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Les apports de la responsabilité sociale dans la chaîne de valeur de l’entreprise (2/2)

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) a pris toute sa place dans les organisations, à travers des démarches volontaires tenant compte de l’ensemble des paramètres liés à leur développement. Dans la première partie de cet entretien, nous avons pu voir les apports de la RSE dans la chaîne de valeur de l’entreprise. Dans ce second chapitre, Afafe El Amrani El Hassani, docteure chercheuse en sciences de gestion et RSE, consultante en GRH, revient sur les pratiques à mettre en place pour inscrire cette démarche dans une logique de pérennité.

Les apports de la responsabilité sociale dans la chaîne de valeur de l’entreprise (2/2)
La RSE est en réalité la déclinaison des principes du développement durable, à caractère macro-économique, en un ensemble de pratiques au sein de l’entreprise.

Éco-Conseil : Quelles sont les pratiques afférentes à la démarche RSE en entreprise ?
Afafe El Amrani El Hassani :
La RSE est en réalité la déclinaison des principes du développement durable, à caractère macroéconomique, en un ensemble de pratiques au sein de l’entreprise. Dans ce sens, le manager, en fonction de ses convictions, son degré d’engagement, la maturité de la logique RSE dans son entreprise et les moyens et budget mis à sa disposition, pourrait mettre en place une démarche RSE en la déclinant en un ensemble de pratiques économiques, légales, sociales, environnementales et sociétales.
Économiquement, le manager pourrait opter pour les achats responsables en choisissant les fournisseurs, locaux de préférence, ayant à leur tour un engagement social, optimiser et rationaliser l’utilisation des matières premières, réduire les gaspillages et baisser le taux des produits défaillants. Sur le plan légal, le manager pourrait adopter des pratiques d’affaires basées sur le respect de la loi en veillant à éviter les fausses déclarations fiscales et en refusant d’adhérer à tout système basé sur la corruption et des pratiques illicites, frauduleuses et illégales. 
Socialement, le manager dispose d’une panoplie de bonnes pratiques qui visent à augmenter le sentiment d’appartenance, la motivation et la fidélisation des collaborateurs et leur garantir un climat social de travail transparent et favorable dans le respect de la loi en vigueur et des valeurs éthiques et humaines. Ces pratiques seront, entre autres, le respect des règles et normes d’hygiène et de sécurité au travail, l’instauration d’un système d’évaluation, de mesure de la performance et de promotion basé sur l’équité et la transparence, le respect de l’égalité des chances entre les collaborateurs que ce soit au niveau de l’approche genre que de la valorisation des efforts individuels et collectifs et, enfin, l’établissement d’une charte de recrutement basée sur la transparence, la diversité et la compétence. 

Quid des autres aspects de la RSE que le manager doit prendre en compte vis-à-vis de son environnement ?
Sur le plan environnemental, le manager pourrait choisir entre un assortiment de pratiques telles que la mesure de l’impact environnemental de l’activité de son entreprise, surtout industrielle à caractère polluant, et la réduction de ses externalités sur les parties prenantes affectées, la rationalisation de la consommation d’énergie et l’instauration d’un système de lutte contre tout type de gaspillage en eau, électricité, matières premières et carburants, le basculement vers l’utilisation des énergies renouvelables, vertes ou propres, la mise en place d’un processus de réduction, recyclage et valorisation des déchets, la sensibilisation des collaborateurs pour adopter des attitudes capables de réduire le gaspillage du papier, des fournitures et de l’électricité aux bureaux. Au niveau sociétal, enfin, le manager pourrait commencer par des pratiques plus abordables en favorisant l’insertion des jeunes, en contribuant au développement socioéconomique de sa région, en participant à des actions à caractère social et solidaire, en soutenant les populations défavorisées et en respectant toutes les conditions d’une entreprise citoyenne bien intégrée dans son environnement socio-économico-culturel.

Quelle démarche pour instaurer cet engagement vis-à-vis des différentes parties prenantes ?
L’engagement de l’entreprise dans la voie de la RSE est une décision très importante qui demande, de la part du manager, une longue réflexion et une réelle volonté de convertir son activité d’une activité capitaliste, sauvage et dépourvue de toute considération humaine, humaniste et humanitaire, vers une activité verte et responsable où l’intérêt conjugué de toutes les parties prenantes est prioritaire et où l’économique rime bien avec le social. Plusieurs managers l’ont compris et formalisent même leur engagement par la certification et la labellisation telles que le label RSE de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). 
Le manager, soucieux de faire réussir cette expérience humaine et managériale, devrait commencer par sensibiliser l’ensemble de ses collaborateurs et les fédérer vers la réalisation d’un objectif commun à savoir l’intégration des principes de la RSE dans le mode de fonctionnement, voire la culture globale de l’entreprise. Il doit alors montrer l’intérêt de cette orientation à ses collaborateurs, les former, les aider et les encadrer dans cette démarche. Il doit établir une charte RSE qui définit, explique et communique les valeurs de l’entreprise et les axes autour desquels elle bâtit sa stratégie RSE à l’ensemble des parties prenantes internes et externes. Il doit surtout commencer par instaurer les pratiques les plus simples, n’exigeant pas un investissement humain et matériel élevé, ne conduisant pas à un changement organisationnel et comportemental considérable et ayant un impact et retour sur investissement plus visible et facilement détectable par l’ensemble des parties prenantes en général et les collaborateurs, amenés à fournir plus d’efforts et à subir plus de changements dans leurs habitudes et façons de faire, en particulier.
Le chemin pour le manager pour rendre son entreprise socialement responsable peut, certes, s’avérer long, périlleux et onéreux, mais les coûts de l’indifférence et le non-engagement dans cette voie peuvent être désastreux et menacer l’existence même de l’entreprise. 

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