Éco-Conseil : Une grande majorité de personnes se plaignent d’une baisse d’énergie et de productivité pendant le Ramadan. Est-ce un effet psychologique ?
Leïla Naïm : C’est plus les agréments liés au régime de vie pendant le mois sacré qui altèrent le dynamisme chez les individus et peuvent faire en sorte de ralentir leur cadence au travail. En effet, le mois du Ramadan est associé à la notion de privation, chose qui pousse certaines personnes à assurer le service minimum. Des personnes manquent de rentabilité durant ce mois-ci et le justifient par le fait qu’ils jeûnent. Certes, le mois du ramadan a des aspects moins agréables que d’autres, tels que les maux de tête, le besoin de nicotine chez certains, le manque de sommeil et la sensation de faim ou de soif parfois. Toutes les excuses deviennent bonnes pour ne pas travailler au rythme habituel. Le changement des habitudes alimentaires et du rythme du travail affecte, de ce fait, directement, le rendement. En effet, dans certains cas, la privation n'est qu'un prétexte pour lever le pied. En somme, la baisse de régime n'est pas une
fatalité ; on peut jeûner et travailler correctement. Tout est question de conviction, mais aussi d'organisation.
Que faire pour booster son efficacité au cours du mois sacré ?
Il suffit pour cela de tenir compte du Ramadan dans le programme de production. Durant la journée du Ramadan, il a été constaté que les salariés sont plus productifs avant 14 h. De ce fait, il faudra s’organiser de façon à ce que les tâches complexes et exigeant plus de concentration et d’effort mental se fassent la matinée, avant 14 h. Ainsi, il revient à l’entreprise d’optimiser le temps de travail en planifiant les équipes et les mobilisant autour de la production pendant la matinée. Le salarié, lui-même, pourra faire l’effort de respecter des horaires de sommeil fixes. Cela lui évitera la somnolence durant les heures du travail, le manque de concentration, le manque de vigilance, la baisse d'attention et l'irritabilité, qui sont dus essentiellement au manque de sommeil. Pour les addicts à la nicotine et à la caféine, ils pourraient faire en sorte de reconvertir la table du shour en une table de petit déjeuner énergétique. Il ne faut pas oublier d’intégrer l’activité physique et sportive durant la journée de jeûne. Cela permet de créer de l’énergie et de la maintenir.
On a également l’impression que les conflits sont plus fréquents. Pour quelle raison et comment les éviter ou du moins les gérer ?
Effectivement, les conflits se multiplient pendant le mois sacré en entreprise, pour les mêmes raisons touchant au manque d’hygiène de vie et de sommeil. De plus, certaines personnes s’autorisent des comportements nerveux durant ce mois-ci sous prétexte qu’ils jeûnent ou qu’ils ne fument pas. Ils s'autorisent cela parce que c'est communément admis qu'on approuve les comportements agressifs et les manifestations de nervosité en entreprise pendant ce mois-ci. On ne peut pas réduire l’être humain à un tube digestif ! Pour réduire les conflits en entreprise, les managers peuvent avoir recours à des manifestations culturelles durant ce mois-ci tels que les ftours collectifs ou les actions de bénévolat ou de citoyenneté dont l’objectif est de rappeler les valeurs humanistes de l’entreprise en les mettant en accord avec les valeurs de la paix et d’amour de son prochain, véhiculées par l’esprit du Ramadan.