C'est un premier signe concret de la trêve dans la guerre commerciale Pékin-Washington : la Chine a annoncé vendredi qu'elle suspendra le 1er janvier, pour trois mois, les surtaxes douanières imposées aux voitures et pièces automobiles importées des États-Unis. Cette décision montre que les relations bilatérales n'ont pas déraillé après l'arrestation début décembre au Canada, sur demande de la justice américaine, d'une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, une interpellation qui provoque la colère de Pékin.
D'autres constructeurs étrangers pourraient bénéficier de la mesure, comme BMW ou Daimler, qui ont exporté en Chine des SUV fabriqués aux États-Unis. Les exportations américaines vers la Chine ont chuté de 25% sur un an en novembre en raison des droits de douane plus élevés sur les produits «made in USA,» dont le prix rebute importateurs et consommateurs.
L'arrestation à Vancouver le 1er décembre de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, avait jeté une ombre persistante ces derniers jours sur les négociations commerciales entre Pékin et Washington. La justice américaine soupçonne Mme Meng de complicité de fraude pour contourner les sanctions américaines contre l'Iran et exige son extradition aux États-Unis. Elle a été libérée sous caution mardi, mais doit rester sous étroite surveillance à Vancouver. Deux Canadiens sont par ailleurs détenus par les autorités chinoises depuis lundi. Ils sont soupçonnés d'avoir mené des activités ayant «menacé la sécurité nationale». De nombreux experts estiment qu'il s'agit d'une mesure de rétorsion après l'arrestation de Meng Wanzhou.La suspension des droits de douane punitifs annoncée vendredi par la Chine montre toutefois que les négociations se poursuivent pour tenter de résoudre les différends commerciaux. Pékin s'était d'ailleurs déclaré la veille ouvert à la venue de négociateurs américains. La Chine pourrait également annoncer prochainement d'autres mesures d'ouverture. Le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (Parlement), qui se réunira du 23 au 29 décembre, examinera notamment un projet de loi sur les investissements étrangers et un amendement à la loi sur les brevets, a annoncé vendredi l'agence officielle Chine nouvelle. L'ouverture du marché chinois et la protection de la propriété intellectuelle sont justement deux dossiers sur lesquels Washington exige de Pékin des avancées.