Quel rôle joue l’innovation dans l’amélioration des modes de gouvernanvce et du leadership au niveau du système éducatif en général et au niveau de l’établissement éducatif en particulier ? Telle était l’une des principales questions auxquelles a tenté de répondre la pléiade d’experts nationaux et internationaux qui a pris part mardi dernier aux travaux du Colloque scientifique qui se tient à Rabat les 9 et 10 octobre sous le thème «L’innovation éducative et la dynamique de la réforme au Maroc».
Questions à André Tricot, professeur de psychologie à l’École du professorat et de l’éducation de Toulouse
«Rendre un cours intéressant est une affaire de réflexion, de bon sens, d’imagination»
Dans votre intervention, vous avez souligné l’importance de se focaliser sur le partage des bonnes méthodes d’enseignement, plutôt que sur les solutions et les dispositifs pour améliorer la qualité de l’enseignement. Pourriez-vous développer davantage cette idée ?
Ce n’est pas une simple idée, mais la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs aux États-Unis après avoir mené une expérience de plusieurs années. Les résultats de cette expérience, qui ont d’ailleurs été publiés dans une revue spécialisée intitulée «Éducation et didactique», indiquent que la réussite d’un modèle d’enseignement ne signifie pas pour autant qu’il soit «valable» pour le généraliser sur un grand ensemble, car chaque environnement à ses spécificités. En effet, force est de reconnaître que ce qui peut fonctionner pour un certain nombre élèves peut ne pas «marcher» pour d’autres. Le plus intéressant à retenir dans cette étude est l’intérêt d’expérimenter les méthodes et démarches adoptées par les enseignants qui ont pu avoir un bon résultat et de les adapter en fonction du profil des élèves.Tous les élèves n’arrivent pas en classe avec le même état d’esprit. Si certains d’entre eux perçoivent l’intérêt de savoir et d’apprendre, d’autres arrivent en classe complètement démotivés. Comment surmonter cette difficulté ?
Rendre un cours intéressant est avant tout une affaire de réflexion, de bon sens, d’imagination et également de personnalité et d’enthousiasme de la part de l’enseignant. Il est important de motiver les élèves et de maintenir toujours vif l’intérêt de ceux qui se montrent performants. Motiver un élève, c’est le pousser à agir, voire à réagir. Dans le cadre scolaire, c’est donner aux élèves le désir de savoir et d’apprendre et au-delà les encourager à élaborer des hypothèses et à se poser des questions. On comprend donc que la responsabilité du professeur est énorme : il peut, grâce à sa façon de faire, amener plusieurs élèves à aller au-delà du simple apprentissage.Comment peut-on intégrer l’innovation dans la méthode de l’enseignement sachant que les enseignants sont tenus de respecter les programmes et les curricula ?
Je pense que la difficulté pour les enseignants en France est de se libérer des barrières qu’ils se sont imposées eux-mêmes. Il faut savoir que nous n’avons pas un inspecteur pédagogique tous les jours dans les classes. Les enseignants sont donc libres d’innover et d’adapter leurs méthodes d’enseignement au profil des élèves. Certes ces enseignants sont amenés à respecter les programmes, mais ces curricula prévoient juste des objectifs à atteindre et des recommandations générales, mais ne fixent pas les méthodes d’enseignement. C’est à l’enseignant d’innover.
