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Conférence sur le thème «Barbares et civilisation : un parcours historique»

Conférence sur le thème «Barbares et civilisation : un parcours historique»
Le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, et Henry Laurens, membre du Collège de France à Paris.

L'Académie du Royaume du Maroc et le Collège de France ont organisé, mercredi soir à Rabat, une conférence sous le thème «Barbares et civilisation : un parcours historique». Initiée dans le cadre du cycle de conférences «Collège de France au Maroc», en collaboration avec l’Institut français du Maroc, cette conférence a été animée par Henry Laurens, membre du Collège de France à Paris, qui a mis l’accent sur les différents concepts de la barbarie, partant du fait que la culture occidentale européenne est «vraiment hantée par la barbarie, dans le sens où elle est présentée d’une part de façon extrêmement négative et, d’autre part, elle est considérée comme l’une des grandes sources de l’histoire de la culture occidentale».
Dans son intervention, M. Laurens, également titulaire de la Chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, a souligné que les invasions dites barbares sont à l’origine de l’Europe, d’où une ambivalence dans la culture européenne entre une valorisation des barbares et une apologie de l’Antiquité que l’on retrouve dans la querelle des anciens et des modernes. Dans ce cadre, M. Laurens a cité un arrêt de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Lyon du 19 janvier 1996, stipulant que qualifier «le crime d’acte de barbarie suppose la démonstration d’un élément matériel consistant dans la commission d’un ou plusieurs actes d’une gravité exceptionnelle qui dépasse de simples violences et occasionne à la victime une douleur ou une souffrance aiguë et d’un élément moral consistant dans la volonté de nier en la victime la dignité de la personne humaine».

Dans ce sillage, il a fait savoir que les explorations du 16e siècle ne renouvellent pas le thème de la barbarie, mais produisent celui de nouveau «sauvage», précisant qu’à partir du 17e siècle, les référents se multiplient tels qu’«anciens, modernes, sauvages et orientaux». La seconde moitié du 18e siècle voit l’émergence du concept de civilisation, qui est beaucoup plus récent que la barbarie, a relevé l’académicien, notant que le passage de l’état sauvage à celui de civilisé prend le sens global de mouvement général de progrès, aussi bien matériel que moral. Le 19e siècle, lui, apporte un autre sens, celui d’aires culturelles distinctes correspondant aux Orients des orientalistes, avant de s’étendre, au 20e siècle, aux anciens sauvages, a-t-il dit. Et d’ajouter que le germanisme, de son côté, va restaurer la notion de barbarie avant de sombrer dans l’ignominie nazie.

Pour sa part, le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a indiqué que cette conférence revêt une grande importance pour les historiens et chercheurs, notant que «la civilisation est au singulier, parce qu'au pluriel, elle n’a pas le même sens. Elle a, plutôt, le sens de cultures», car «le pluriel évoque le relativisme des valeurs». Il a, dans ce sens, fait référence à l’historien Tzvetan Todorov : «On ne peut avancer dans la voie de la civilisation sans avoir reconnu au préalable la pluralité des cultures».
Cette conférence a, notamment, été marquée par la présence du secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental, Driss Guerraoui, le haut-commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l'Armée de libération, El Mostafa El Ktiri, l’ancien secrétaire général du gouvernement, Driss Dahak, et les membres de l'Académie du Royaume du Maroc, ainsi qu’une pléiade d'historiens, de professeurs universitaires et de doctorants. Né en 1954, M. Laurens est un historien français, auteur d’ouvrages de référence sur le monde arabo-musulman. Il est agrégé d’histoire et diplômé d’arabe littéraire à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).

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