Ankara fait les yeux doux à l’Afrique

L’Afrique attise toutes les convoitises. Elle est souvent qualifiée de continent de l’avenir en raison des énormes potentialités qu’elle recèle. Elle est en pleine croissance économique, alors que l’économie mondiale est en berne. Elle dispose de niches d’investissement encore vierges, contient un marché de plus de 1,2 milliard d'habitants et possède des gisements immenses de matières premières. Elle est donc la partenaire idéale pour pas mal d’États puissants. C’est ce qui explique d’ailleurs la multiplication des  sommets tels que ceux UE-Afrique, Chine-Afrique, Asie-Afrique et Inde-Afrique. Et la liste est longue.
Dans ce cadre, la Turquie n’est pas en reste. Elle a mis en place une stratégie pour s’ouvrir sur les pays africains et a développé davantage ses relations économiques et diplomatiques dans cette direction. C’est dans ce contexte qu’Ankara a lancé, en 2016, le premier Forum économique et d’affaires Afrique-Turquie, baptisé DEIK. La deuxième édition de ce forum a démarré mardi à Istanbul, en grande pompe, en présence du Président de la République, Recep Tayyip Erdogan, le Président de l’Éthiopie, Mulatu Teshome, le premier ministre du Rwanda, Edouard Nigerente, des représentants de la Commission de l’Union africaine, les Chambres de commerce africaines… 
Lors de l’ouverture de cette manifestation, qui a eu lieu sous le slogan «Investir dans un avenir durable ensemble : la Turquie et l’Afrique», le Président turc a mis en avant tous les efforts entrepris par son pays pour améliorer les échanges commerciaux et les relations diplomatiques avec l’Afrique. Il a parlé de plus de 1.500 projets menés en Afrique, des investissements directs étrangers de l’ordre de 6,2 milliards dollars, plus de cinq mille étudiants africains accueillis en Turquie, des accords de libre-échange, des crédits consentis, des ambassades dans une quarantaine de pays africains... Mieux encore, il a saisi cette occasion pour proposer que les échanges commerciaux avec les pays africains se fassent, désormais, en monnaie locale pour ne plus rester otage des devises étrangères. Il n’a pas hésité au passage à tacler certains pays occidentaux qui exploitent, selon lui, les richesses des pays africains.
Côté marocain, des opérateurs ont tenu à prendre part à ce Forum, notamment dans le cadre des échanges BtoB et GtoB. Pour eux, les relations avec l’Afrique sont stratégiques et ne cessent de se développer, d’où la nécessité d’explorer toute opportunité de les renforcer davantage. Ainsi, ils ont pris part aux différents échanges programmés dans le cadre des panels. Il s’agit tout particulièrement du panel qui a eu lieu sous le titre «Financement du commerce et des investissements en Afrique». Les participants ont admis à cette occasion que des investissements et une industrialisation accrus contribueraient à libérer le potentiel d'une croissance durable et inclusive, à créer des emplois et à réduire la pauvreté en Afrique. Pour encourager le commerce bilatéral, les joint-ventures et les investissements, il est nécessaire de créer différents instruments pour fournir des financements commerciaux et d'investissement assortis d’incitations, ont-ils proposé. Ils ont également appelé à l'identification d'approches de financement efficaces avec des incitations pour élargir les options de financement disponibles pour des projets d'infrastructure à moindre coût. Il a également été souligné l’importance de combler les lacunes en matière d’informations commerciales afin de créer davantage de possibilités commerciales.