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«Changer de travail et, parfois même, de métier est une initiative qui se prépare»

«Changer de travail et, parfois même, de métier est une initiative qui se prépare»

Éco-Emploi : Quels sont les signes alarmants pour changer de travail ?

Malgorzata Saadani :
Je pense que pour chaque personne la motivation de cette décision sera un peu différente, en fonction de ce qui est important dans sa carrière, de sa situation personnelle et aussi en fonction des changements qui surviennent au niveau de l’entreprise elle-même. Dans le premier cas de figure, les deux phénomènes sont prédominants : le burn-out provoquant le stress extrême et le rust-out qui à l’inverse donne la sensation d’ennui et de piétinement, ce qui est une véritable frustration pour quelqu’un d’ambitieux et travailleur.

En ce qui concerne la situation personnelle, la décision de changer de job se place dans un contexte plus large, notamment lié à la situation familiale et financière. Si la personne est le seul pourvoyeur de revenu de toute une famille et ne dispose pas de ressources autres que son salaire, elle agira avec beaucoup de précautions. Dans ce cas, la stabilité personnelle sera souvent privilégiée par rapport à ses ambitions et son accomplissement personnel. Enfin, il reste le facteur de l’entreprise, de son organisation interne et des gens qui en 

font partie, à savoir la culture d’entreprise, les collègues, la hiérarchie et les profils des contacts extérieurs (clients, fournisseurs, sous-traitants, administration). Au-delà d’une mauvaise gestion globale, parfois il suffit de changer de chef, d’équipe ou de se faire confier un portefeuille clients ingérables pour qu'il ressente un fort besoin de quitter son travail, tant cela peut devenir pénible notamment lorsqu’il s’agit des situations de harcèlement moral qualifié. D’après moi, c’est le signe le plus alarmant de tous, parce que s’il est ignoré, il peut mener à des situations dramatiques du point de vue santé.

La recherche passive est-elle un signe annonciateur du désir de quitter  son travail ?

Pas nécessairement. À mon avis, c’est un signe d’écoute d’opportunités en mode veille, ce qui est une habitude saine, indépendamment de la volonté immédiate de changer de travail. Lorsque la personne est prête à relever les nouveaux défis et s’il est possible de le faire au sein de l’entreprise qui l’accueille actuellement, ça serait parfait et pour le collaborateur, et pour la structure. 

Le premier gagne en continuité et en sécurité, tout en valorisant ses acquis, la seconde gagne en fidélité et fait grandir son capital humain. La conscience d’avoir atteint ce point dans sa carrière est le moment privilégié pour faire un bilan de compétences personnel et pour la promotion en interne, et pas nécessairement de quitter l’entreprise. Ainsi, aborder calmement les différentes possibilités nous place dans une position avantageuse dans cette négociation.

Le désir de partir émerge parfois d'une simple période «down». Est-il conseillé de prendre ce genre de décision dans ces conditions ? Sinon comment faire face à cette période ?

En sachant que l’idéal n’existe pas, il faut absolument dédramatiser la situation et la voir d’un œil le plus objectif possible et sous tous les angles. Cette période d’insatisfaction est souvent un déclencheur d’action très bénéfique quoiqu’éprouvant, faut-il encore avoir la lucidité de voir les avantages et les inconvénients dans les deux situations : rester ou partir.  Et surtout, se projeter dans l’avenir à court, moyen et long terme. Souvent, c’est précisément pendant cette période de doute qu’on fait appel à un coach professionnel qui accompagne la personne dans l’exploration des possibilités.

Il est des fois où tout prête à nous faire quitter notre job, mais on n'ose pas franchir le pas. Comment dépasser ses craintes ?

Comme je viens de le dire, changer de travail et parfois même de métier est une initiative qui se prépare. Pour le faire avec succès, il faut prendre le temps pour réfléchir et trouver des alternatives viables. 

Aussi, il est très important d’avoir le soutien bienveillant dans sa vie personnelle : celui du conjoint, des parents ou des amis. En plus, nous ne sommes pas tous pareils dans notre rapport au changement. 

Il y a des gens qui le voient comme un challenge palpitant, pendant que les autres en sont carrément pétrifiés de peur.

Comment mettre toutes les chances de son côté pour réussir le changement, une fois la décision prise ?

1. Prendre les décisions importantes la tête froide, sans excès émotionnel.

2. Bien préparer le terrain pour «après» et pour «au cas où» (plan B).

3. Demander conseil auprès des personnes de confiance et expérimentées, tout en étant conscient que ça sera notre décision qui impactera notre vie, pas celle d’un conseiller.

3. Ne pas brûler les ponts derrière soi en sachant que la vraie classe de l’Homme se voit au style de ses adieux.

Et puis, le plus important : admettre que nous ne pouvons pas tout prévoir et tout maîtriser, que les situations sont dynamiques et que même les échecs peuvent s’avérer finalement bénéfiques. En un mot : garder sa foi et son optimisme.

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