Plus de 60 ans de carrière où elle a pu avancer en toute liberté, avec audace et beaucoup d’ambition. Dans son témoignage, le réalisateur Thierry Frémaux n’a pas tari d’éloges à l'endroit de cette grande dame, en précisant qu’«il faut savoir remercier les artistes comme Agnès qui nous a enchantés avec ses films, ses mots et ses sujets. Cet hommage que lui rend le FIFM, c’est pour dire combien nous l’aimons et la remercions».
Question à Agnès Varda, photographe, réalisatrice et plasticienne
«L’essentiel dans le cinéma est de savoir de quoi on parle et à qui on parle»
Que savez-vous du Festival international du film de Marrakech ?
Je suis déjà venue au Festival de Marrakech. Mais moi j’ai connu le Maroc avant le festival et j’ai pu montrer mes films à Rabat et dans d’autres villes où j’ai eu l’occasion de rencontrer le public marocain.À quel public s'adressent vos films ?
Ce sont les cinéphiles en particulier qui aiment mes productions, parce que je n’ai jamais eu de succès commercial. J’ai plutôt fait des films qui ont touché une catégorie de gens qui pensent que le cinéma a du sens.Qu’est-ce que cela vous fait d’avoir un hommage dans ce grand festival ?
On me rend beaucoup d’hommages, peut-être parce que je suis vieille. Peut-être, aussi, parce que mes films sont connus, même s’ils n’ont pas rapporté de l’argent. Je suis une force vivante du cinéma. Cela me fait grandement plaisir.Est-ce le cas de votre film avec JR ?
On a fait un film documentaire «Visages, villages» où nous sommes allés à la rencontre des Français, dans les villages, chez des gens qui n’ont pas l’habitude de parler, pour voir comment ils vivent leur quotidien qu’on a filmé avec beauté et amour.Vous êtes photographe, actrice, scénariste, vous avez fait des courts et des longs métrages, des documentaires, des installations… Comment conciliez-vous entre ces différentes disciplines que vous pratiquez ?
Je ne concilie rien. J’exprime ce que je ressens avec les moyens du bord. Parfois, je me trouve dans un lieu, je fais une installation. Je trouve un peu d’argent, je fais un film documentaire. Ma fille Rosalie aussi m’aide à réaliser mes projets.
Peut-on parler d’un cinéma féministe ?
J’ai toujours été féministe, pour la lutte des femmes pour avoir le droit de choisir les naissances, de s’exprimer, de faire les métiers qu’elles souhaitent. Par exemple, au Maroc, je suis contente de voir des réalisatrices marocaines qui ont du talent et qui se battent pour le cinéma.Comment étaient vos débuts dans ce domaine ?
Comme tout le monde, il est dur de trouver l’argent ou de faire un cinéma radical. Mais ce n’est pas dur d’être une femme. C’est dur de faire du cinéma original. Il y a des hommes qui ont le même problème que moi. Si on est femme, on a des valeurs à défendre et des combats à soutenir. L’essentiel est de savoir de quoi on parle et à qui on parle.Vos projets d’avenir ?
Je suis en train de finir un documentaire qui est une longue conférence.