Clôture de la 11e édition du Forum MeDays par l’adoption de la Déclaration de Tanger

Les travaux de la 11e édition du Forum MeDays, qui ont démarré mercredi 7 novembre, ont pris fin samedi dernier par l’adoption, comme chaque année, de «la Déclaration de Tanger». Un document qui synthétise les idées et discussions qui ont eu lieu pendant quatre jours de débats et d’ateliers de réflexion sur les enjeux internationaux, à travers une trentaine de thématiques internationales et régionales relatives au développement et la paix... La déclaration finale de ce Forum a ainsi émis des recommandations, mis en reliefs des situations à changer, lancé des appels, fait des propositions, salué des initiatives et condamné des dépassements.
En premier lieu, les participants au Forum ont salué l’initiative du Maroc consistant à tendre la main à l’Algérie en vue de normaliser les relations entre les deux pays. «Considérant les développements internationaux les plus récents et susceptibles d’avoir un impact sur les pays africains et de la Méditerranée ainsi que le récent discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI célébrant l’anniversaire de la Marche verte, les participants saluent l’initiative du Maroc de proposer la création d’un mécanisme bilatéral de dialogue entre le Maroc et l’Algérie afin de résoudre les problèmes qui continuent de nuire à la relation entre ces deux pays frères, et à la coopération dans la région nord-ouest-africaine. Cette initiative du Souverain marocain trace une perspective complémentaire aux engagements internationaux du Maroc, notamment sa demande d’adhésion à la Cédéao, qui a reçu l’accord de principe des Chefs d’État de la Cédéao au Sommet de Monrovia», soulignent les participants au tout début de la Déclaration de Tanger.
Par ailleurs, étant donné qu’une bonne partie des débats du Forum a été consacrée au processus d’adhésion du Maroc à la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les participants ont émis sept recommandations, deux propositions et fait deux constats. Ils ont recommandé que la négociation d’adhésion prenne en compte les acquis de l’une et de l’autre partie, issus des accords avec les partenaires extérieurs, notamment ceux avec l’Union européenne. À cet effet, l’adhésion du Maroc, qui dispose d’un Statut avancé avec l’Union européenne, pourrait permettre que les pays de la Cédéao et le Maroc organisent une convergence de leurs accords respectifs avec l’UE.
Ils recommandent que l’adhésion prenne la forme d’un acte additionnel communautaire organisant la négociation et la co-convergence entre le Maroc et la Cédéao selon différents volets thématiques. Ils recommandent que le Maroc puisse prendre part pleinement aux travaux de prospective et de discussions politiques concernant l’avenir de la vision 2020 de la Cédéao et la conception d’une nouvelle vision de développement régional. Ils recommandent aussi de mettre en œuvre de nouvelles solutions de financement des infrastructures régionales d’intégration, dont les infrastructures numériques, tout en travaillant davantage sur le transfert des compétences et des technologies entre les pays africains. Ils recommandent en outre l’élaboration d’une stratégie régionale Sud-Sud de la formation professionnelle ainsi que la création d’un fonds régional pour le soutien des TPME (très petites et moyennes entreprises) de l'Afrique de l’Ouest, à mettre en place via la Banque d'investissement pour le développement de la Cédéao. Ils recommandent, en dernier lieu, la mise en œuvre d’une stratégie inclusive et durable selon l’agenda des Objectifs de développement durable 2030.
En ce qui concerne les propositions suggérées, la première porte sur une initiative visant la reconnaissance des diplômes et des compétences des différentes institutions d’enseignement régionales dans chacun des pays et renforcer les dispositifs de mobilités des professeurs et des étudiants au sein de l’Afrique de l’Ouest. La deuxième proposition consiste en la création d’un fonds d’équipement pour l’électricité renouvelable, notamment en milieu rural et semi-rural. S’agissant des deux constats, le premier souligne l’importance du travail de veille et de sensibilisation de la société civile concernant cette intégration régionale. «L’adhésion à la Cédéao est une étape importante dans le processus d’intégration africaine du Maroc. À cet effet, elle devrait être une cause nationale incluant toutes les composantes de la société civile marocaine (ONG, associations, médias, universités…)», précise la déclaration de Tanger. Le deuxième constat rappelle que le libre-échange en soi n’est pas source de croissance sans que des stratégies de développement et d’intégration industrielle régionale volontariste ne soient graduellement mises en place à l’échelle du continent et des sous-régions.
La déclaration de Tanger a comporté d’autres recommandations et appels en lien avec l’état des relations et de la coopération politique en Méditerranée, les voies à suivre pour refonder les équilibres de la relation Chine-Afrique ainsi que le potentiel de l’utilisation de la technologie et son impact sur les activités économiques, sociales, éducatives et culturelles.