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La prévention des risques sous la loupe des professionnels

Investir en santé et sécurité des travailleurs n'est plus considéré comme un effet de mode, c'est le facteur clé de leur épanouissement et leur bien-être et a fortiori de la compétitivité des entreprises. Mais pour une stratégie SST plus efficace, il est important de se pencher sur la prévention des risques professionnels. C’est ce qui a fait l’objet de la septième édition de la Journée Santé au travail organisée par la Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine (CMIM) le 19 décembre à Casablanca.

Les nouveaux chiffres présentés lors du dernier Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail (SST) co-organisé par l’Organisation internationale du travail (OIT) montrent que «le nombre de décès dus à des accidents du travail ou des maladies professionnelles est passé de 2,3 millions à 2,78 millions par an, soulignant le coût global résultant de l’incapacité à répondre de manière appropriée aux problèmes de sécurité et de santé au travail. Un coût estimé à 3,94% du produit intérieur brut (PIB) mondial par an». Plus de 3.500 professionnels de la sécurité et la santé au travail, représentants des gouvernements, employeurs et travailleurs ont confirmé lors de cet évènement mondial l’émergence de problèmes liés à la SST qui influent sur le rendement au travail. Le Maroc n'échappe pas à ce fléau mondial. Nous assistons tous les jours à de nombreux cas qui prouvent la gravité du phénomène et qui posent de nouveaux défis au regard des droits à la santé et à la sécurité au travail. Pour parer à toute éventualité d'accidents, il devient urgent de disposer de moyens efficaces de prévention, un investissement rentable et créateur de valeurs. Consciente de l'importance de cet enjeu, la CMIM a organisé mardi la septième édition de la Journée «Santé au travail» sur le thème «La prévention en santé au travail». Cette journée, devenue au fil des années un rendez-vous incontournable pour les professionnels de la santé et de la sécurité au travail, a fait de la promotion et de la prévention de la santé et de la sécurité des travailleurs son cheval de bataille. Pour cette septième édition, des experts nationaux et internationaux de renom ont répondu présents à l’invitation de la CMIM. Dans son discours d’ouverture, Abdelaziz Alaoui, président de la CMIM, a déclaré que «la prévention des risques professionnels constitue une réponse idéale pour améliorer la performance des entreprises et celles des ressources humaines. Il s’agit d’un passage obligé dans la mesure où il entraîne des résultats concrets aussi bien pour les travailleurs que les entreprises». Le président de la CMIM n’a pas nié que les entreprises marocaines notamment les adhérents de la Caisse ont pris largement conscience de l’enjeu de la prévention et du bien-être des travailleurs. Deux éléments fondamentaux qui doivent être pris en considération pour garantir la pérennité et la survie des entreprises. Le même constat a été partagé par Hicham Zouanat, président de la Commission Emploi de la CGEM : «Au niveau des grandes structures, non seulement la prise de conscience de la prévention est là, mais des stratégies sont également mises en place et font l'objet d'un suivi régulier». Toutefois, ajoute le responsable Emploi à la CGEM, «le problème persiste encore au niveau des moyennes et petites entreprises qui peinent à atteindre les résultats escomptés dans le domaine de la SST, faute de moyens». M. Zouanat recommande de se soucier davantage de la sécurité des travailleurs à travers la création d'un observatoire national de l'hygiène et de la sécurité qui aura pour mission de dresser l’état des lieux, d'identifier les insuffisances et de mettre en place des plans d’action. Les syndicats ne peuvent se permettre de laisser de côté cette question de prévention. D’ailleurs, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), El Miloudi Moukharik, considère que «la vie des travailleurs et des travailleuses n’a pas de prix. Malheureusement, certaines entreprises n’ont pas encore institué des comités d’hygiène et de sécurité au travail au sein de leurs locaux». Selon lui, uniquement 34% des entreprises ont installé cette institution pourtant obligatoire. Le SG a tenu à préciser que l’UMT place cette question au cœur de ses préoccupations et de son cahier revendicatif. 

Sa présence à cette rencontre a été, d’ailleurs, animée par sa volonté de renforcer la coopération avec toutes les parties prenantes notamment le ministère de l’Emploi. Rappelons que ce dernier a élaboré l’Infographie nationale de la santé et la sécurité professionnelle. Il s’agit d’une feuille de route pour l'élaboration d'une politique nationale sur des bases solides qui a été approuvée par la commission issue de la sixième session du Conseil de la médecine du travail et de la prévention des risques professionnels. Cette démarche a été mise en avant par le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle, Mohamed Yatim, à l'ouverture d'un Atelier de formation sur les politiques et programmes nationaux de la sécurité et la santé au travail, organisé en octobre dernier à Rabat. 

Et si la protection sociale passait par plus de coopération ?
Jean-Claude Mallet, président du Club de Réflexion sur l'avenir de la protection sociale (CRAPS), a pour sa part insisté sur le rôle que peuvent jouer les partenariats pour poser les jalons d'une véritable politique en matière de protection sociale. Notons que le CRAPS est un lieu de rencontre de réflexion, d’échange et de proposition. Sa principale force réside dans sa diversité, il rassemble une vraie pluralité de personnalités décloisonnée, des décideurs de la protection sociale. Il se démarque par cette différence fondamentale, ce qui permet d’aborder une réflexion ouverte avec toutes les entités représentatives des milieux sociaux professionnels. Dans son intervention, M. Mallet a assuré que le fait de concilier exigence économique et principe d’égalité et de solidarité nécessite le renforcement de manière permanente du principe du dialogue social au niveau des conditions de travail et en particulier la protection sociale. Et de conclure que la prévention est fondamentale dans une société moderne. L’entreprise doit avoir des salariés en bonne santé qui assurent une meilleure productivité et rentabilité à l’organisation. L'avenir doit se construire sur les bases de la solidarité et de la protection sociale pour tous. 
Rappelons qu’en marge de la sixième édition, la CMIM avait signé une convention de partenariat avec le CRAPS annonçant le lancement du CRAST-Maroc, le Club de réflexion et d’actions en santé au travail. 
Prenant part à la journée du 19 décembre, Amal El Amri, secrétaire générale adjointe de l'Union marocaine et membre du conseil d'administration de l'Organisation internationale du travail (OIT), a fait savoir que la prévention des risques est une affaire collective. Les entreprises doivent comprendre que l’investissement en santé et sécurité de travail «n’est pas une charge, mais un investissement rentable». S’engager pour assurer un tel droit est un pari gagnant pour tous. 
La vice-présidente de la CMIM a rappelé les instruments de l’OIT permettant de promouvoir un milieu de travail sûr et salubre. L’OIT a mis à la disposition des gouvernements, des employeurs et des travailleurs des outils et des normes considérables pour vulgariser les bonnes pratiques en matière de prévention et assurer une sécurité maximale au travail. Force est de constater que près de la moitié des instruments de l’OIT touchent directement ou indirectement à des questions de sécurité et de santé au travail. 

La santé mentale, garant du bien-être
Dr Imane Kendili, psychiatre, s’est penchée, pour sa part, sur «La santé mentale au travail, quelle réduction des risques ?» Selon elle, un problème de santé mentale entraine des changements majeurs dans le monde des pensées, l’état émotionnel, le comportement d’une personne et perturbe sa capacité à travailler et à entretenir des relations personnelles et professionnels. Parmi les conséquences possibles figurent la perte d’intérêt, la perte de l’estime de soi, les tentions psychologique et la mise en conflit entre travail et emploi, le Burn-out et le Bore-out. Des signes qui peuvent alerter. D’où la nécessité de prendre des mesures de prévention pour gérer les risques au sein de l’entreprise. 
Une chose est donc certaine, la santé mentale et le bien-être au travail sont aussi garants d’une bonne ambiance de travail qui influence grandement l'esprit d'équipe, voire sa productivité. L’une des solutions permettant de répondre à ce défi est la promotion du sport au sein de l’entreprise. C’est un sujet d’actualité qui a fait l’objet de l’exposé de Jean-Pierre Mougin, vice-président délégué du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). «Les valeurs sportives sont des vecteurs de succès des organisations porteuses de sens et d’énergie pour les collaborateurs, elles participent à la cohésion sociale dont se nourrit la société civile», fait savoir M. Mougin. Selon une étude effectuée par la CNOSF et le Medef en 2017, quelque 87% des dirigeants déclarent avoir déjà entendu parler des effets positifs de la pratique sportive des salariés sur la compétitivité des entreprises. À cette occasion, Jean-Pierre Mougin a souligné que le Comité français est prêt à aider le Maroc dans la démarche de promotion du sport en entreprise avec l’appui du Comité national olympique du Maroc. 


Ils ont déclaré

Abdelaziz Alaoui, président de la Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine (CMIM)

«La prévention des risques professionnels constitue une réponse idéale pour améliorer la performance des entreprises et celles des ressources humaines. Il s’agit d’un passage obligé dans la mesure où il entraîne des résultats concrets aussi bien pour les travailleurs que pour les entreprises».

 Abdelmajid El Allam, ex-directeur des relations sociales capital humain groupe d’Attijariwafa bank

«Au fil des années, la CMIM confirme son engagement et son militantisme en faveur de la promotion de la SST en entreprise. La télé-médecine et l’apport du sport en entreprise ont constitué, entre autres, des thématiques à forte valeur ajoutée en associant le vice-président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le vice-président du Comité national olympique du Maroc. Le choix du thème sur la prévention en santé et sécurité du travail interpelle les différents acteurs politiques et économiques qui veulent faire de la santé et du bien-être au travail des vecteurs de progrès».

Hicham Zouanat, président de la commission Emploi de la CGEM

«Au niveau des grandes structures non seulement la prise de conscience à la prévention est là, mais des stratégies sont également mises en place et font l'objet d'un suivi régulier. Toutefois, le problème persiste eancore au niveau des moyennes et petites entreprises qui peinent à atteindre les résultats escomptés dans le domaine de la SST faute de moyens».

El Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT)

«La vie des travailleurs et des travailleuses n’a pas de prix. Malheureusement, certaines entreprises n’ont pas encore intégré des comités d’hygiène et de sécurité au travail au sein de leurs locaux. Uniquement 34% des 
entreprises ont institué cette institution pourtant obligatoire».

Jean-Claude Mallet, président du Club de réflexion sur l'avenir de la protection sociale (CRAPS)

«Concilier exigence économique et principe d’égalité et de solidarité nécessite le renforcement de manière permanente du principe du dialogue social au niveau des conditions de travail et en particulier la protection sociale. La prévention est un élément fondamental dans une société moderne. L’entreprise doit avoir des salariés en bonne santé qui assurent une meilleure productivité et rentabilité à l’organisation. L'avenir doit se  construire  sur les bases de la solidarité et de la protection sociale pour tous».

Amal El Amri, membre du conseil d'administration de l'Organisation internationale du travail (OIT)

«La prévention des risques est une affaire collective. Les entreprises doivent comprendre que l’investissement en santé et sécurité de travail n’est pas une charge, mais un investissement rentable». 

Dr Imane Kendili, psychiatre

«Un problème de santé mentale entraîne très souvent des changements majeurs dans le monde des pensées, l’état émotionnel, mais également au niveau du comportement d’une personne. Cette situation se traduit au niveau professionnel par une perturbation de sa capacité à travailler et à entretenir des relations personnelles et professionnelles avec son entourage». 

Jean-Pierre Mougin, vice-président délégué du Comité national olympique et sportif français (CNOSF)

«Les valeurs sportives sont des vecteurs de succès des organisations parce qu'elles sont porteuses de sens et d’énergie pour les collaborateurs. Elles participent aussi à la cohésion sociale. Le Comité français est prêt à apporter son soutien au Maroc dans la démarche de promotion du sport en entreprise avec l’appui notamment du Comité national olympique du Maroc».

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