Et si les fournisseurs étrangers accordaient un délai de paiement de 30 jours aux entreprises africaines, plutôt que de leur demander un paiement au comptant ou en avance ? Cela libérerait 33,5 milliards de dollars de besoin en fonds de roulement (BFR) additionnel pour les entreprises du continent en 2018, selon Euler Hermes. Pour les entreprises marocaines, le BFR libéré serait de 1,1 milliard de dollars, soit 1% du PIB du pays. «Un excédent qui pourrait par exemple être utilisé à des fins d’accroissement de productivité», souligne le leader mondial de l’assurance-crédit, dans une nouvelle étude publiée le 31 juillet. Selon Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes, 64% des importations africaines sont payées en avance.
Globalement, tous les pays d’Afrique ont intérêt à voir les délais de paiement à l’import s’allonger, particulièrement l’Algérie (un gain de 4,9 milliards de dollars en BFR), l’Égypte (4,6 milliards), le Nigeria (3 milliards), l’Angola (2,6 milliards) et la Libye (2,3 milliards). Le Maroc figure dans le top 10 des pays potentiellement bénéficiaires, aux côtés notamment de l’Afrique du Sud (un allégement en BFR estimé à 1,6 milliard de dollars).
L’enjeu à moyen terme reste important. Pour les années à venir, Euler Hermes prévoit une croissance annuelle moyenne des importations africaines de 8%. «Si un délai de paiement de 30 jours était accordé aux entreprises africaines sur leurs importations, le BFR additionnel généré serait alors de 45 milliards de dollars en 2020. Le développement parallèle du financement commercial, facteur clé de confiance entre les agents économiques, est essentiel pour que le continent africain saisisse cette opportunité», soutient l’assureur-crédit. Selon Stéphane Colliac, économiste en charge de l’Afrique chez Euler Hermes, si au Maroc les grandes entreprises ont un délai moyen de paiement de 84 jours, 30% des transactions impliquant des petites entreprises sont toujours payées au comptant.