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El Hajeb : un projet pilote de conservation de l’oignon

Cultivé sur une superficie de 6.000 ha, l’oignon est une culture phare de la province d’El Hajeb, mais aussi de toute la région de Fès-Meknès, principal bassin national de production de l’oignon, avec environ 11.600 ha, soit 41% de la superficie totale nationale, laquelle génère une production de près de 454.600 t, ce qui équivaut à 62% de la production nationale.

El Hajeb : un projet pilote de conservation de l’oignon

Dans la province d'El Hajeb, il semble que l’oignon ne fait point pleurer. Bien au contraire. La culture de l’oignon fait le bonheur de tout un pan de la population locale. Ici, l’on dit que presque tout le monde dans la province travaille de près ou de loin dans la culture de l’oignon. C’est dire toute l’importance de la filière. À quelques kilomètres du centre de la ville, en direction d’Ifrane, les majestueuses montagnes du Moyen Atlas se profilent au loin, richement couvertes de végétations. Les ouvriers saisonniers alignés en rang d’oignons récoltent, depuis le petit matin, cette plante-légume aux multiples vertus. Ils répètent des gestes rapides et synchronisés, dans une démarche quasi mécanique. Il faut dire qu’ils sont très demandés en ces temps-ci. Certaines saisons, tellement la demande pour la main d’œuvre est forte qu’un ouvrier saisonnier peut toucher jusqu’à 200 DH par jour. 
Selon le directeur provincial de l’agriculture à El Hajeb, Ijjou Mohamed, l’ensemble de la superficie consacrée à l’oignon est équipé en système d’irrigation goutte-à-goutte. Un équipement réalisé grâce au Fonds de développement agricole (FDA) dans le cadre du plan Maroc vert, qui a encouragé les petits et moyens producteurs à installer ce système qui permet d’économiser l’eau, mais aussi de doubler le rendement.
«Nous sommes passés d’un rendement moyen de 30 à 60 tonnes (t) par hectare (ha). C’est énorme comme gain de productivité», s’enorgueillit le jeune responsable. Dans certains bassins, des exploitations ont même atteint un rendement record de 80 t par ha. Des performances réalisées notamment grâce au savoir-faire accumulé par les agriculteurs sur le plan de la production et rendement, mais aussi au niveau de la production des semences.
En effet, ils produisent et utilisent leurs propres semences, ce qui leur permet une certaine autonomie vis-à-vis du marché extérieur et un approvisionnement assez facile en termes d’intrants agricoles. Une vraie source de fierté, dont ils ne se privent pas, d’ailleurs, de faire savoir quand l’occasion se présente. Comme c’est le cas, par exemple, lors du Festival national de l’oignon, organisé chaque année à El Hajeb par le ministère de tutelle en partenariat avec l’Association des producteurs et exportateurs de l’oignon d’El Hajeb, qui s’est déroulé en octobre dernier.

D’autres raisons expliquent également l’importance de la culture de l’oignon à El Hajeb. Il s’agit en effet d’une culture à haute valeur ajoutée, permettant une marge bénéficiaire assez importante par rapport aux autres cultures, dont les céréales et l’arboriculture fruitière.
À titre d’exemple, l’année dernière, des champs d’oignon ont été négociés à 140.000 DH l’hectare. «Des bénéfices qui se traduisent les années suivantes en termes de réinvestissement, soit pour l’acquisition de terres destinées à la production de l’oignon, soit pour la diversification des autres cultures maraichères à haute valeur ajoutée, comme les carottes», fait observer Mohammed Ijjou.
Toutefois, la culture pâtit d’un certain nombre d’insuffisances. La première d’entre elles concerne le stockage, qui reste traditionnel et qui engendre des pertes assez importantes. Selon les responsables du secteur, des études qui ont été réalisées au niveau de la zone avancent un chiffre de 30% de pertes au niveau de la province. L’autre élément qui entrave le développement de cette filière est le mode de commercialisation. Il y a une dominance des intermédiaires, ce qui signifie une migration de la marge bénéficiaire des producteurs à ces intermédiaires qui ne sont pas concernés par le développement de la filière.
Le département intervient à ce sujet au moins à deux niveaux. D’abord, la mise à niveau professionnelle. Selon la Direction provinciale de l’agriculture, nombre de coopératives ont vu ainsi le jour dans la zone, justement pour remédier aux problèmes de commercialisation et de conservation. La deuxième intervention a concerné un projet pilote de conservation de l’oignon, dont la convention a été signée en marge du dernier Salon international de l’agriculture de Meknès. Le ministère de l’Agriculture, l’ambassade des Pays-Bas au Maroc, le Groupe Crédit Agricole du Maroc et la Coopérative agricole marocaine de Meknès ont décidé d’unir leurs efforts en vue de construire une unité pédagogique de stockage moderne des oignons dans la région d’El Hajeb.

La mise en place de cette unité a vocation à être une unité de démonstration, afin non seulement d’éliminer les pertes engendrées par le stockage traditionnel, mais également de permettre au secteur de développer une dynamique de l’offre exportable. Petit à petit, le projet se concrétise. «Après l’acquisition du terrain, les appels d’offres sont en cours», fait savoir le directeur provincial de l’agriculture, qui relève qu’il va y avoir un projet d’agrégation autour de cette unité pour sensibiliser les petits producteurs sur l’existence d’un moyen technologique qui permet de conserver l’oignon, de préserver la qualité du produit et de faire bénéficier les agriculteurs de cette unité pédagogique. Ces derniers seront sensibilisés à la conservation moderne, la préservation de la qualité et les techniques de conditionnement. L’objectif escompté est que ces producteurs, petits et moyens, puissent être capables de conquérir de nouveaux marchés. 
Mourad El Khanchouli - MAP

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