Connexion
La question des inégalités se pose avec acuité à travers le monde. Les chiffres sont aujourd’hui extrêmement frappants. Au niveau international, le rapport Oxfam indique qu’en 2017, quelque 82% des richesses créées dans le monde ont bénéficié aux seuls 1% les plus riches. Une autre étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de 2014 indique que l’inégalité au sein de ses États membres a atteint un niveau record depuis 30 ans, la proportion entre le revenu des 10% les plus riches et celui des 10% les moins riches, passant de sept à près de dix fois. Même constat de l’Observatoire des inégalités (France) qui souligne que 92% des Argentins sont d’accord pour dire que les différences de revenus dans leur pays sont trop importantes, 90% en Chine, 91% en France et en Espagne, 73% en Suède, 74% en Australie, et même 65% aux États-Unis. Le Maroc ne fait pas exception face à ce phénomène.
Le suivi des indicateurs sociaux de l’Observatoire national de développement humain (ONDH) montre des déficits importants et de fortes inégalités sociales. La réduction du taux de pauvreté constaté par le Haut Commissariat au Plan (HCP) durant les deux dernières décades n’a pas empêché l’accroissement des inégalités entre les couches sociales, les territoires, le genre, et les personnes à besoins spécifiques (handicapés, personnes âgées, enfants abandonnés). Selon le même rapport d’Oxfam (2018), le Maroc possède le niveau d’inégalités le plus élevé d’Afrique du Nord, avec les 10% les plus riches ayant un niveau de vie en moyenne 12 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres.
Des transformations rapides dans le domaine économique, social et culturel conduisent nécessairement à des mutations aussi bien dans les rapports de pouvoir que dans l’accès des citoyens aux ressources, aux services et à l’information, dans l’imaginaire collectif des groupes sociaux, dans les structures familiales…
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’est penché également sur cette problématique. Selon lui, même si plus de 50% du budget de l’État est investi dans des actions sociales, il n’existe pas de stratégie nationale intégrée de lutte contre les inégalités, mais plutôt un ensemble de programmes sociaux sectoriels qui ont parmi leurs objectifs la lutte contre les inégalités. Pour décortiquer cette question et étudier ses facettes, ses conséquences, des universitaires, des responsables politiques et des acteurs de la société civile vont se réunir, les 12 et 13 février, en Assises des sciences humaines et sociales au Maroc. Organisées à l’initiative de l'Unesco et de la Commission nationale marocaine pour l'éducation, les sciences, et la culture en partenariat avec la Faculté des lettres et sciences humaines université Hassan II de Aïn Chock, Casablanca, la troisième édition de cette rencontre internationale débattra du thème «Transformations sociales et inégalités – Défis pour les droits humains ? Cette rencontre est une occasion pour identifier les voies et moyens et agir en conséquences sur les phénomènes d'inégalité. Pour rappel, les Assises des sciences sociales et humaines au Maroc ont été lancées par l'Unesco en 2017.
La première édition a été consacrée à l'état des lieux des SHS. Cette rencontre entre dans le cadre de l’engagement pris par l’Unesco pour promouvoir la place et le rôle des sciences sociales et humaines dans nos sociétés.
Elle s’inscrit également dans la droite ligne de la publication périodique par l’Unesco et le Conseil international des sciences sociales (CISS) du Rapport mondial des Sciences sociales, dont l’édition 2016 portait sur la lutte contre les inégalités.
