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«Nous ne devons pas uniquement vénérer notre passé, il faut qu’il nous alimente et qu’il nous irrigue»

«Nous ne devons pas uniquement vénérer notre passé, il faut qu’il nous  alimente et qu’il nous irrigue»
Driss Khrouz.

Le Matin : Que vous inspire la thématique «Savoirs ancestraux» ?
Driss Khrouz :
C’est une thématique qui a été décidée par le conseil d’administration, évidemment sur proposition du management de la Fondation pour rendre hommage à toute cette dynamique enclenchée par Sa Majesté le Roi à Fès et qui s’étend à tout le Maroc, pour restaurer et redonner vie à tous les monuments historiques et à tous les espaces des Médinas pour qu'elles ne soient pas considérées comme un simple vestige du passé. Mais qu’elles expriment véritablement le cadre, le mode et le lien social qui lie l’espace à la culture et la culture à la citoyenneté des Marocains, parce qu’elles portent l’avenir à travers le présent. Cette thématique a plusieurs dimensions, notamment celles matérielle et architecturale, à travers les Medersas, les Fondouks, les ruelles, la décoration, ainsi que tout le génie de l’artisanat marocain. Mais aussi à travers les valeurs que cette Médina véhicule. C’est l’articulation que j’essaye de faire avec le président et l’équipe, entre le Forum et le festival. C’est-à-dire réfléchir sur ce que ces savoirs ancestraux nous transmettent pour construire un avenir de modernité et d’ouverture sur le monde, et ce en assimilant et en lisant notre histoire. Donc notre choix n’était pas pour vanter les mérites de notre passé, mais pour nous poser la question : comment construire notre acquis et l'articuler avec d’autres ? D’où l’ouverture sur le monde à travers la musique, la spiritualité, d’autres religions et d’autres langues.

Donc, le Forum constitue un pont entre toutes ces articulations ?
Dans le Forum, on fait appel à de grands philosophes, de grands architectes et célèbres savants pour voir la manière avec laquelle le monde peut construire un avenir meilleur en dialoguant à partir du passé qui est là. Ce passé qu’il ne faut pas seulement vénérer, il faut qu’il vive, qu’il nous alimente et qu’il nous irrigue. À travers ce Forum, nous revenons à des valeurs de liberté, de respect des religions et des personnes.

Y aura-t-il d’autres thématiques que vous pourrez exploiter à partir de la ville de Fès ?
Dans l'ensemble de mes réflexions et projets, je pars de ce qui a été fait par ceux qui m’ont précédé dans cette Fondation depuis 24 ans. C’est à partir de cela qu’on peut aller encore plus loin. C’est-à-dire comment ce festival peut accompagner l’évolution du monde à partir de Fès, tout en évoquant d’autres lieux et contrées. C’est un prétexte pédagogique pour poser de bonnes questions. Autour des politiques culturelles et de culture de la politique.

Ce passage de ce qui est artistique à ce qui est message et pensée est bien reflété dans le festival. Jusqu’à quel point cela vous importe-t-il ? 
Pour nous, l’art est une pensée qui renferme des valeurs, ainsi que le mode de vie et les relations sociales entre les citoyens, avec notre conviction que toutes les sociétés doivent être respectées, dans leur diversité. Sachant que ce qui nous réunit, ce sont les institutions, le patrimoine, l’histoire et le respect. Donc, cette relation entre ce qui est artistique et intellectuel est présente. À travers le Forum, on essaye de parcourir certaines distances, même si elles sont courtes, en se posant des questions en tant que participants, qu’on soit philosophes, musiciens, architectes ou historiens, pour voir qu’elles sont les valeurs qui continuent d’exister, celles qui se sont dégradées et qu’on doit faire revivre.

Dans quel créneau placez-vous donc ce festival ?
J’ai essayé de recentrer l’ensemble des activités, le festival et le Forum, sur le spirituel, en considérant que ce n’est pas un festival de l’événementiel, qu'il n'est pas fait pour amuser les foules, mais pour offrir au public marocain quelque chose de raffiné, parce que nous considérons que notre public comprend et celui qui ne comprend pas doit comprendre. Vous avez vu pendant le spectacle ce mélange entre le melhoun, le classique, le flamenco, la danse, l’amazigh, l’hébreu, le soufisme pour dire qu’il n’y a pas une musique meilleure qu'une autre. Il y a une chose à laquelle nous tenons, c’est le raffinement. Le spirituel n’est pas que le religieux. Nous devons être humbles et formés et nous ouvrir sur les autres, pour apprendre les uns des autres. Nous devons écouter les autres quitte à ne pas être d’accord. Car le dialogue, c’est connaitre l’autre. C’est pour cela que chaque scène présente un type de musique à part. C’est ça l’articulation du festival.

Qu’en est-il des langues choisies pour ce festival, notamment le français ?
Ce festival a une histoire et on ne peut opérer une rupture du jour au lendemain. Il a été créé pour montrer l’image du Maroc à l’étranger. Le public est majoritairement français, espagnol et italien. D’où le fait que la musique choisie soit internationale. Je souhaite que ce festival ne perde pas sa spécificité et ne s’ouvre pas uniquement dans ce qui a trait à la présentation, mais aussi dans ce qu’il porte comme expressions. Je souhaite qu’on ait la possibilité d’avoir un Marocain qui puisse nous donner un bon travail en arabe, en amazigh et pourquoi pas dans d’autres langues. 

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