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Chez les taxis Uber, il y a du rififi dans l’air !

Uber Maroc n’en finit pas de faire des mécontents, même au sein de son clan. Car cette fois-ci, ce ne sont pas les taximen agacés par la concurrence qui manifestent leur dépit à l’encontre de la filiale marocaine de l’entreprise américaine. Il s’agit plutôt de «tirs amis» provenant du camp des chauffeurs-partenaires qui déplorent la baisse de niveau du prestataire dont ils se disent les premières victimes.

Chez les taxis Uber, il y a du rififi dans l’air !
Les chauffeurs des taxis recourent à différents subterfuges pour piéger leurs adversaires par exemple la création d’un compte en tant que client afin d’attirer le chauffeur Uber dans un endroit où il est attaqué. bPh. Fotolia

Les chauffeurs-partenaires de Uber Maroc n’arrivent plus à contenir leur contrariété en voyant leur marge de profits s’amenuiser suite à ce qu’ils ont appelé la politique des prix cassés adoptée par l’entreprise. Ils affirment que les tarifs des courses ont quasiment été réduits de 50% par rapport à ceux pratiqués au début du lancement des activités de la société au Maroc, sachant que cette dernière s’adjuge 25% du prix de chaque course. Mais il y a également le fait que le tarif soit le même aussi bien pour le service du jour que de la nuit. Sans oublier que le trajet parcouru par le chauffeur pour arriver jusqu’au client est à sa charge. 

«Le prix minimal d’une course à Casablanca est de 13 DH. Si on en déduit la commission de Uber, il vous reste moins de 10 DH, soit le prix d’un litre de carburant. C’est vraiment honteux ! Ça l’est encore plus quand vous devez transporter 4 personnes, soit moins de 2,50 DH chacun !», explique A.K., un jeune trentenaire, chauffeur Uber depuis mars 2017. «Ce n’est pas non plus normal que le tarif de jour et de nuit soit le même !», ajoute-t-il. «Uber a baissé les prix, car elle n’a rien à perdre. Tout simplement parce qu’elle n’a pas de soucis liés à la gestion d’un parc automobile», déplore A.K. «Avec ces prix cassés, le jeu n’en vaut plus la chandelle !», conclut-il. Excédés par cette situation, rapporte A.K., nombre de ses confrères ont préféré migrer chez le concurrent, Careem en l’occurrence, alors que d’autres ont choisi d’annuler les courses jugées non rentables, ce qui signifie moins de rentabilité pour Uber et moins de circulation pour les clients.
Contactée par «Le Matin», la directrice générale de Uber Maroc, Meryem Belqziz, a balayé d’un revers de la main toutes ces remarques. «Nous avons procédé à une augmentation des prix en août 2017 et avons maintenu ces prix-là depuis. Nous étudions nos prix avec soin avec nos spécialistes pricing à Dubaï et Amsterdam afin de permettre aux chauffeurs d'avoir des revenus convenables et aux passagers de pouvoir utiliser le service plus souvent. Notre objectif est d'offrir un service accessible au plus grand nombre». Pour ce qui est des tarifs jour/nuit, Meryem Belqziz répond que «partout dans le monde, Uber a un tarif identique de jour comme de nuit, qui varie en fonction de l'offre et la demande». Et d’ajouter : «les chauffeurs sont bien évidemment libres de travailler aux horaires qui leur conviennent, en journée ou pendant la nuit».
À la question concernant les départs des partenaires chez la concurrence, Meryem Belqziz a répondu que «les chauffeurs sont libres de choisir la plateforme qui leur convient le mieux», mais que «Uber leur offre de nombreux avantages : paiement fiable et régulier, courses plus nombreuses que sur d'autres plateformes, application plus ergonomique et “user friendly” que d'autres applications, bonus de parrainage des nouveaux chauffeurs avantageux…».

Les reproches des chauffeurs Uber ne s’arrêtent pas là. Ceux-ci déplorent également le manque de sécurité, étant fréquemment victimes d’agressions de la part des taxi-driver et livrés à la police en tant que transporteurs clandestins avec tout ce que cela implique comme conséquences, notamment la confiscation du véhicule et le retrait du permis pendant trois mois. Il est vrai que dans de telles situations, l’entreprise soutient ses partenaires en leur versant des indemnités, mais celles-ci ont été également revues à la baisse, à l’instar du tarif des courses.
A.K. raconte que les chauffeurs de taxis recourent à différents subterfuges pour piéger leurs adversaires par exemple la création d’un compte en tant que client afin d’attirer le chauffeur Uber dans un endroit où il est attaqué. «Quand on voit qu’il s’agit d’un compte nouvellement créé, nos soupçons se réveillent et nous procédons à une petite enquête pour essayer de savoir s’il s’agit d’un client “fiable”» ou d’une tentative de braquage. Sinon on ne prend tout simplement pas les nouveaux clients», explique-t-il. «Faute de pouvoir s’attaquer à l’entreprise, ils s’attaquent aux chauffeurs qui, comme eux, cherchent un moyen de subsistance», regrette le jeune chauffeur. Cette question de manque de sécurité ne date pas d’aujourd’hui, elle accompagne Uber depuis son installation au Maroc puisque la juridiction dans la ville n’a toujours pas été mise à jour pour suivre ce type d’innovations technologiques, notamment dans le domaine du transport. Pourtant, «Il n’y a pas de smart city sans transport via application mobile», relève à juste titre A.K.

Les remboursements pour les braquages sont également pointés du doigt, car jugés insuffisants et soumis à de nouvelles conditions qui n’étaient pas imposées auparavant. «Avant, Uber nous remboursait à raison de 900 DH par semaine pour le dépannage et l’arrêt de travail pendant 3 mois, avec un plafond de 5.000 pour voiture endommagée en plus d’un solde Uber de 300 DH par semaine pour les déplacements. Le risque en valait alors la peine. Aujourd’hui, nous n’avons par exemple droit qu’à 250 DH à condition d’avoir au moins 100 courses à notre actif. Sinon, pas de remboursement. À partir de 1.000 courses, nous empochons 500 ou 600 DH», explique le chauffeur Uber.Meryem Belqziz assure, pour sa part, qu'Uber continue à soutenir financièrement ses partenaires pour les braquages et souligne que l’entreprise a «un budget à respecter». De manière générale, les chauffeurs-partenaires de Uber parlent d’une baisse de niveau qui ne fait pas honneur à l’entreprise. «Les prestations de la société doivent garder le niveau et les prix des courses doivent correspondre à la qualité de l’offre fournie par les Uber qui diffèrent de celle des taxis traditionnels».  
Dans le même ordre d’idées, A.K. s’insurge contre la différence jugée inadéquate entre les tarifs des deux gammes de services offerts par l’entreprise, à savoir UberX et Uber Select. Ce dernier qui met à la disposition des clients des véhicules plus grands ou plus luxueux à un tarif censé être plus élevé est à peine plus cher que le premier. «Ce n’est pas suffisant. Encore une fois, le prix doit suivre le niveau du service : il doit être plus élevé de 50% si ce n’est de 100% par rapport à l’offre basique». En réponse, Meryem Belqziz assure encore une fois que la politique tarifaire de Uber Maroc «est étudiée avec soin» et que «le service Select est, certes, un peu plus premium que UberX, mais n'a pas pour objectif d'être un service de luxe et d'être inaccessible pour les passagers».                             

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