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Sur les traces du géographe Acharif Al Idrissi

Fidèle à une tradition d’ouverture sur son environnement immédiat et dans un souci de faire profiter les étudiants et les chercheurs de l’Université Ibn Tofaïl du riche patrimoine culturel dont elle dispose, la Fondation Sidi Mchiche Alami de Kénitra présente actuellement, à la salle d’exposition de la Faculté de lettres, une collection de manuscrits, d’ouvrages, de cartes géographiques et de documents historiques consacrés au grand géographe et homme de science marocain, Acharif Al Idrissi.

Sur les traces du géographe Acharif  Al Idrissi
La salle d’exposition de la Faculté de lettres de Kénitra présente une collection de manuscrits, d’ouvrages, de cartes géographiques et de documents historiques consacrés au grand géographe Acharif Al Idrissi.

Lors de la cérémonie inaugurale, plusieurs personnes invitées n’ont pas manqué d’exprimer leur émerveillement devant un trésor rare et d’une grande valeur historique et culturelle. Le président de la fondation, Dr Mustapha Mechiche Alami, n’a pas manqué de rappeler, à cette occasion, la richesse du patrimoine culturel marocain en soulignant qu’une grande partie de ce grand héritage historique, source de fierté nationale, est encore méconnue et mérite d’être mise en valeur. Compte tenu de la stature culturelle et historique du géographe Acharif Al Idrissi, le président de la Fondation Sidi Mchiche Alami a émis le souhait que l’une des universités marocaines, qui pourrait être édifiée dans un proche avenir, porte le nom de ce grand scientifique au savoir encyclopédique. Il a également renouvelé son engagement d’ouvrir les portes de sa fondation aux chercheurs et aux étudiants désirant approfondir leur connaissance dans les différents domaines de la culture, de la science et de l’Histoire arabo-musulmane. Cette exposition a été l’occasion pour les visiteurs d’apprendre que cette grande figure de la science et de la pensée est née en 1099 à Sebta. Il inventa la première carte du monde qui constitue l’une des cartes les plus avancées du Moyen Âge. Cette carte a été adoptée par les Européens durant huit siècles. Le public a pu constater que le nombre de copies de certains documents est très limité, comme c’est le cas de l’ouvrage «Nuzhat al Mushtâq», reproduit en 80 exemplaires de l’édition de Rome de 1592, par l’Université Goethe de Francfort en Allemagne, en 1992.
L’exposition comporte aussi une copie du planisphère réalisé par Al Idrissi à la demande du roi normand Roger II de Sicile. On y trouve également une autre perle : «Uns Al Muhaj oua Rawd Al Furaj», écrit sous le règne du Roi Guillaume 1er ; «Sciences et techniques en Islam», en cinq volumes, consacré au travail d’Al Idrissi par des experts européens, et «Géographie islamique en Sicile», composé d’un ensemble de textes et d’études sur le géographe Al Idrissi.

«Mappemonde» (carte du monde, vers 1154) a été l’une des grandes réalisations de ce grand savant marocain. L'inspiration principale d'Al Idrissi est venue de deux géographes de l'ère pré-islamique : Paulus Orosius, un voyageur espagnol, dont une histoire, écrite au Ve siècle, comprend un volume de géographie descriptive, et Ptolémée, le plus grand des géographes classiques, dont «la Géographie», écrite au deuxième siècle, a été complètement perdue pour l'Europe, mais a été préservée dans le monde musulman dans une traduction en arabe.
La contribution de Charif Al Idrissi ne se limite pas à la géographie. L’exposition comprend également des documents de divers domaines de la connaissance. Son «Kitab al-Jami-li-Sifat Ashtat al-Nabatat» (Livre rassemblant les descriptions fragmentaires des plantes) témoigne de ses connaissances approfondies en botanique. Il a étudié et examiné la littérature disponible en son temps sur les plantes médicinales et fait progresser les connaissances en la matière depuis les Grecs anciens, mettant à la disposition des médecins un grand nombre de nouvelles plantes médicinales avec leur évaluation médicale. Il a donné les noms de ces plantes dans six langues : syriaque, grec, persan, hindi, latin et amazigh. Outre la botanique et la géographie, Al Idrissi a aussi écrit sur la faune et la zoologie. Son œuvre écrite en arabe a été rapidement traduite en latin. L'une des contributions les plus remarquables d'Al Idrissi était sa conviction que le monde était sphérique. Certaines de ses déclarations dans son livre comme «La Terre est ronde comme une boule» étaient en effet révolutionnaires pour l'époque. Jusqu'à la fameuse expédition de Christophe Colomb, les médiévistes et les astronomes ont persisté dans la diffusion de la fausse idée que le monde était plat. 

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