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Les défis du nouveau gouvernement de Theresa May

Après une année 2017 mouvementée (revers aux élections législatives anticipées qu’elle avait elle-même convoquées, des négociations sur le Brexit tendues, des démissions en cascade de ministres sur fond de scandales), la Première ministre Theresa May a remanié son équipe pour rétablir son autorité.

Les défis du nouveau gouvernement de Theresa May
D'après les analystes, 50% des personnes interrogées estiment que la Première ministre serait incapable de conclure un bon accord avec les Européens.

Selon l’avis des analystes, l’objectif de ce remaniement est de resserrer les rangs du gouvernement de Londres avant l'ouverture de négociations sur la deuxième phase du Brexit avec Bruxelles. C’est pour cette raison que Mme May a gardé les poids lourds de son équipe comme le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, le ministre des Finances, Philip Hammond, le ministre chargé du Brexit, David Davis, la ministre de l'Intérieur, Amber Rudd, et le ministre de la Défense, Gavin Williamson.
M. Brandon Lewis, 46 ans, qui occupait le poste de secrétaire d'État à l'Immigration, a été nommé président du Parti conservateur et secrétaire d'État sans portefeuille, en remplacement de Patrick McLoughlin.
Le ministre chargé de l'Irlande du Nord, James Brokenshire, qui a annoncé sa démission pour raison de santé, est remplacé par Karen Bradley, 47 ans, jusque-là secrétaire d'État à la Culture, aux médias et au sport, précise la publication.
Jeremy Hunt, que la Première ministre voulait nommer aux Entreprises, s’est accroché à la Santé, faisant plier Mme May qui l’a maintenu à son poste. Quant à la ministre de l’Éducation, Justine Greening, elle a refusé de changer de ministère et claqué la porte du gouvernement.
Pour sa part, Mme Andrea Leadsom, leader de la Chambre des communes, chargée des Relations entre les députés et l’exécutif, a été maintenue en poste, malgré le revers que les parlementaires ont récemment infligé à Theresa May.
La nouveauté la plus frappante apportée par le nouveau gouvernement est l’arrivée de David Lidington pour remplacer l’ancien vice-Premier ministre Damian Green, qui a démissionné juste avant Noël pour avoir regardé des films pornographiques sur son ordinateur de Westminster. Lidington est un fervent pro-européen, très respecté parmi les députés. Sa présence pourrait représenter un contrepoids important face aux plus eurosceptiques du cabinet.
La Première ministre a aussi voulu rajeunir son gouvernement et le diversifier. Mais, selon des données compilées par le «Daily Telegraph», le gouvernement reste presque le même : à majorité masculine (74%), blanc (95,7%), éduqué dans le privé (34,8%) puis diplômé des universités d’Oxford ou Cambridge (52,2%), d’un âge moyen de 51,1 ans et député à 45,5% d’une circonscription du sud-est de l’Angleterre, soit la région la plus riche du Royaume-Uni. «Rien n'a changé», a dit le député libéral-démocrate Alistair Carmichael. Non seulement les poids lourds du gouvernement restent en place, mais l’apport de sang neuf est très limité.
D’après certains experts, la marge de manœuvre de la Première ministre demeure limitée, car elle doit maintenir l’équilibre entre partisans d’un Brexit dur et ceux qui souhaitent que le pays reste le plus proche possible de l’Union 
européenne (UE).

C’est pourquoi elle a gardé dans son gouvernement les deux «hard brexiters» : Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, et David Davis, ministre du Brexit, qui continueront de faire face aux «pro-UE» Philip Hammond, ministre des Finances, et Amber Rudd, ministre de l’Intérieur. Mais, ce remaniement continue de susciter les critiques de la presse britannique et des adversaires de Theresa May selon lesquels la composition du nouveau gouvernement ne fait que confirmer la faiblesse de la Première ministre et son incapacité à affirmer son autorité. Ce changement intervient au moment où l'opinion publique craint l’échec des pourparlers euro-britanniques sur le Brexit, selon un dernier sondage de l'institut ORB.
D'après cette étude, 50% des personnes interrogées estiment que la Première ministre serait incapable de conclure un bon accord avec les Européens, contre 31% d'un avis contraire et 19% sans opinion sur la question. En avril dernier, quelques jours après le lancement officiel de la procédure de divorce, un sondage ORB montrait que 41% des personnes interrogées pensaient May capable de négocier un bon accord contre 35% d'un avis contraire et 24% sans opinion.
Mais, les représentants du secteur financiers, en particulier de la City de Londres, se montrent optimistes sur les chances d'obtenir une transition post-Brexit. «Il semble y avoir un consensus raisonnable à la fois du côté européen de la négociation et du côté britannique sur le fait qu'une transition est souhaitable et nécessaire», estime Jeremy Browne, représentant spécial pour l'UE de City of London Corporation. Il se dit en faveur de la mise en place d’une période de transition pour «une relation mutuellement bénéfique qui ne sera pas la même chose qu'être un État membre, mais qui sera néanmoins plus complet que ce que l'UE peut avoir avec tout autre pays dans le monde». Le gouvernement de la Première ministre, Theresa May, s'est engagé à négocier cette période de transition, qui conserverait en l'état pour deux ans maximum les relations actuelles avec l'UE. Une telle période est réclamée par le secteur financier britannique qui s’inquiète des retombées d'un Hard Brexit. Une sortie sans accord de transition signifierait pour ce secteur la perte immédiate du passeport financier qui lui permet de proposer ses services sur l'ensemble du continent depuis le Royaume-Uni.

Pour éviter les mauvaises surprises, les acteurs financiers se préparent déjà à la sortie de l'UE, prévue en mars 2019, avec la mise en place de plans d'urgence qui se traduisent par l'obtention de licence bancaire sur le continent européen et des déplacements d'activités et d'emplois.
Toutefois, le ministre britannique du Brexit, David Davis, a critiqué les mises en garde lancées par la Commission européenne aux entreprises sur les risques d'un Brexit sans accord.
«Nous sommes quelque peu surpris que le Royaume-Uni soit surpris que nous nous préparions à un cas de figure annoncé par le gouvernement britannique lui-même», a répliqué un porte-parole de la Commission européenne, en rappelant à cet égard les propos de Mme May qui avait, à maintes reprises, dit qu’un «Brexit sans accord vaut mieux qu’un mauvais accord». L'opposition travailliste a fustigé l'attitude M. Davis qui se plaint que l'UE se prépare pour un Brexit sans accord commercial, alors que Londres a consacré une enveloppe budgétaire importante pour financer des études et des préparatifs portant sur un éventuel «Hard Brexit» (sortie de l’UE sans parvenir à un accord). Ainsi, la nouvelle équipe gouvernementale de Theresa May est appelée à relever des défis énormes ayant trait au Brexit, à la situation interne du pays toujours divisé et aux prochaines législatives prévues en 2022, alors que le parti du Labour (opposition) continue de renforcer son positionnement et monter dans les sondages.            Fouzi Azzam - MAP

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