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Les régions du Sud ont besoin d’un cadre des affaires lisible, prévisible et incitatif

Les régions du Sud du Royaume sont sur la voie d’une transformation profonde qui promet d’en faire un hub économique, suite au lancement, il y a deux ans, du nouveau modèle de développement de ces régions. Une mutation qui nécessite, toutefois, l’activation d’une multitude de leviers pour une mise en œuvre accélérée de ce plan ambitieux et, par conséquent, la création d’une dynamique de croissance qui permettra d’optimiser l’exploitation des secteurs portant actuellement l’économie de ces régions et de favoriser l’émergence de nouvelles activités.

Les régions du Sud ont besoin d’un cadre  des affaires lisible, prévisible et incitatif
Les secteurs qui constituent actuellement l’ossature de l’économie régionale sont la pêche maritime, l’industrie, l’énergie, les mines, l’agriculture et l’élevage.

Les régions du Sud du Royaume sont en train d’accéder à un nouveau palier de croissance, suite au lancement, il y a deux ans, du nouveau modèle de développement de ces régions. Une transition qui nécessite, toutefois, l’activation d’une multitude de leviers pour une mise en œuvre accélérée de cette feuille de route. Ce qui devra se traduire par la création d’une dynamique de croissance permettant à la fois d’optimiser l’exploitation des secteurs qui portent actuellement l’économie de ces régions et de favoriser l’émergence de nouvelles activités. C’est la conviction de Mohamed Lamine Hormatollah, président de Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) Sud qui note que l’État doit assurer le passage à un cadre économique «lisible, prévisible et incitatif pour les investissements et les activités commerciales». Ainsi, précise-t-il, pour améliorer et assainir le climat des affaires, il convient d’offrir au secteur privé un système fiscal basé sur des textes clairs et stables sur une longue durée, car la fiscalité devrait renforcer l’attractivité des régions du Sud (IS et IR avantageux, TVA et taxes locales normalisées…). 
Les secteurs, qui constituent actuellement l’ossature de l’économie régionale, sont notamment la pêche maritime, l’industrie, l’énergie, les mines, l’agriculture et l’élevage. 
Ainsi, le secteur des pêches maritimes, qui repose sur 6 ports, a favorisé l’essor de l’activité comme en témoigne l’évolution des prises débarquées aux ports du Sud qui ont atteint plus de 1.000.000 de tonnes/an, soit 80% de la production nationale des flottilles côtières et artisanales avec un rythme de croissance exceptionnel (242% en dix ans en termes de tonnage et 653% en termes de valeur pour la même période). La particularité de ce secteur est qu’il exerce un effet d’entrainement immédiat sur les activités connexes (industrie de transformation, commerce, services, tourisme, etc.), ainsi que la création d’emplois. D'ailleurs, le secteur industriel, étroitement lié à la pêche, est localisé en grande majorité à proximité des ports. Toutefois, la valorisation des ressources halieutiques reste «timide». De ce fait, les régions du Sud demeurent en général sous-industrialisées et ont besoin de la promotion de l’investissement privé et la diversification des activités et des débouchés pour l’expansion de leur potentiel industriel. Pour le secteur de l’énergie et des mines, l’exploitation des ressources se limite aujourd’hui essentiellement à l’extraction des phosphates et à l’exploitation des carrières de sable et de sel, vu que la multitude des programmes de prospection qui ont été lancés par les organismes concernés n’a pas donné de résultats probants.
S’agissant de l'agriculture, secteur où les régions du Sud disposent d’importantes potentialités, elle commence à se moderniser à travers des projets de cultures comme la céréaliculture, la culture arboricole et la culture maraîchère dans la région de Guelmim-Es Smara, ainsi que la production des primeurs sous serres dans celle de Oued Eddahab-Lagouira. Un plan agricole régional s'inscrivant dans le Plan Maroc vert et visant la relance du secteur dans la région a été élaboré. L’élevage commence également à être présent tel que celui du dromadaire et des vaches laitières dans le périmètre de Tawarta traditionnel, avec la production du lait de camélidés et ses dérivés. Côté aviculture, les premières expériences ont donné des résultats jugés satisfaisants malgré des conditions climatiques et naturelles peu favorables. Le milieu naturel est adéquat pour des niches prometteuses comme l’élevage d’autres espèces : autruches, outardes…Par ailleurs, des activités telles que le tourisme, les énergies renouvelables, l’immobilier, le transport ainsi que le commerce et services ne demandent qu'à être développés. Ainsi, en dépit de nombreux atouts de ces régions et des possibilités que recèlent les grands espaces côtiers vierges pour des activités touristiques balnéaires, «le secteur est entièrement à développer», note le patron de l’antenne régionale de la CGEM dans les régions du Sud. C'est en soi un avantage pour l’avenir, à condition d’instaurer des mesures strictes de préservation des sites naturels et de veiller au choix d’aménagements de grande envergure sous forme de projets intégrés de qualité, relève-t-il. Au-delà du balnéaire, le tourisme dans les provinces du Sud doit entamer une nécessaire diversification couplée à des opérations de communication et de marketing. Les régions du Sud disposent, en outre, d’un potentiel considérable dans les énergies renouvelables. On estime actuellement leur rayonnement solaire moyen à 2 kWh/m² par jour et leur potentiel éolien à plus de 3.000 MW. Autre secteur prometteur, le secteur du commerce et des services. Les régions du Sud sont, en fait, une porte commerciale de l’Afrique sur le Maroc. 
Et c’est justement pour une meilleure valorisation des ressources et des potentialités de ces régions que S.M. le Roi Mohammed VI a lancé en novembre 2015 à Laâyoune le nouveau modèle de développement des Provinces du Sud. Celui-ci vise aussi la dynamisation et la promotion de l’investissement privé qui passe aussi par la création d’un environnement institutionnel et infrastructurel favorable à l’éclosion de l’entreprise via des partenariats public-privé (PPP). L'objectif est de faire de ces régions un hub économique en lançant plusieurs projets structurants. Dans ce sens, des comités régionaux de l’environnement des affaires ont été créés dans les trois régions et plusieurs conventions de partenariat signées (régions/ministère/entreprises publiques/entités de promotion, etc.) pour le développement et la promotion des investissements. De plus, d’autres actions et opérations sont en cours et concernent la construction et le renforcement d’infrastructures portuaires et aéroportuaires, voies d’accès et autres réformes institutionnelles ou réglementaires pour encourager et promouvoir les PME. De même, parmi les projets d'investissements de près de 5,4 milliards DH annoncés par la CGEM, certains sont déjà réalisés et en exploitation, dont celui de l’enseigne McDonald’s, et d’autres sont en cours de réalisation, comme le projet immobilier du promoteur Addoha et des projets dans l’aquaculture et l’agroalimentaire, avec plusieurs unités en construction.


Entretien avec Mohamed Lamine Hormatollah, président de CGEM Sud

«L’environnement institutionnel des affaires est incertain»

Le Matin-Éco : La CGEM s’est dotée d’une antenne régionale dans le Sud en novembre 2013. Où en sont globalement les actions entreprises en vue de la mise en œuvre d’une politique économique et d’investissement au profit des opérateurs du secteur privé ?

Mohamed Lamine Hormatollah : La CGEM Régions Sud est structurée de façon à être la plus proche des entreprises, afin d’être à leur écoute et de répondre à leurs besoins. C’est dans ce sens que nous avons trois vices-présidents généraux représentant chacun une région du Sud. Physiquement, la CGEM Régions Sud compte deux sièges, l’un à Laâyoune et l’autre à Dakhla. Par ailleurs, afin de mieux servir le tissu entrepreneurial, plusieurs conventions et accords de collaboration et partenariat ont été signés avec les principaux acteurs publics et privés au niveau des 3 régions. Citons à titre d’exemple, la participation de la CGEM Régions Sud à la création et aux travaux des comités régionaux de l’environnement des affaires (CREA Dakhla-Oued Eddahab, CREA Laâyoune-Sakia Al Hamra et CREA Guelmim-Oued Noun), en plus de la contribution à l’élaboration des plans de développement régionaux.S’il est un constat qu’il faut étaler de prime à bord, c’est que les régions du Sud regorgent d’opportunités en matière d’investissement et de besoins en produits et services. Partant de cet état de fait, la CGEM a lancé une initiative de mobilisation des investissements et de création d’emplois au profit des 3 régions. Ainsi et pour pouvoir accompagner ces investisseurs, la Confédération s’est associée au ministère de l’Intérieur et aux autorités locales afin de faciliter les démarches administratives, et ce, dans le cadre d’un partenariat-public-privé.Le forum organisé à Laâyoune en 2015 a permis la mobilisation des opérateurs économiques de plusieurs régions du Royaume et des autorités locales (élus locaux, administration) qui interviennent dans l’acte d’investir.

 

Quelles sont les contraintes que rencontre le secteur privé dans les régions du Sud ?

À ce sujet, j’aimerais insister sur l’indisponibilité du foncier, en l’occurrence les infrastructures d’accueil (zones industrielles, zones d’activités économiques, etc.) ; l’eau, la puissance énergétique, les sites non identifiés ou difficiles d’accès ; le manque de qualification et de compétences pour l’industrie ou autres investissements ; l’incertitude de l’environnement institutionnel des affaires : système fiscal invisible…

 

Enclencher une dynamique d’investissement créatrice d’emplois est l’un des objectifs de la CGEM Régions du Sud. Qu’est-ce que vous préconisez pour ce faire ?

En me référant aux contraintes que j'ai citées, nous continuons à œuvrer, en partenariat avec les autorités locales, pour un meilleur environnement des affaires et ce par :

• La création et l’aménagement d’une infrastructure d’accueil des investissements industriels, touristiques, commerciaux et de services à des prix abordables.

• Mettre en place des appuis diversifiés au profit des régions du Sud pour stimuler l’investissement et favoriser un développement territorial équilibré.

• Accélérer l’élaboration d'une véritable charte de déconcentration administrative, qui confère aux services régionaux les prérogatives nécessaires pour assurer la gestion des affaires des régions au niveau local.

• Accélérer la mise à niveau des entreprises locales en les accompagnant dans la réalisation de leurs investissements.

• Créer un fonds d’investissement dédié au financement des projets des TPME dans les régions du Sud.

• Inciter les collectivités locales (régions, communes, etc.) à travailler dans le cadre des PPP afin de pallier les carences : création de SDL (Sociétés de développement local, Ndlr) à l’exemple d’autres régions du Royaume.

• Prévoir des zones franches et des zones logistiques au niveau des zones frontalières, d'autant que les régions du Sud constituent actuellement la porte de l’Afrique, et d’y appliquer les incitations subséquentes pour la promotion des exportations vers l’Afrique subsaharienne.

Il reste à noter que l’environnement des affaires dans les régions Sud souffre d’un manque de visibilité au niveau du cadre juridique pour l’investissement, en l’occurrence dans le domaine fiscal. Il convient donc de prévoir un cadre juridique dynamique et incitatif pour les investissements.

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