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Éco-Conseil : Une personne narcissique ne peut s'investir dans aucune relation affective, comment expliquez-vous cette attitude ?
Leïla Naïm : Le narcissique n’aime pas… Il possède ! Pour lui, les gens qui l’entourent servent d’antidépresseurs, de faire-valoir, d’objets avec une utilité inscrite dans un contexte et un timing précis.
C’est un manipulateur qui séduit en adoptant la posture de la victime et en exprimant un besoin vital pour une personne (sa victime). Cette dernière se rend compte facilement et rapidement qu’elle est le centre du monde du narcissique. Ceci flatte son égo et répond surtout à son besoin à elle de se vouer à l’autre pour exister. Elle aura l’illusion de la promesse d’être aimée d’un amour parfait ! Cette étape d’idéalisation avance très rapidement et cette personne se sent vidée, vampirisée, elle se rend compte, très vite, qu’elle n’est plus le centre d’intérêt de son bourreau, le narcissique, qui, aux premières insatisfactions, détourne son attention, la délaisse et devient distant, indifférent, voire cruel. Le narcissique réussira à séduire rapidement une novelle proie. Et c’est à ce moment que l’ancienne victime/outil se voit mise au placard sans aucun état d’âme ou persécutée jusqu’à son anéantissement.
Quelles sont les causes de cette attitude ?
La principale cause est l’amour de soi. Qu’il soit en excès ou en défaillance. En effet, le développement du narcissisme, composante essentielle du psychisme, ne s’est pas accompli de façon sereine. Il existe deux formes de la pathologie narcissique : l’excès de l’amour de soi qui se caractérise par un excès dans l’égoïsme et l’indifférence totale vis-à-vis des autres et la baisse d’amour de soi qui se caractérise par une baisse totale de l’estime de soi et des blessures affectives jamais résorbées. Les deux proviennent de cette instabilité affective et dans l’amour de soi ce qui va créer des doutes sur la capacité d’être aimé et le besoin permanent d’être rassuré et d’exister dans le regard des autres. Le narcissique va, ainsi, voyager d’une relation à l’autre sur le plan professionnel et personnel, car au moment où l’autre lui reflète une image négative de lui, il le quittera pour un nouvel entourage qu’il séduira et qu’il quittera encore dès qu’il n’a plus le feed-back positif sur sa personne. Ses relations vont être rythmées par la séduction et la déception…
Le narcissisme est-il forcément un mal ?
Le narcissisme n’est pas dangereux quand il n’est pas pathologique. Il peut être, par contre, une auto-régulation de l’estime de soi. Nous naissons tous avec des besoins d’autosatisfaction très basiques au début de notre vie, mais qui s’amplifient au fur et à mesure que nos interactions psychologiques et cognitives deviennent de plus en plus complexes. L’exigence de s’aimer soi-même est essentielle pour le bien-être personnel. La situation devient complexe quand cela enferme l’individu dans l’amour de lui-même. C’est la passion pour soi-même qui est destructrice des relations humaines. Des relations affectives de qualité nécessitent un échange où chacun s’offre à l’autre ; un narcissisme sain y contribue, mais un narcissisme pathologique les détruit.
Comment se comporter avec un narcissique ?
Lorsque l’on est en contact avec un narcissique, il faudra faire en sorte d’être capable de l’identifier d’abord, cela évitera de tomber dans le piège d’être la proie idéale pour lui. Il faut également faire en sorte de déterminer ses besoins psychologiques et émotionnels. Ce que vous cherchez à retrouver dans une relation professionnelle et/ou personnelle. Cela permettra de consacrer plus de temps aux personnes qui sont susceptibles de nous apporter ce dont on a besoin et de limiter le temps passé avec le narcissique. Et enfin, faire en sorte de définir son estime de soi personnelle par d’autres moyens qu’à travers le regard du narcissique. Le meilleur conseil est celui d’éviter le narcissique, car forcément il tire vers des relations toxiques.
