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Des experts mondiaux décortiquent à Rabat les enjeux de la paix et de la sécurité en Afrique

L’OCP Policy Center a organisé la deuxième édition de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique (APSACO). Réunissant, pendant deux jours, les 18 et 19 juin, quelque 150 personnalités représentant 20 nationalités et 30 institutions et organisations nationales et internationales, cette édition avait pour thématique «Les opérations de maintien de la paix en Afrique : réalité et défis».

Des experts mondiaux décortiquent à Rabat les enjeux  de la paix et de la sécurité en Afrique
Les débats ont permis une meilleure compréhension des enjeux liés à la gouvernance des opérations de maintien de la paix, à la protection des populations vulnérables et à l’implication de la société civile.

L’Afrique est rongée par pas moins de 90 conflits armés. De même, plus de la moitié des 14 opérations de maintien de la paix (OMP) de l’ONU à travers le monde y sont déployées. Ces chiffres, fort significatifs, ont été avancés de prime abord pour justifier toute la pertinence et l’actualité de la thématique de la conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique. Les débats ont ainsi permis de mettre l’accent sur les questions relatives à une meilleure compréhension des enjeux liés à cette question, à la gouvernance des opérations de maintien de la paix, à la protection des populations vulnérables et à l’implication de la société civile.
Pourquoi le choix d’une telle thématique, au Maroc, concernant l’Afrique ? «Le thème de cette conférence sur les opérations de maintien de la paix en Afrique n’a pas été choisi au hasard. Nous l’avons choisi d'abord par conviction que l'approche multilatérale est la seule voie qui favorise des solutions durables et efficaces aux problèmes et défis mondiaux et africains. Notre attachement à ce sujet découle également de notre volonté de participer au débat sur les OMP, car nous pensons qu'il était temps de les faire évoluer. La troisième raison et non des moindres est notre engagement à faire entendre la voix de l'Afrique», souligne Rachid El Houdaïgui, chercheur principal au sein du think tank marocain OCP Policy Center, qui a prononcé l’allocution introductive lors de cette rencontre.
Il est à rappeler que cette édition a été marquée par la participation de nombreuses personnalités, parmi elles d’anciens ministres des Affaires étrangères, des représentants spéciaux du secrétaire général des Nations unies, des commandants des forces onusiennes et africaines, des représentants de l’Union africaine (UA), des experts de l’OTAN et d’organisations régionales africaines ainsi que des chercheurs dans le domaine du maintien de la paix. On peut citer parmi ces personnalités Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet Royal, Mahamane Saleh Annadif, ancien ministre des Affaires étrangères du Tchad et chef de la Mission multidimensionnelle de stabilisation intégrée des Nations unies au Mali (Minusma), l'ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, Samuel Gahigi, chef d’équipe au sein du Département des opérations de maintien de la paix des NU en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et le général Yohannes Gebremeskel, chef de mission et commandant de la Force intérimaire de sécurité des NU pour Abyei. À cette occasion, Youssef Amrani a attiré l’attention sur la présence d’une multiplicité d’organisations non étatiques qui interviennent pour rendre plus compliquées les OMP. Il a cité à cet égard les organisations jihadistes qui menacent la stabilité : Elles «menacent la souveraineté et l’intégrité territoriale. Il y a également les faits liés à l’environnement (sécheresse, désertification...) qui menacent également la stabilité. Des éléments qui remettent en question nos capacités à gérer la paix et la sécurité en Afrique», a-t-il souligné.
Il a également attiré l’attention sur la complexité et l’amplification de certaines crises sur le continent. Il a démontré que les opérations de maintien de la paix et les réponses militaires à elles seules ne peuvent être des instruments efficaces de lutte contre l’instabilité, l’insécurité ou l’extrémisme violent. Il a appelé à ce que cela soit accompagné d’un processus politique, de réformes politiques, socio-économiques et de développement à tous les niveaux.
Youssef Amrani a considéré que «seules des actions africaines collectives, articulées autour d’une approche inclusive, partenariale et solidaire, sont à même de permettre le renforcement des capacités nationales et la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique. Pour que le continent soit au rendez-vous du développement et de l’innovation, l’Afrique est appelée à réadapter et renouveler ses institutions panafricaines, notamment l’Union africaine, à travers la réforme de son Conseil de paix et de sécurité, et ce pour une meilleure coordination des méthodes de travail et une meilleure gestion des crises sur le continent».
Pour sa part, le chef de la Minusma, Mahamane Saleh Annadif, est revenu sur le rôle que l’Afrique est appelée à jouer en matière de maintien de la paix. Il a ainsi rappelé qu’à une certaine époque, les décisions relatives aux OMP étaient prises à New York (ONU), souvent sans l’avis des Africains. Or, rappelle-t-il, depuis 2002, l’Union africaine est consultée de manière régulière. «Il y a trois acteurs qui agissent en Afrique dans le cadre des OMP. Il s’agit, au-delà des  organes de l’ONU et de l’UA, de l’Union européenne. Il y a une formalisation entre l’UE et l’UA, ce qui a participé à faciliter la paix en Afrique», soutient-il. Cependant, insiste le chef de la Minusma, il y a toujours des défis auxquels il faut faire face dans ce contexte. Il a cité tout particulièrement le défi financier, élément qui est revenu de manière récurrente lors des débats de cette rencontre. «Tant que ce problème n’est pas réglé, l’appropriation de la paix et de la sécurité ne sera pas atteinte», a-t-il lancé. Il a également appelé à questionner les modèles de développement dans les pays africains et la gouvernance qui doivent êtres favorables au maintient de la paix et de la sécurité. De même, il a mis le doigt sur les mécanismes onusiens qui doivent être revisités, notamment le Conseil de sécurité et le droit de véto qui sont les canaux à travers lesquels passent les mandats des OMP. De son côté, l’ancien ministre des Affaires étrangères espagnol Miguel Angel Moratinos a critiqué les actions menées par les Occidentaux en matière de maintien de la paix en Afrique. Il a accusé l’UE de ne pas avoir une vision stratégique ou une politique étrangère en la matière concernant l’Afrique. «Il faut un agenda réel. L’UE doit se réveiller une fois pour toutes et faire de la diplomatie étrangère de l’UE un outil dans ce sens. Le Maroc est l’exemple type du pays qui joue le rôle de trait d’union entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe», a-t-il appelé.

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