culturel», déclare au «Matin-Éco» Mohamed Khalid Alami, président de la Fédération des entreprises d’artisanat (FEA). L’État et ses partenaires, notamment la FEA, se sont mobilisés pour moderniser ce secteur et améliorer sa compétitivité.Si aujourd’hui la plupart des objectifs de la Vision 2015 ont été atteints, l’artisanat marocain présente encore des défis. «Le secteur est très fragmenté et est constitué d’une grande variété d’acteurs, à savoir une majorité de mono-artisans et un nombre réduit de PME dans les villes à tradition artisanale comme Casablanca, Rabat, Marrakech, Salé, Safi, Fès et Kénitra. Ce tissu est éclaté sur l’ensemble du territoire, avec notamment des activités dispersées en milieu rural», souligne Mohamed Khalid Alami. Ce dernier regrette, par ailleurs, l’existence d’un circuit informel qui mine le secteur et la prédominance de l’emploi à temps partiel, surtout dans le milieu rural. «L’artisanat souffre d’un manque de ressources financières dû à la faible implication du secteur bancaire. De même, les unités artisanales sont de petite taille, pas suffisamment structurées et utilisent des outils de production sommaires. À cela s’ajoutent l'absence d'une définition juridique claire du statut de l’artisan et une couverture sociale non adaptée», énumère Alami.

Autre défi majeur : la commercialisation, en particulier à l’étranger. Les exportations étant limitées puisqu’elles ne représentent que 2% du chiffre d’affaires du secteur en 2015, soit 438,7 millions de DH. Les villes de Casablanca et Marrakech concentrent, à elles seules, 80,4% du total des exportations du pays. Une meilleure visibilité de l’artisanat marocain à l’étranger passe forcément par une meilleure participation aux manifestations internationales. Pour la Fédération des entreprises d’artisanat, les PME n’accèdent pas facilement à certains marchés, et ce en raison du coût élevé des opérations de prospection. «La contribution de l’État, se limitant au financement de 80% de la location des stands, les coûts liés à la participation aux manifestations à l’étranger demeurent assez élevés (frais de transport, frais d’hébergement…)», regrette Alami.

Les difficultés liées à la commercialisation sont également dues à l’absence de zones d’activités artisanales dédiées et à la faible représentativité des PME marocaines dans les plateformes e-commerce. À ces difficultés, s’ajoute l’incapacité de certaines PME à honorer les engagements liés à la production de grandes quantités tout en respectant la qualité et les délais. De plus, «la présence d’une plateforme dédiée à l’export, qui tiendrait compte d’une attractivité fiscale appropriée, devra encourager les entreprises dans la commercialisation de leurs produits d’artisanat», recommande le président de la FEA. 

Ce dernier rappelle que la fédération a formulé plusieurs requêtes à la Chambre des conseillers. À commencer par le fameux dossier de la zone d’activité artisanale «Min’Yadina» de Casablanca. Annoncée en 2010, cette zone pilote, qui devait être située à Lahraouiyine sur 12 hectares, n’a pas encore vu le jour. La Fédération a également proposé des projets de loi relatifs au statut et à la fiscalité des entreprises exerçant dans l’artisanat. En effet, la corporation souffre d’un vide règlementaire et juridique dans l’encadrement des métiers de la profession. Concernant la fiscalité, la fédération propose d’appliquer des taux préférentiels en matière fiscale et sociale afin d’encourager les entreprises d’artisanat marocaines à déclarer leurs employés. 

 

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