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À Agadir, le Hassania a définitivement scellé la réconciliation avec ses supporters

Champion d’automne à l’issue d’une phase aller où il aura été le club le plus régulier, le Hassania d’Agadir a réussi le pari de conserver son identité de jeu (très offensif) tout en remédiant à ses carences défensives cette saison. Une entame que le club n’a plus réussie depuis la double consécration sous la houlette de M’hamed Fakhir, de 2001 à 2003. «Le Matin» est allé à la rencontre des artisans de ce succès, du président au coach de l’équipe en passant par les joueurs et le directeur du stade Adrar. Reportage.

À Agadir, le Hassania a définitivement scellé  la réconciliation avec ses supporters

Il est 16 heures à Agadir, le classico espagnol vient de se solder par une tonitruante victoire du FC Barcelone au Bernabeu et l'issue du match est le principal sujet de discussion partout dans la ville, même dans les locaux du Hassania Union sportive d'Agadir. Devant la porte d'entrée du stade «Inbiaâte», ancien fief de l'équipe première en Botola D1, une vingtaine de garçons, tous vêtus aux couleurs du HUSA, les «poussins de l'équipe», commentent également la partie remportée par les Blaugranas et semblent toujours excités, bien qu'ils viennent d'achever leur séance d'entraînement. Toutefois, leur attention est soudain braquée sur une voiture qui stationne devant le club. Tout en admiration, ils scrutent les moindres faits et gestes de l'un des piliers de l'équipe professionnelle, Badr Kachani, qui devait assister avec l'ensemble de ses coéquipiers à une séance de visionnage pour préparer une confrontation face au Wydad de Casablanca.
Dans le siège du club, le président, Habib Sidinou, nous reçoit avec ferveur, mais se voit interrompu par une tirade moqueuse au net accent hispanique : «Votre équipe a reçu une sacrée raclée Monsieur le président, vous avez l'air nettement mois confiant du coup», lançait l'entraîneur Miguel Angel Gamondi, visiblement enchanté par le score réussi par le Barça il y a 2 heures. Après un échange chaleureux, le président nous confie son technicien pour un entretien qui durera une demi-heure, et au cours duquel l'Argentin d'origine italienne nous livrera quelques-unes des clefs de son succès avec la Gazelle du Souss, car il y a bien lieu de qualifier son parcours avec le Hassania de succès.

Gamondi, un coach-manager à l’européenne

De retour au club après une brève expérience en 2007, Gamondi est revenu à Agadir en 2014 pour enfiler la casquette de directeur technique responsable de toutes les catégories du club. Trois saisons plus tard, il retrouve sa place sur le banc de touche en tant que coach de l'équipe A et propulse le club en tête du classement de la Botola D1 au terme la phase aller, en révolutionnant tous les secteurs de jeu du club phare de la région du Souss. Sur trois des quatre dernières saisons, le HUSA avait hérité du titre malheureux de «pire défense» du championnat, encaissant plus de 40 buts sur 30 matchs. Mais sous la houlette de l'Argentin, l'équipe affiche une moyenne de 0,8 but encaissé par match, tout en gardant son net penchant offensif (en moyenne 1,9 but marqué par rencontre, meilleure attaque du championnat avec 27 buts).
«Nous avons pratiquement recruté une nouvelle défense et un nouveau gardien, nous évoluons avec un autre système de jeu et tous les joueurs sont désormais impliqués. À mon avis, la défense commence à partir des attaquants, c'est tout le bloc-équipe qui doit s'engager pour éviter d'encaisser», affirme le technicien avant d'avouer que le titre n'était pas un objectif en début de saison : «Je crois qu'une consécration se joue à 7 ou 8 matchs du terme. Et même si on n’y arrive pas, notre vraie cible est une place qualificative en Coupes continentales, pour permettre aux jeunes de l'équipe d'engranger de l'expérience. 
Je préfère miser davantage sur la formation de nouvelles générations afin de garantir l'avenir du club. On peut investir chaque année pour remporter le titre, mais un centre de formation de qualité, on le construit une seule fois et on en profite pour toujours», conclut-il.

Une sortie de crise plus favorable que prévu

Dans le hall de réception, quelques-uns des cadres de l'équipe entretiennent une vive discussion. Le capitaine Jalal Daoudi, meilleur buteur du championnat, esquisse une improvisation dans le style des rapeurs américains. Le feu follet de l'équipe, Badiî Aouk, et le gardien de l'équipe, Abderrahmane Houasli, eux, apprécient le spectacle en piquant des crises de rires.
Dans le bureau du président, Badr Kachani, quant à lui, nous en dit davantage sur le parcours réussi de son équipe cette année : "En toute sincérité, nous sommes la meilleure équipe de la compétition depuis l'entame. Nous avons tenu tête à des adversaires de grand calibre et nous produisons un spectacle très apprécié par le public. Le coach Gamondi fait un travail remarquable aussi. Il est très proche des joueurs, il nous encourage sans cesse et repère facilement nos sautes d'humeur, nos tracas... C'est cela qui fait la différence par rapport à Sektioui, qui est aussi un grand coach, mais avec un caractère plus rugueux». Le président Sidinou, lui, s'adonne au jeu des questions-réponses avec beaucoup d'enchantement. Normal, quand on sait que l'équipe vient de passer par une période d'agitation extrême, marquée par une querelle qui a failli scinder le bureau dirigeant en deux parties. 
En effet, le secrétaire général et le trésorier avaient procédé au paiement de certains fournisseur sans en aviser le président, une opération qui avait même menacé la réélection de Sidinou à la tête de l'équipe en 2015. À présent, une fois que le conflit a été résolu et que les composantes du club travaillent en synergie, le HUSA semble promis à un avenir meilleur, aux dires du président : «Il n’y a jamais eu détournement de fonds, il était simplement question de versements effectués sans mon consentement. À présent, seuls le président et le trésorier ont le droit de signer des chèques, on a définitivement dépassé le problème. Depuis, un travail collégial a été fourni pour hisser le club à son niveau actuel. Nous avons recruté un coach qui connaît très bien le club et ses potentialités et qui signe d’excellents résultats. À présent, nous aspirons à régler d’autres problématiques, comme l’accès des supporters au stade. Il y a aussi d’autres projets à l’instar du centre de formation et des multiples conventions de partenariat que nous comptons signer», déclare Habib Sidinou, qui est plus que jamais satisfait de la gestion du club.

Fini le désamour, les gradins du stade Adrar vibrent de nouveau

Le lendemain matin, nous bénéficions d’un «Pass» exceptionnel pour assister à la dernière séance d’entraînement avant le match HUSA-WAC, dans l’une des annexes du grand stade. L’ambiance est plutôt décontractée entre les joueurs, qui étaient répartis en deux équipes pour un mini-match. Le coach Gamondi, lui, est tantôt ferme, lorsqu’il s’agit de recadrer un joueur en manque de concentration, tantôt amical, allant jusqu’à distribuer des billets de 200 DH pour un coup franc direct réussi, un penalty arrêté par le portier ou un but marqué en situation difficile. «Il est toujours comme ça, à alterner le sérieux et les moments de décontraction. Ces promesses de récompenses, il les tient toujours. J’ai rarement vu un entraîneur assumer sa fonction avec autant de dévouement et aussi proches de ses joueurs», assure Hassan Ghassoub, responsable du département de communication du HUSA.
Le directeur du stade Adrar, Hicham Allouli, nous rejoint ensuite pour assister à une partie de la séance. Double champion du Maroc avec le HUSA, ce diplômé de l’ISCAE regrette que le stade soit boudé par les fans, malgré les résultats du club cette saison, tout en justifiant le manque d’affluence : «Lors des cinq premiers matchs disputés ici, on ne recevait pas moins de 25.000 fans par match. Malheureusement, après une rencontre face au KACM, certains pseudo-supporters ont vandalisé les lieux ainsi que plusieurs véhicules. Nous avons déboursé 300.000 DH pour réparer les dégâts. Depuis cet incident, les gens ne viennent plus aussi massivement.»
Toutefois, à l’occasion de la soirée du lundi 25 décembre, les gradins seront enfin réinvestis par un public estimé à 20.000 supporters. La phase aller presque parfaite des protégés de Gamondi a fini par ramener les fidèles du HUSA dans leur fief, des retrouvailles qui seront fêtées par une victoire face au champion d’Afrique, le WAC, par 1 but à zéro. «Depuis le début de la saison, les agents de l’ordre étaient plus nombreux que les spectateurs. Je crois que maintenant, avec un soutien aussi fervent, le HUSA est bien parti pour tenir tête aux grands de la Botola D1», nous souffle l’un des supporters du Hassania, toujours exalté par la victoire. 
 

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