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Le patronat et la société civile sénégalais plus ouverts mais demandent plus de temps

Adhésion du Maroc à la Cédéao : fondements, enjeux et perspectives communes». C'est autour de cette thématique que l'Institut Amadeus a organisé, jeudi à Dakar, une conférence à laquelle ont pris part des décideurs et des acteurs économiques et de la société civile. C'était l'occasion de dissiper certains préjugés et idées reçues sur les visées du Maroc et l'impact de son entrée dans ce groupement sur les économies de la région.

Le patronat et la société civile sénégalais plus ouverts mais demandent plus de temps
La conférence a permis à la partie sénégalaise de formuler sans équivoque et de manière dépassionnée les raisons de sa réticence concernant la démarche du Royaume visant à intégrer la Cédéao.

Écouter, échanger et expliquer afin de dissiper les appréhensions et les craintes des opérateurs économiques sénégalais quant aux répercussions de l'adhésion du Maroc à la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sur leurs intérêts. C'est l’exercice auquel s'est livrée une délégation représentant l’Institut Amadeus à travers l'organisation d'une conférence, jeudi à Dakar, en partenariat avec l'Initiative prospective agricole et rurale et en collaboration avec la Confédération générale des entreprises du Maroc. La conférence, qui a été un espace d’échange serein et de débat franc, a permis à la partie sénégalaise de formuler sans équivoque et de manière dépassionnée les raisons de sa réticence concernant la démarche du Royaume visant à intégrer la Cédéao.

Jean Antoine Diouf, directeur de l'intégration régionale au ministère de l'Intégration africaine sénégalais, a été on ne peut plus clair. «Lorsque le Maroc a annoncé la candidature, cela a suscité une passion populaire, mais cette passion était mitigée chez les acteurs économiques. Le Maroc est une puissance africaine. Il est le premier investisseur africain en Afrique de l'Ouest. Il y a eu naturellement des appréhensions», a affirmé le responsable sénégalais, précisant que des questions sur la finalité de cette adhésion et sur sa plus-value pour les deux parties ainsi que sur la place du Sénégal dans cette équation se sont posées. «C'est pourquoi la démarche de l'Institut Amadeus est salutaire. Elle engage une réflexion profonde sur un enjeu important pour notre pays», ajoute M. Diouf, soulignant que seul un débat dépassionné, profond, basé sur des propositions techniques claires et dans une logique gagnant-gagnant permettra de rassurer et de surmonter les craintes. Le président de l'Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri, n'en disconvient pas et c'est le but d'ailleurs de l'initiative d’organiser cette conférence : éclairer les zones d’ombre à travers un dialogue franc et une écoute réciproque. Pour lui, le débat est non seulement permis, mais souhaitable. «Car il permettra de répondre aux inquiétudes et aux interrogations légitimes suscitées par la demande d'adhésion du Maroc. Vu le poids économique du Maroc à l'échelle du continent, les réserves et les réticences exprimées étaient prévisibles». Toutefois, nuance le président du think tank Amadeus, il ne faut pas que les perceptions prennent le pas sur la réalité.

D'où l’importance de cette conférence qui a permis de lever certaines ambiguïtés et de tordre le cou a nombre de préjugés. «La candidature du Maroc ne procède aucunement dune volonté hégémonique et ne constitue pas une OPA sur la Cédéao, comme le laissent entendre certains», a affirmé le président de l'Institut Amadeus, pour qui l’adhésion du Royaume à la Cédéao se fera avec le Sénégal ou ne se fera pas. Ce discours clair et sincère, de même que les échanges d'ordre technique qui ont précédé cette conférence et qui ont réuni des opérateurs économiques, des représentants de la société civile ainsi que certains officiels, ont visiblement porté leurs fruits. En effet, les réticences exprimées au départ ont laissé la place à une meilleure disposition au dialogue. «J'ai été le premier à m'opposer à l'adhésion du Maroc publiquement, mais après nos discussions, j’évolue, car le Maroc dit qu'il prend le temps de discuter et que ses accords avec l'Union européenne lui ont permis d'améliorer son économie. Cela donne matière à réflexion, explique Jean-Paul Dias, ancien ministre sénégalais de l’Intégration économique africaine et ancien président du conseil des ministres de la Cédéao. La conférence aura donc servi à débroussailler un peu le terrain sénégalais devant la candidature marocaine, mais force est de préciser que le pari n'est pas encore gagné. Les aspects techniques doivent faire l'objet de profondes discussions. Un comité paritaire maroco-sénégalais de suivi et de réflexion sur le processus d'adhésion du Royaume va être mis en place afin d'examiner toutes les dimensions de ce projet dans un esprit de concertation fraternelle. À l'évidence, la candidature du Maroc inquiète moins qu'avant. Un premier verrou 
a sauté. 

Dakar, Abdelwahed Rmiche

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