Menu
Search
Samedi 27 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 27 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Les dessous d'un éventuel retour de la CNT à la CGEM

L’éventuel retour de la CNT à la CGEM, après son départ en 2008, sonne comme un échec d’une émancipation des opérateurs touristiques. Le lobbying de la CGEM en faveur du secteur du tourisme sera-t-il plus efficace, quels sont les enjeux et prochaines étapes d’une internalisation de la Fédération du tourisme ? Le «Matin-Eco» a recueilli les avis des uns et des autres.

Les dessous d'un éventuel retour de la CNT à la CGEM

Fin avril prochain, la Confédération nationale du tourisme (CNT) tiendra son assemblée générale (AG). Elle serait la dernière si son AG venait à entériner la décision de revenir à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Une proposition qui a, d'ailleurs, reçu l’aval du conseil d’administration (CA) de la CNT le 16 mars. «Rien n’est encore joué», déclare au «Matin-Éco» Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), puisque «les membres qui devront voter lors de l’AG ne sont pas les mêmes que ceux du CA», avance-t-il. Si Zelmat est optimiste quant à un retournement de situation, le président de la CNT, Abdellatif Kabbaj, n’est pas du même avis. «Il est fort probable que nous réintégrons la CGEM. Un changement sans aucun intérêt et qui n’apportera rien à la corporation», nous confie-t-il sur un ton amer.Une déception partagée par le vice-président de la Confédération, Fouzi Zemrani, qui crie à un échec «cuisant», selon ses dires.

n retour de la CNT à la CGEM ne serait pas sans impact sur sa gouvernance. En effet, une fédération interne de la CGEM ne bénéficie pas de cotisations et ne dispose pas d’une personnalité morale, contrairement à une fédération externe, argue Zelmat. De même, le timing de ce changement stratégique est «discutable». «La CGEM est une grande confédération. Un éventuel retour peut s’avérer bénéfique pour les professionnels, mais tout dépend de la composition de la prochaine équipe dirigeante de la CGEM qui sera dévoilée le 22 mai prochain. Le timing pose ainsi un problème dans la mesure où on ne sait pas quelles seront les priorités de la nouvelle équipe dirigeante et si les intérêts du secteur seront bien défendus», s’interroge Zemrani. Rappelons que la CNT a déjà été une fédération interne de la CGEM depuis sa création en 1995, elle l’a quitté en 2008 pour devenir la Fédération nationale du tourisme (FNT), avant de changer de statuts et de nom en 2013 pour se convertir en une confédération. La CNT est d’ailleurs toujours membre de la CGEM. Si l’externalisation de la Fédération du tourisme a été à l’époque bien accueillie par les professionnels désireux de se prendre en main, certains d’entre eux auraient failli à leur mission. Le principal point de discorde n’est autre que le financement. «Nous avons toujours buté devant le problème du non-paiement des cotisations. Le règlement intérieur dans sa partie financière avait prévu un système à la CGEM, soit une seule cotisation par entreprise qui est partagée entre les fédérations régionales, les associations et la CNT.

Certains professionnels veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils refusaient de payer leurs dus tout en étant toujours membres de la CNT. Ce qui devrait arriver arriva. Aujourd’hui, nous revenons à la case départ», regrette Zemrani. Ces cotisations sont comprises entre 5.000 et 50.000 dirhams selon la taille de l’entreprise membre. Au-delà des enjeux de ce retour au bercail, cette situation interpelle sur le niveau de maturité des instances en charge d’un secteur vital pour l’économie du pays. Le tourisme, l’un des principaux pourvoyeurs d’emploi au Maroc, patauge depuis plusieurs années dans un système de gouvernance en panne, des opérateurs désabusés et un «blackout» quant aux perspectives à moyen terme, selon Zemrani. La nouvelle feuille de route du secteur, qui sera dévoilée par la tutelle le 9 avril prochain à Agadir, secouera-t-elle enfin le cocotier et partant une opérationnalisation de la Vision 2020 ? 

Les prochaines étapes pour une internalisation de la CNT

Au cas où la CGEM accepterait sa réintégration de la Fédération du tourisme, la CNT sera dissoute. La CGEM devra par la suite réanimer la FNT qui dispose déjà de 125 membres et qui siégeront de facto dans l’assemblée constitutive de la nouvelle FNT interne. Les membres actuels de la CNT, à savoir les fédérations sectorielles, associations régionales et entreprises touristiques, si elles ne sont pas déjà membres de la CGEM, devront faire leur demande et satisfaire aux conditions d’admissions fixées par la CGEM. Cette dernière devra ensuite convoquer une assemblée générale élective, pour élire le futur président de la FNT. «Sachant que nous sommes à la veille d’une élection majeure à la CGEM, il est fort probable que tout cela ne pourra être mis en place qu’après l’élection du binôme qui prendra les rênes de la CGEM», soutient Zemrani.

Lisez nos e-Papers