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Débats autour du traitement de l’immigration par le cinéma africain

Outre ses diverses activités, la 15e édition du Festival international du film transsaharien de Zagora a été marquée par une conférence sur la thématique de «L’immigration dans le cinéma africain». La professeure universitaire et écrivaine Frieda Ekotto, la journaliste et critique de cinéma Catherine Ruelle et le réalisateur et scénariste David Pierre Fita sont intervenus lors de cette rencontre. La modération a été assurée par Driss El Korri.

Débats autour du traitement  de l’immigration par le cinéma africain
Plusieurs auteurs, cinéastes et critiques de cinéma ont animé la conférence sur «L'immigration dans le cinéma africain». Ph.MAP

L’introduction de ce dernier a évoqué le phénomène de l’immigration, né avec l’être humain, qui lui a toujours permis d’aller vers la vie, l’histoire, franchir les frontières, puis découvrir l’autre et la multiplicité des cultures. C’est ainsi que le cinéma africain, comme moyen d’expression, s’est caractérisé par des thématiques liées à ces phénomènes d’immigration, sachant que l’Africain en a subi beaucoup.
À ce propos, Frida Ekotto a évoqué son article publié sur la mondialisation et le cinéma, où elle parlait de l’immigration Sud-Sud. «Celle du Nord est fermée de nos jours. Car les frontières ne sont ouvertes que quand on a besoin de main-d’œuvre. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est la présence des femmes qui prennent aussi les routes. On parle d’aller découvrir l’autre, mais cela finit généralement par des drames. Beaucoup de films ont évoqué ces histoires montrant les difficultés que ces femmes ont rencontrées en traversant les frontières. Car elles sont très vulnérables, surtout quand elles sont accompagnées de leurs enfants», souligne-t-elle. En effet, personne ne peut oublier les images douloureuses montrées dans le cinéma africain pour sensibiliser les jeunes. «Il faut qu’on soit nos propres maîtres et que nous prenions conscience de qui nous sommes», insiste Frieda Ekotto.
Partageant son avis, Catherine Ruelle a parlé, pour sa part, des premiers films abordant le passé colonial. C’est-à-dire quand ces pays colonisateurs ont fait venir des travailleurs pour construire les pays européens. «Ce qui a donné lieu à un conflit à propos de cette génération africaine. Puis, des films très violents qui racontent le calvaire de ces immigrés. Le retour de ces immigrés en Afrique a été marqué par des films où ils abordent les effets de l’immigration sur les pays d’origine».
Le réalisateur David-Pierre Fita a, lui aussi, signalé que de nombreux cinéastes se sont penchés sur les déplacements des humains. Mais, ajoute-t-il, on oublie que l’Afrique a apporté beaucoup de choses au monde. Et maintenant, on ferme les portes devant elle. «Cette richesse permettait d’acquérir une modernité et une diversité. Aujourd’hui, on ne sait plus faire face à cette mondialisation qui nous bouffe. Il y a une volonté de montrer que notre richesse va apporter au monde quelque chose d’important à travers le cinéma». Le poète et écrivain Yassine Adnane a indiqué, en prenant la parole pour débattre du sujet, que l’image de l’immigré dans le cinéma montrait des clichés. «D’où la nécessité de productions de deuxième génération. 
Mais ce qui dérange chez ces cinéastes d’origine maghrébine, c’est qu’ils font des films conditionnés par d’autres horizons, au lieu de faire des images qui portent notre vérité. C’est la question du financement qui commande dans ces cas». À cela répond David-Pierre Fita en évoquant les coproductions Sud-Sud, mais qui arrivent un peu tard, selon lui. Le professeur en communication Mustapha Elouizi a précisé qu’avec ces films sur commande, l’Afrique perd sa souveraineté sur sa propre image, et pas uniquement à cause du financement. Mais c’est une question de sentiment d’infériorité et de culture. «Pour éviter ces stéréotypes dans le cinéma, il faut une éducation à l’image», ajoute-t-il. Toujours est-il que le cinéma demeure un moyen très dangereux qui a un grand impact sur le public. 

 

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