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Priorité à la rationalisation des ressources hydriques

Priorité à la rationalisation des ressources hydriques

Lors du Conseil des ministres présidé, lundi 2 octobre dernier, par S.M. le Roi Mohammed VI, le Souverain a donné ses Hautes Orientations au Chef du gouvernement pour qu'il préside une commission qui se penchera sur le problème du manque d'eau potable et des eaux d'irrigation dans les zones rurales et montagneuses. Cette commission ministérielle, qui doit se réunir dans les prochains jours, aura pour mission d’accompagner les actions et les efforts menés par le secrétariat d’État en charge de l’Eau dans la mise en place du Plan national de l’eau, en tant que plan stratégique à même d’assurer la sécurité hydrique du Royaume.

Pour rappel, la Stratégie nationale de l’eau, présentée devant S.M. le Roi par le département de l’Eau et de l’environnement le 14 avril 2009 à Fès, et qui visait à pousser les mobilisations des ressources non conventionnelles en eau à un degré optimal en agissant parallèlement sur la rationalisation de la demande, de l’offre et de l’environnement, n’a pas donnée ses fruits. À cela s’ajoute l’inadaptation du cadre juridique et de la gouvernance de l’eau de manière concertée avec l’ensemble des acteurs du secteur.

Il faut dire que la situation est grave et la question de l’eau et de la sécurité hydrique est cruciale pour le développement durable du pays. D’ailleurs, un rapport de la Banque mondiale publié en mai dernier a indiqué que le Maroc est parmi les pays qui seront confrontés à la rareté de l'eau à l'horizon 2020 à cause de la sécheresse et de la surexploitation des nappes phréatiques, ce qui lui coûterait 6% du PIB (produit intérieur brut). Et la société civile n’a de cesse de tirer la sonnette d’alarme quant à la pénurie d’eau en déclarant qu’en raison de la forte démographie et du changement climatique, entre autres, la part d’eau réservée pour chaque Marocain peut chuter à 700 mètres cubes par an, alors qu’elle était de 2.500 mètres cubes en 1960. Elle a même exhorté les autorités à intervenir pour appliquer avec plus de rigueur la loi 10-95 sur l’eau, généraliser les techniques d’irrigation moderne pour mettre fin au gaspillage qui conduit à l’épuisement des nappes phréatiques, opter pour le dessalement de l’eau de mer et surtout sensibiliser l’ensemble de la population à la nécessité de préserver l’eau, denrée névralgique.

Les Hautes Orientations royales interviennent quelques jours après les mesures d'urgence dévoilées par Saâd Eddine El Othmani et qui consistent à trouver des solutions d’ordre stratégique à travers notamment la mise en œuvre de tous les décrets organiques relatifs à la loi sur l’eau.

Pour la ministre déléguée chargée de l'Eau, Charafat Afailal, le nouveau Plan de l'eau, qui traite de toutes les problématiques concernant la gestion des ressources hydrauliques, est érigé en priorité en vue d'accompagner les grands projets mis en œuvre au Maroc et les politiques sectorielles de développement. Mme Afailal explique que ce projet, qui a pour objectif de préserver les ressources, les diversifier et mieux les gérer, s’inscrit dans le cadre des actions menées par son département pour l’encouragement et la promotion de l’utilisation des eaux usées épurées, tous usages confondus, notamment l’arrosage des espaces verts et des golfs, l’irrigation et l’industrie. La ministre relève que ce nouveau plan, qui constitue la référence principale de la politique nationale de l'eau, tente d'apporter des solutions aux problèmes de l'augmentation de la demande, de la pollution des ressources et de la gouvernance dans la gestion de ces ressources. Ce plan, qui a pour objectif de répondre aux besoins du Maroc en eau à l'horizon 2030, est une synthèse des plans directeurs d'aménagement intégré des ressources hydrauliques, élaborés par les Agences des bassins hydrauliques du Maroc, dit-elle.

Le plan ambitionne de réaliser 167 projets à l’horizon de 2030 répartis sur 9 bassins hydrauliques, à savoir le Loukkos, Moulouya, Sebou, Bouregreg Chaouia, Oum Errabia, Tensift, Souss-Massa-Draa, Guirziz Rhéris et Sakia El Hamra-Oued Eddahab. Il prévoit également la mise en place de mesures législatives et réglementaires pour promouvoir la réutilisation contrôlée des eaux usées. Il s’agit en l’occurrence de la révision des normes de réutilisation des eaux usées en irrigation, selon l’approche et les nouvelles directives de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la fixation des normes de réutilisation des eaux usées pour les usages non couverts par les normes actuelles (recharge de nappes, usage industriel…), la réglementation des déversements en mer, ainsi que la réglementation de la gestion, de la valorisation et de l’élimination des boues d’épuration.

C’est pourquoi le gouvernement a perfectionné un Plan de réutilisation des eaux usées, qui vise deux objectifs essentiels, à savoir l’éradication de l’utilisation non contrôlée des eaux usées d’ici 2020 et la réutilisation d’une manière directe ou indirecte de la totalité du potentiel en eau utilisable d’ici 2030, soit 325 millions de m³/an. Dans le domaine de l’agriculture par exemple, les pouvoirs publics ont compris qu’il existait une dualité entre les zones irriguées et les zones pluviales. Le Maroc s’est très tôt orienté vers la création de grands barrages alimentant des périmètres irrigués qui contribuent de manière prépondérante à la production agricole. Plus de 140 grands barrages et plus de 200 petits barrages en exploitation ont été recensés. Un patrimoine, auquel s’ajoutera à l’horizon 2030 une trentaine de grands barrages portant l’effectif dans cette catégorie à 170, sans compter ceux réalisés par les particuliers. À titre d’exemple, la zone d’action de l’Agence du bassin hydraulique de l’Oum Errabia compte 15 grands barrages qui permettent de mobiliser, en moyenne, près de 3.550 millions m³, selon des données officielles. Le potentiel de la région en termes d’ouvrages hydrauliques se renforcera par la construction de grands barrages, notamment ceux de Tagzirte, d’Ouzoud et de Tioughza, ainsi que la construction de barrages consacrés à la production de l’hydroélectricité dans les provinces de Béni Mellal, Azilal et Khénifra.

Les ressources en eau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma seront aussi renforcées d'environ 1 milliard de m³ supplémentaires grâce à la construction de cinq nouveaux barrages, d'une capacité d'environ 1 milliard de m◊ d'eau. Tous ces barrages seront encadrés par un dispositif juridique et règlementaire qui garantit leur sécurité. D’où l’intérêt de la loi qui viendra fixer les règles relatives à la sécurité des barrages, en vue d’assurer la protection des personnes et des biens contre les risques associés à la présence de ces ouvrages. 

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