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Élection d'un nouveau président de l'Assemblée, mais l'ancien refuse de partir

L'Assemblée nationale algérienne a élu mercredi son nouveau président, mais le sortant, en conflit ouvert avec la majorité parlementaire, se proclame légalement toujours en fonction, laissant craindre un possible imbroglio institutionnel. «C'est une situation délirante», déplore une constitutionnaliste algérienne.

Élection d'un nouveau président de l'Assemblée, mais l'ancien refuse de partir
Pour empêcher l'actuel président du Parlement algérien, Saïd Bouhadja, membre du FLN, d'accéder à son bureau, certains députés avaient cadenassé l'entrée principale de l'Assemblée. Ph. DR

Mouad Bouchareb, 47 ans, a été élu sans surprise président de l'Assemblée populaire nationale algérienne (APN), par 320 voix et une abstention. Il était jusqu'ici chef du groupe parlementaire du Front de libération nationale (FLN), parti du Chef de l'État Abdelaziz Bouteflika, qui détient 161 des 462 sièges à la Chambre basse. Unique candidat, il était également soutenu par les 100 députés du Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia et par ceux de deux autres partis de la majorité présidentielle. L'opposition a boycotté la séance. Le titulaire sortant du perchoir, Saïd Bouhadja, 80 ans, lui-même membre du FLN, a martelé mercredi qu'il «reste et demeure le président légal et légitime de l'APN» et dénoncé une «atteinte» à «l'État de droit», à «la séparation des pouvoirs» et au «respect des institutions». Selon la Constitution, «le président de l'APN est élu pour la durée de la législature» et aucune procédure légale de destitution n'est prévue.

Les députés de la majorité ont donc argué de «l'incapacité» de M. Bouhadja à «assurer ses fonctions, du fait de son désaccord avec les députés et son refus de démissionner» pour constater «la vacance» du poste. L'accusant notamment de «mauvaise gestion», cinq partis de la majorité, dont le FLN et le RND, réclament en vain depuis fin septembre la démission de M. Bouhadja, élu au perchoir en mai 2017 par l'APN tout juste issue des législatives. M. Ouyahia et le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, ont eux-mêmes réclamé publiquement sa démission. L'opposition a dénoncé une lutte politique entre clans du pouvoir et une atteinte aux institutions. Pour la constitutionnaliste Fatiha Benabbou, M. Bouhadja reste «légalement le président» de l'APN, car le constat de vacance «n'a pas été établi juridiquement selon les règles». «Nous risquons de nous retrouver avec deux présidents» à l'APN, «un président légal et un président de fait», craint cette professeure de droit à l'Université d'Alger, «c'est une situation délirante». Plusieurs partis d'opposition s'étaient insurgés contre le procédé, dénonçant une atteinte aux institutions. Plusieurs groupes parlementaires d'opposition avaient annoncé leur intention de boycotter la séance de mercredi. «Il est hors de question d'accepter cette démarche», a déclaré à l'AFP Athmane Mazouz, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 9 députés), dénonçant une «destitution violente». 

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