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Protégez-vous de vos alliés !

Se protéger de ses alliés, n’est-ce pas contre-intuitif ? Pourtant, selon Farid Yandouz, Change & Management Advisor, les défaites les plus spectaculaires de l’histoire sont celles provoquées par les alliés et non par les ennemis. Pourquoi ? Comment les alliances se constituent-elles ? Comment choisir ses alliés et éviter leur défaillance ? Le point.

Protégez-vous de vos alliés !
Les alliés dépendent de la stratégie d’influence que vous adoptez et les principes que vous prônez avec votre démarche de transformation.

Éco-Conseil : Pourquoi penser à se protéger de ses alliés ? N’est-ce pas contre-intuitif ?
Farid Yandouz : Voltaire le disait pertinemment : «Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m'en charge !» Deux raisons sont derrière ce malaise. La première est que nous nous mettons souvent à l’aise avec les alliés, mais qu’ils sont capables de comprendre intimement nos faiblesses et les utiliser vilainement. La deuxième raison est que nos capacités offensives et défensives sont tellement concentrées sur nos parties prenantes résistantes que nous ne prêtons pas assez d’énergie et d’effort à nos zones de vulnérabilité que nos alliés sont censés protéger. Ceci ne veut pas dire que nous devrions être en permanence maniaques vis-à-vis de nos alliés.

Comment les alliances se constituent-elles ?
Nous avons spontanément tendance à nous entourer d’alliés, que ce soit pour se réconforter, se protéger ou pour conquérir. Être bien entouré, c'est reconnaître que nous ne pouvons aller loin que si nous fédérons la force et les volontés des autres, et surtout de ceux qui ne sont pas sous notre autorité directe. Il s’agit des parties prenantes qui influencent nos projets, mais qui peuvent avoir d’autres occupations et d'autres intérêts qui ne nous concernent pas. S’allier à ces parties prenantes est tellement intuitif qu’on peut difficilement y résister. Le risque est que nous tombions dans la précipitation de créer des alliances non par nécessité, mais par envie de satisfaire notre ego. N’oublions pas qu’il vaudrait mieux être seul qu’être mal entouré.

Cela veut-il dire qu’une bonne part de la responsabilité de la défaillance de nos alliés nous incombe ?
Une bonne part de la responsabilité de la défaillance de nos alliés nous incombe malheureusement à cause de notre précipitation à adopter leur choix. Avoir des alliés fait que souvent on tombe dans l’excitation de l’effet d’annonce au lieu de chercher la solidité et la pérennisation des accords d’alliance. Ce constat est similaire à celui des accords gagnant-gagnant. Prendre le temps de choisir ses alliés minutieusement vaut mieux que l’effet d’annonce éphémère. L’effet d’annonce sans fondement ne fait que créer des attentes très élevées par rapport aux contributions de tout un chacun, attentes qui ne peuvent qu’être déçues ultérieurement.

Comment choisir des alliés quand on veut éviter leur défaillance ?
Le choix de vos alliés ne doit pas se faire par affinité ou par docilité. Les alliés dépendent de la stratégie d’influence que vous adoptez et des principes que vous prônez avec votre démarche de transformation. Vous ne devez pas avoir des alliés indépendamment de la situation que vous gérez. Le choix de vos alliés est contextuel et reflète le positionnement de votre stratégie d’attaque ou d’initiation du changement, qu’elle soit négociée, permanente, imposée ou de rupture. Vos alliés ne sont pas censés être vos clones, intellectuellement parlant, mais doivent avoir la capacité de refléter votre stratégie sur le terrain. Cela dit, ils peuvent avoir d’autres préoccupations qui ne vous concernent pas directement. Dès lors que ces préoccupations commencent à piétiner sur votre terrain d’action et vos intérêts, vos alliés deviennent vos futurs concurrents ou même des parties prenantes qui vous résistent. Il faut comprendre que, dès que vous commencez à réussir, les agendas de vos parties prenantes peuvent changer et peuvent changer leur perception de l’engagement vis-à-vis de vous et la façon dont ils s’identifient à votre réussite. Les paroles de François de La Rochefoucauld résument si bien cette situation : «Si vous voulez vous faire des ennemis, surpassez vos amis ; mais si vous voulez vous faire des alliés, laissez vos amis vous surpasser». Dans ce cas, votre aptitude à vous protéger de vos alliés est subtilement dépendante de votre capacité à vous poser les bonnes questions au bon moment ! 

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