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Jeudi 28 Mars 2024
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Un manque flagrant d'espaces verts

La capitale du Gharb a été frappée par un phénomène que certains n’hésiteraient pas à qualifier de désertification urbaine. Elle souffre actuellement d’un manque flagrant d'espaces verts, alors qu’elle porte le nom de «ville des marguerites».

Un manque flagrant d'espaces verts

Quand le bâtiment va, rien ne va ! L’avancée inexorable du béton est devenue une source d’inquiétude pour les Kénitréens qui regrettent le temps où existait un équilibre harmonieux entre le cadre bâti et les espaces verts. Aujourd’hui, il faut traverser plusieurs centaines de mètres avant de tomber sur un semblant de jardin public.
Depuis plusieurs années, Kénitra a été victime du changement de zonage, conformément aux dispositions de l’ancien plan d’aménagement. Une réglementation qui a stimulé l’appétit vorace de promoteurs immobiliers peu soucieux de la dimension environnementale, alors que la ville ne souffre aucunement de manque de foncier. Depuis la moitié des années 1990, on assiste à une extension verticale.

Et ce par la démolition des anciennes demeures et villas qui ont été remplacées par des immeubles accolés les uns aux autres. Cette situation a réduit de façon brutale les espaces verts, véritables poumons de la ville et réceptacles des eaux pluviales. Plusieurs quartiers faisant référence à des plantes ou à la nature, tels que Mimosas ou la Maâmora, se sont transformés en quartiers de béton. Durant la saison d’été, ces quartiers se transforment en véritables chaudrons. Faut-il rappeler que les espaces verts assurent une régulation naturelle des températures ? En atténuant l’effet des îlots de chaleur urbains, ils réduisent les pics de chaleur durant les nuits d’été.
Selon plusieurs experts, la présence de verdure dans les centres urbains a un impact sur l'esprit. En effet, une étude française sur le développement durable dans les espaces urbains observe chez les citadins vivant à proximité d'un parc ou un espace vert une «baisse du niveau d'angoisse et une augmentation du bien-être par la régulation de la fatigue mentale».

D’un autre côté, les opérations de bétonnage de la ville des marguerites ont entraîné l’abattage de plusieurs arbres d’alignement qui se trouvaient en face des nouveaux immeubles. Certains de ces arbres datent du début de la création de Kénitra en 1913. Les propos d’un ancien résident du quartier de la Gare expriment un sentiment de regret et de nostalgie : «J’ai été hélas obligé de quitter la villa où j’ai vécu pendant plus de trente ans. Je ne suis d’ailleurs pas le seul. Plusieurs personnes du quartier de la Gare ont dû faire de même. Rien qu’en l’espace de quelques mois, notre maison a été encerclée par des immeubles R + 6 dans une petite rue qui, à mon humble avis, n’est pas faite pour ce genre de constructions. Le quartier a d’ailleurs perdu de son charme et de sa quiétude d’antan.» Le comble de l’absurde est que l’ancien plan d’aménagement de la ville de Kénitra n’a pas omis d’intégrer les espaces verts au niveau des lotissements et des groupements d’habitations. Et ce, conformément aux lois en vigueur. Mais la réalité est toute autre sur le terrain. Le tsunami bétonnier a privé plusieurs quartiers des bienfaits des rayons de soleil et de l’odeur vivifiante des plantes et des fleurs. Aujourd’hui, les habitants de Kénitra sont obligés de se déplacer à l’extérieur de la ville pour respirer un peu d’air et goûter aux délices de la nature. 

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