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Des experts marocains et étrangers se penchent sur l’apport de l’innovation à la transformation de l’école marocaine

Le Conseil supérieur de l’éducation et de la formation et de la recherche scientifique organise ces 9 et 10 octobre à Rabat un colloque scientifique sous le thème «L’innovation éducative et la dynamique de la réforme au Maroc». Cette rencontre, qui a connu la participation d’éminents experts et chercheurs de plusieurs pays, a été une occasion propice pour mener une réflexion collective autour d’un levier fondamental de la transformation de l’école marocaine : l’innovation. Les différents intervenants ont partagé les expériences de leurs pays respectifs dans le but de contribuer à l’élaboration d’un projet de vision stratégique en la matière.

Des experts marocains et étrangers se penchent sur l’apport  de l’innovation à la transformation de l’école marocaine
M. Azziman (à droite) a mis l’accent sur l’importance de l’encouragement de la culture de l’innovation chez l’acteur éducatif. Ph. Kartouch

Quel rôle joue l’innovation dans l’amélioration des modes de gouvernanvce et du leadership au niveau du système éducatif en général et au niveau de l’établissement éducatif en particulier ? Telle était l’une des principales questions auxquelles a tenté de répondre la pléiade d’experts nationaux et internationaux qui a pris part mardi dernier aux travaux du Colloque scientifique qui se tient à Rabat les 9 et 10 octobre sous le thème «L’innovation éducative et la dynamique de la réforme au Maroc».
Organisée à l’initiative du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, cette rencontre se fixe comme objectif, de contribuer à l’amélioration des performances de l’acte éducatif et de stimuler la recherche sur l’innovation pédagogique et éducative à travers l’échange d'idées et le partage des expériences dans le but de relever le niveau d’efficience et de rendement du système éducatif et de promouvoir les bonnes pratiques nationales et internationales en la matière. En effet, au moment où le Maroc s’emploie à mettre en œuvre une vision stratégique destinée à l’édification d’une école fondée sur les valeurs de l’équité, de la qualité et de la promotion de l’individu et de la société, dont l’un des leviers déterminants consiste dans l’encouragement de l’innovation en matière éducative, la question de la promotion de l’innovation éducative se pose avec acuité.
Pour le président du Conseil supérieur de l’éducation, Omar Azziman, la notion de l’innovation à l’école revêt une grande importance du fait de sa contribution à la dynamisation et à l’accompagnement des mutations pédagogiques et éducatives qui s’imposent à l’ensemble des acteurs engagés dans la transformation de l’école marocaine. «Le Conseil est conscient du rôle essentiel que devrait jouer l’encouragement des initiatives et des pratiques innovantes en matière d’éducation, de formation et de recherche, ainsi que leur généralisation auprès des acteurs éducatifs et des apprenants», souligne ce responsable dans un discours prononcé à l’ouverture de cette rencontre. M. Azziman a mis l’accent sur l’importance de l’encouragement de la culture de l’innovation chez l’acteur éducatif, compte tenu de l’impact direct sur la qualité des apprentissages et sur la solidité des acquis chez l’apprenant. «La culture de l’innovation permet à l’apprenant de déployer ses capacités et ses compétences en matière d’innovation et de créativité, tant au niveau de son activité cognitive que dans son comportement et ses attitudes. Ces bienfaits nous encouragent à mener une réflexion collective visant à faire éclore une vision stratégique et fonctionnelle de l’innovation pédagogique à même d’assurer la promotion continuelle de l’école, et de lui permettre ainsi de remplir pleinement les nobles missions qui sont les siennes», conclut le président du Conseil. 


Questions à André Tricot, professeur de psychologie à l’École du professorat et de l’éducation de Toulouse

«Rendre un cours intéressant est une affaire de réflexion, de bon sens, d’imagination»

Dans votre intervention, vous avez souligné l’importance de se focaliser sur le partage des bonnes méthodes d’enseignement, plutôt que sur les solutions et les dispositifs pour améliorer la qualité de l’enseignement. Pourriez-vous développer davantage cette idée ?
Ce n’est pas une simple idée, mais la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs aux États-Unis après avoir mené une expérience de plusieurs années. Les résultats de cette expérience, qui ont d’ailleurs été publiés dans une revue spécialisée intitulée «Éducation et didactique», indiquent que la réussite d’un modèle d’enseignement ne signifie pas pour autant qu’il soit «valable» pour le généraliser sur un grand ensemble, car chaque environnement à ses spécificités. En effet, force est de reconnaître que ce qui peut fonctionner pour un certain nombre élèves peut ne pas «marcher» pour d’autres. Le plus intéressant à retenir dans cette étude est l’intérêt d’expérimenter les méthodes et démarches adoptées par les enseignants qui ont pu avoir un bon résultat et de les adapter en fonction du profil des élèves.

Tous les élèves n’arrivent pas en classe avec le même état d’esprit. Si certains d’entre eux perçoivent l’intérêt de savoir et d’apprendre, d’autres arrivent en classe complètement démotivés. Comment surmonter cette difficulté ?
Rendre un cours intéressant est avant tout une affaire de réflexion, de bon sens, d’imagination et également de personnalité et d’enthousiasme de la part de l’enseignant. Il est important de motiver les élèves et de maintenir toujours vif l’intérêt de ceux qui se montrent performants. Motiver un élève, c’est le pousser à agir, voire à réagir. Dans le cadre scolaire, c’est donner aux élèves le désir de savoir et d’apprendre et au-delà les encourager à élaborer des hypothèses et à se poser des questions. On comprend donc que la responsabilité du professeur est énorme : il peut, grâce à sa façon de faire, amener plusieurs élèves à aller au-delà du simple apprentissage.

Comment peut-on intégrer l’innovation dans la méthode de l’enseignement sachant que les enseignants sont tenus de respecter les programmes et les curricula ?
Je pense que la difficulté pour les enseignants en France est de se libérer des barrières qu’ils se sont imposées eux-mêmes. Il faut savoir que nous n’avons pas un inspecteur pédagogique tous les jours dans les classes. Les enseignants sont donc libres d’innover et d’adapter leurs méthodes d’enseignement au profil des élèves. Certes ces enseignants sont amenés à respecter les programmes, mais ces curricula prévoient juste des objectifs à atteindre et des recommandations générales, mais ne fixent pas les méthodes d’enseignement. C’est à l’enseignant d’innover.

 

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