Afin de résorber le déficit cumulé en logements, le Maroc a fortement investi, depuis le milieu des années 1990, dans l’amélioration de l’offre avec des chantiers phares à finalité sociale visant l’amélioration des conditions de vie des populations, particulièrement celles défavorisées: les programmes de 200.000 unités sociales, «Villes Sans Bidonvilles», l’habitat à Faible Valeur Immobilière, le logement social à 250.000DH, les villes nouvelles, la mise à niveau urbaine.
Dans le même ordre d’idées, le système financier marocain vient d’être consolidé par la création de banques participatives. Celles-ci devront permettre de diversifier la gamme des produits proposés aux agents économiques optant pour ce type de financement. Outre le financement bancaire, le secteur de l’habitat bénéficie d’autres sources de financement privé, en l’occurrence le micro crédit (auto-construction), les sociétés de financement, les coopératives d’habitation.
Selon les dernières statistiques du ministère de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, plus de 366.000 unités de logements sociaux à 250.000 dirhams ont été construites au Maroc depuis 2010, année de lancement du programme d’habitat social, et jusqu’à fin 2017.D’après la secrétaire d’État chargée de l’Habitat, Fatna El Khiyel , 277.583 familles ont bénéficié du programme national «villes sans bidons villes» depuis son lancement. Lors d’une récente intervention à la Chambre des représentants, Mme El Khiyel a ajouté que plus de 60.000 familles attendent le déménagement, notant que ce programme ambitionnait d’éradiquer les bidons villes dans 85 villes. Elle a, toutefois, noté que, jusqu’ici, seulement 59 villes sur un total de 85 villes sont déclarées sans bidons villes. La dernière étant la ville de Brouj.Mme El Khiyel a souligné que parmi les problèmes qui entravent le succès du programme, figurent la rareté et le coût élevé de l’immobilier, ce qui entraine le déplacement des familles en dehors des zones urbaines.
La secrétaire d’État a, d’autre part, expliqué que malgré le succès important du programme, il n’a pas atteint ses objectifs, pour plusieurs raisons, notamment l’écart entre le nombre des familles ciblées (270.000 familles) lors de son lancement en 2004 et le nombre des familles révélé après la mise à jour des statistiques (420.000). Il ya aussi le refus d’adhésion de la part de certaines familles, l’expansion des zones urbaines, l’accroissement naturel des familles résidant dans ces quartiers, le phénomène de division des baraques, la difficulté de répondre aux demandes des sous-familles et de modifier les critères, la rareté de l’immobilier à mobiliser et la difficulté d’accéder aux crédits bancaires.En matière d’intervention dans les quartiers non réglementaires et sous-équipés, la stratégie d’intervention est fondée sur une double démarche. La première consiste à endiguer le phénomène et le régulariser en l’intégrant comme forme d’urbanisation.La seconde repose sur une démarche préventive qui s’appuie sur un aménagement foncier ambitieux et adapté aux couches des populations clientes d’un certain type d’habitat.
Durant la période 2002-2016, ce programme a permis l’amélioration des conditions d’habiter de près de 1,3 million de ménages, et ce à travers la signature de 552 conventions nécessitant un investissement total de 13 milliards de dirhams.Toutefois, certains objectifs n’ont été atteints que partiellement et nécessitent l’engagement d’une réflexion partagée et consensuelle. Aussi, et en vue d’améliorer les efforts consentis et les faire converger avec les exigences du marché, des études et enquêtes ont été réalisées et ont démontré la nécessité de maintenir, revoir ou réorienter les chantiers entrepris : 1,5 million de demandeurs d’un logement, émergence de nouveaux types de demandes, plus de 40% de la demande orientée vers le produit social, une demande en locatif estimée à 13% et une demande de la classe moyenne de 14%. Ainsi, les programmes en cours, étant presque arrivés à terme alors que la demande en logements persiste, de nouveaux efforts sont à déployer pour garantir un marché efficient et répondre à des besoins encore latents, et ce à travers l’initiation de mesures susceptibles de redynamiser le secteur de l’habitat. Cette démarche requiert la mise en place d’une vision basée sur des actions innovantes et efficaces focalisées essentiellement sur la réponse à la question de l’abordabilité en terme de logements et la recherche d’une meilleure rentabilité sociale, la résorption et la prévention de l’habitat insalubre, la stimulation du secteur locatif, la prise en compte des aspects qualitatifs et de durabilité et l’intégration des notions de mixité sociale et le respect de l’équité spatiale y compris entre l’urbain et le rural.