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Grande mobilisation à la CGEM en faveur de la diaspora marocaine. Pas plus tard que la semaine dernière, la 13e région MeM by CGEM est allée à sa rencontre à l'occasion de la 10e édition du concours Tremplin Maroc qui a eu lieu à Paris. Cette opération de séduction en dit long sur les défis que compte relever la CGEM, mais aussi tout le pays. Car, avec plus de 5 millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE), dont plusieurs dizaines de milliers d’entrepreneurs, la diaspora présente un potentiel d’investissement non négligeable. Ce n'est donc pas pour rien que MeM by CGEM se positionne comme un catalyseur de «l’internationalisation de l’entreprise marocaine et la promotion de l’approche entrepreneuriale au sein de la diaspora», déclare au «Matin-Éco» le président de la 13e région, Adil Zaidi. Selon lui, il s’agit de rapprocher les différents acteurs et de faciliter les échanges de marchandises, de services et de capitaux.
Pour ce faire, une batterie de mesures doit être mise en place pour approcher les MRE investisseurs et comprendre leurs potentialités, leurs motivations, mais aussi leurs craintes. La mission de MeM by CGEM est donc d’appréhender l’investisseur «très» en amont dans son lieu d’entreprise. La Région lui permet de manière, «même virtuelle» de prendre connaissance des opportunités et de l’environnement à partir d’un lieu d’observation qui ne lui est pas étranger. «Elle permet de constituer un réseau fédérateur des entrepreneurs du monde et leur faciliter l’accès à une information fiable et ciblée selon un canal cadré et centralisé», explique Zaidi.
Pour approcher ces Marocains du monde et répondre au mieux à leurs attentes, le président de la 13e région de la CGEM insiste qu’il faut avant tout comprendre leurs attentes. C'est ainsi que MeM by CGEM permet d’aller vers eux, les écouter et cerner leurs intérêts. Le Maroc, à travers tous les intervenants publics et privés, fait beaucoup pour l’encouragement des investissements de compatriotes résidents à l’étranger. Cependant, il y a une multitude d’intervenants et une masse d’informations plus ou moins disponibles, ce qui rend le travail de prospection ardu et compliqué, soutient Zaidi. «Il faut un circuit aisé, adapté à chaque typologie d’investisseurs pour lui faciliter la tâche». Les entrepreneurs du monde expriment également des craintes en termes de procédures administratives, de sentiment d’exclusion des cercles de confiance et d’accès à l’information». C’est pour cette raison que la CGEM insiste sur la mise en place d’une stratégie qui va au-delà de la chaine de confiance et d’information. «En clair, comment faire avancer le MeM investisseur de son environnement d’affaires jusqu’au territoire de choix pour son investissement». Le dispositif doit renfermer la coordination entre les acteurs, le recensement des besoins et des attentes, la centralisation et le déploiement de l’information. Mais aussi un aiguillage opportun vers les secteurs et les régions et enfin la mise en place de centres pour l’accompagnement et les échanges et débat. Si, traditionnellement, les Marocains du monde investissent essentiellement dans le social, notamment à travers l’aide familiale, ils sont nombreux aujourd’hui à vouloir accompagner le développement de leur pays d’origine en y réalisant de projets.
À travers la 13e région de la CGEM, cette population peut bénéficier d’un accompagnement, mais aussi d'un accès à une information utile et précise notamment sur les opportunités d’investissements dans le Royaume, la situation des différents secteurs et leurs marchés, les besoins des activités complémentaires pour le Maroc. Sans oublier, les programmes en cours (Plan d’accélération industrielle, programmes de développement régionaux, entre autres), la situation des équipements et du foncier, les moyens de financement et de garantie mis à disposition et les réglementations en vigueur. «Ces types d’informations sont cruciaux pour la prise de décision de l’investissement. L’investisseur, même acquis, a besoin d’évaluer son risque et de le couvrir».
Si l’espérance du gain ne vient pas en premier lieu, la confiance est primordiale. «Une expérience d’échec fait vaciller la confiance, non seulement pour l’investisseur, mais aussi pour tout son réseau professionnel : 1 échec peut entraîner 20 ou 30 opportunités perdues et pour longtemps». Place donc à, l'information issue de «sources crédibles et expertes».
Entretien avec Adil Zaidi, président de MeM by CGEM
«Les MeM participent au processus d’internationalisation du Maroc de manière active et innovatrice»
Le Matin-Éco : La CGEM a lancé il y a moins d'un an sa 13e région pour les MeM, quels sont ses enjeux ?
Adil Zaidi : L’objectif principal de cette région est de recenser et de fédérer les forces vives entrepreneuriales marocaines à l’étranger. La 13e région MeM by CGEM est destinée aux personnes morales de droit non marocain où un Marocain est dans la gouvernance. Les enjeux financiers sont de taille puisque la diaspora marocaine est importante en nombre, porteuse d’un savoir-faire et de compétences extraordinaires, le tout étayé par un amour de la patrie indéfectible.
En quoi consiste au juste le rôle de cette région dans l'encouragement des MRE investisseurs ?
La circulation des personnes constitue la quatrième dimension de la mondialisation aux côtés des trois autres : flux de marchandises, flux de capitaux, flux d’informations. Cependant, cette dimension a une particularité par rapport aux trois autres. En effet, si les trois dimensions peuvent être caractérisées par une standardisation et un aspect fongible, la circulation des personnes garde en chacun des acteurs un ADN propre avec des sentiments, un patriotisme et un attachement à ses racines familiales et territoriales. Cela en fait une dimension extrêmement complexe, car elle cultive des forces nouvelles avec ses multi-nationalités, multi-cultures et multi-langues et développe des faiblesses vu une sensibilité très aiguë.
MeM by CGEM est destinée à tous les entrepreneurs marocains dans le monde. Parmi eux nous trouvons des investisseurs potentiels pour agir dans le royaume. MeM by CGEM permet d’appréhender l’investisseur. Et lui permet de travailler dans une échelle territoriale.
De quels pays d'accueil sont originaires les membres de la région MeM ?
À titre indicatif, lors du «Moroccan Business Bridge», événement qui a eu lieu le 24 juillet 2017 à Rabat, plus de 300 Marocains entrepreneurs du monde ont partagé leurs expériences. Cet évènement, premier du genre, se veut une opportunité pour les Marocains entrepreneurs du monde permettant de tisser des liens avec le Maroc, mais également des liens entre entrepreneurs à l’étranger. Les entrepreneurs présents représentaient une vingtaine de pays, notamment la France, la Belgique, le Canada, les États-Unis, le Sénégal, le Japon et les Émirats arabes unis.
La CGEM MeM a également entamé depuis plusieurs mois une tournée internationale afin d’identifier les futurs «MeM ambassadors» et installer les futures antennes. La région a constaté un très fort engouement dans ce sens.
Qu'est-ce qui ferait qu'un MRE choisirait le Maroc pour investir plutôt que le pays où il est installé ?
Aujourd’hui, les opportunités d’investissement au Maroc sont diverses. Avec un PIB de 121 milliards de Dollars et un positionnement vertueux dans le Doing Business, le Maroc promeut la liberté d’entreprendre et encourage la création de richesses et d’emplois comme vecteur de développement. Jouissant d’une position géographique avantageuse, c’est un pays aux frontières ouvertes et aux réglementations claires. Le Maroc s’ancre résolument dans une dimension internationale par le biais de 53 accords de libre-échange et son positionnement en tant que hub vers l’Afrique et la Méditerranée. De facto, le Maroc est un hub logistique avec 4 grands ports Trans-loaders, notamment Tanger Med qui est connecté à 120 ports dans 56 pays. Aujourd’hui, l’investissement est fortement encouragé dans les secteurs mondiaux prioritaires que sont l’automobile, l’aéronautique, l’électronique,
l’offshoring, l’agro-industrie et le textile/cuir. Le plan d’accélération industrielle concerne 9 secteurs et plus de 30 écosystèmes. Mais le Maroc va au-delà de ses frontières. Avec l’épopée extraordinaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, c’est tout le continent africain qui est considéré avec une stratégie d’inclusion continentale grâce à l’esprit de co-développement qui prévaut avec nos pairs africains. Le Maroc se positionne aussi comme un hub dans les secteurs aérien, bancaire et d’assurance. C’est, en effet, le Maroc qui affiche le plus fort taux de pénétration des services bancaires en Afrique après l’Afrique du Sud.
Globalement, que peut apporter la région MeM à l'économie marocaine ?
À l’inverse de certains clichés sur la migration et les migrants, les Marocains entrepreneurs du monde se distinguent par leurs compétences, leurs performances et leur bonne intégration dans les pays d’accueil. Ils constituent un relais et un trait d’union entre l’entrepreneuriat du pays d’accueil et celui du Maroc et maintenant celui d’Afrique. Ils participent au processus de développement et d’internationalisation du Maroc de manière active et innovatrice. Par ce networking, elle leur donnera accès à des intermédiations de qualité capables de générer des projets ambitieux et performants et de provoquer des rencontres virtuelles et physiques répondant à un niveau d’excellence élevé. Cette agrégation et appartenance à un espace région aidera à l’internationalisation de l’entreprise marocaine et intensifiera le niveau de son élite.
L’initiative de la CGEM a fortement été appuyée par le ministère délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration dans le cadre d’un partenariat de coopération, de soutien et de synergie. À ce niveau, je me dois de souligner l’implication directe et totale du ministre Abdelkrim Benatiq qui illustre l’exemple parfait du partenariat public-privé efficace et ambitieux. Le ministère de la Justice, a également exprimé son appui à l’initiative et sa volonté ferme de participer à sa réussite.
