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Le business florissant de la construction durable

La construction durable a de beaux jours devant elle et le Morocco Green Building Council (MGBC) y croit. Cette plateforme active depuis 2009 fédère aujourd’hui une trentaine de membres, issus de différents corps de métiers de la construction. Wiam Samir, présidente de la branche marocaine de ce réseau, présent dans 70 pays, nous livre les enjeux et les opportunités du marché de la construction durable au Maroc. Elle est par ailleurs directrice du Projet construction durable chez Alto Eko.

Le business florissant de la construction durable
Selon Wiam Samir, la certification coûte environ 1% des projets et la plupart des solutions utilisées sont amorties dans les 5 ans.

Le Matin-Éco : Le réseau marocain de l’aménagement, du bâtiment et de l’immobilier durables a aujourd'hui 10 ans, mais reste très discret. Quels sont ses enjeux ?
Wiam Samir :
Le Morocco Green Building Council est, depuis 2009, la branche marocaine du World Green Building Council. C'est un réseau mondial de plus de 70 pays aspirant à promouvoir la construction durable et la contribution des bâtiments et des villes à la résolution des problèmes liés aux changements climatiques. Le MGBC a pour objectif de promouvoir les connaissances et pratiques en construction durable tout en jouant un rôle d’accélérateur du changement pour le secteur de la construction au Maroc. 
Ses membres se mobilisent autour d'actions comme assurer la veille, relayer l’information, convaincre, fédérer, encourager, accompagner et benchmarker pour pousser le marché et les pratiques vers une construction plus durable et respectueuse de l'environnement.

Qui sont vos membres et comment évolue votre réseau depuis sa création ?
Notre réseau est une plateforme d’échanges, lieu de synthèse et de lobbying. Il réunit toutes les composantes du secteur : associations, fédérations professionnelles, investisseurs, entreprises de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre, constructeurs, industriels, experts et exploitants des bâtiments résidentiels et tertiaires.
MGBC est donc le rassemblement de tous les professionnels et experts autour de la construction durable. D’ailleurs, l’atteinte de nos objectifs communs ne pourra se faire sans la contribution de chacun. Les membres du MGBC sont déterminés à mettre en lumière les bonnes initiatives marocaines dans ce domaine.
Aujourd’hui, on fédère environ une trentaine de membres, tous issus de différents corps de métiers de la construction : promoteurs immobiliers, architectes, fournisseurs de matériaux et bureaux d’études.
Le MGBC relaye également la position marocaine à l’international, notamment au sein du MENA Regional Network du World GBC. Le MGBC a également établi un partage d’expérience avec le France GBC et le MENA GBC.
Aujourd’hui, notre position d’association professionnelle experte dans la construction durable prend de plus en plus d’ampleur puisque nous avons des contacts réguliers avec les ministères de l’Urbanisme, de l'Habitat et de l'Environnement et l’Alliance globale du bâtiment et de la construction (GABC) lancée lors de la COP 21, afin de réfléchir aux évolutions et transformations du marché du bâtiment marocain.

Quel est le réel intérêt de la certification environnementale dans le bâtiment ? 
La certification environnementale est une démarche volontaire ; elle transcrit l'engagement de l'équipe projet dans les sujets environnementaux. Au-delà de la communication, la certification permet un gain réel sur les factures d'eau et énergie. Les solutions mises en place protègent l'environnement et améliorent la diversité, mais permettent également d'augmenter le confort et la productivité au sein des bâtiments. Nous passons 90% de notre vie dans des bâtisses, il faut donc bien les concevoir pour éviter leurs impacts négatifs sur notre santé.

Mais la certification a un coût...
Les coûts varient d'une certification à une autre et dépendent de la taille du projet. En général, la certification ne dépasse pas 1% du montant du projet et les solutions et avantages qu'elle apporte permettent des économies dépassant les coûts d'investissement. La plupart des solutions mises en place dans le cadre d'une certification sont amorties dans les 5 ans, ce qui est dérisoire sur la durée de vie d'un bâtiment dépassant les 60 ans.

Qu'en est-il des intervenants ?
Les principaux organismes de certification intervenant au Maroc aujourd'hui sont le Cerway pour la certification HQE (Haute Qualité environnementale), le BRE pour la BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method), le GBCI pour le LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) et le EDGE (Excellence in Design for Greater Efficiencies). Cette dernière certification vient de faire son entrée au Maroc. Elle a été lancée par la Société financière international, le bras de la Banque mondiale pour le secteur privé. Le EDGE permet d'avoir des exigences et un process facilité et des coûts dérisoires pour les pays en voie de développement afin de vulgariser les pratiques de construction durable.

Comment les matériaux de construction ont-ils leur importance dans 
la construction durable ?

Les matériaux sont les ingrédients pour la construction d'un bâtiment, leurs enjeux sont divers et variés. Tout d'abord, l'accent est mis sur leur disponibilité et leurs impacts environnementaux sur toute la durée de vie des bâtiments. Il faut s'assurer de la pérennité des ressources pour la demande en construction croissante à travers certaines pratiques comme l'utilisation de bois provenant de forêts bien gérées, tout en évaluant le compromis entre le choix des matériaux et leurs futurs impacts : émissions de CO2, démontabilité, recyclage... 
Ainsi, des études d'analyse de cLa certification environnementale dans la construction est donc appelée à prospérer ?

ycle de vie sont réalisées afin d'étudier les impacts des différents matériaux et orienter le choix des décideurs vers les fournisseurs responsables. 

La construction durable a effectivement de beaux jours devant elle. Depuis la COP 22 à Marrakech, la population marocaine est de plus en plus sensible aux sujets environnementaux et à l'importance de la construction dans la question environnementale. La certification est de plus en plus demandée et l'offre variée. En analysant comment la certification a évolué dans les pays européens et américains, nous ne pouvons que nous assurer qu'elle va de plus en plus augmenter avec une montée en compétences des différents acteurs. 

 Comment se comporte ce marché en Afrique ?
La certification environnementale est une tendance mondiale. Certains pays sont pionniers et les autres suivent pour tirer au plus haut les pratiques et les règlementations locales. Ce marché est en forte croissance au Moyen-Orient, surtout pour les certifications anglo-saxonnes. En tout cas, nous ne pouvons que confirmer l'engagement des différents pays dans le sens du développement et de l'innovation. En effet, depuis plus d'une année, nous parlons d'une démarche de «Net Zero Carbon» allant dans le sens du respect de l'Accord de Paris de la COP 21. 
Quant à l'Afrique, les Green Building Councils sont aussi engagés et de plus en plus nombreux. Avec l'Afrique du Sud en tant que modèle, l'ensemble des pays africains développe les offres en certification environnementale et les bâtiments certifiés se multiplient d'une manière exponentielle. 


Propos recueillis par Ilham Lamrani Amine

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